L’attention à la vulnérabilité, chemin d’humanité

Bâtir des liens, tel est l’engagement persévérant et déterminé de ceux qui s’investissent au sein d’Habitat et Humanisme, bénévoles, salariés, mécènes, donateurs et associés de ses foncières solidaires.

Ces liens ne sont pas sans créer de la fraternité. Quand cette valeur républicaine est oubliée, les fondements de notre civilisation s’altèrent. Notre constitution ne rappelle-t-elle pas que la République est une et indivisible. L’unité n’est pas seulement le fruit de ce qui nous réunit, elle est plus encore une détermination à être « un ».

Faire « un », c’est faire Société, faire Nation, ce qui suppose le respect absolu de la personne, tous les êtres naissent libres et égaux en dignité et en droits.

Si la devise républicaine est toujours sur les façades de nos bâtiments publics, elle n’est parfois qu’une façade tant les idées d’égalité et de dignité sont bafouées alors qu’elles devraient être au centre des préoccupations sociétales.

Albert Jacquard rappelle que nous sommes les liens que nous tissons. Quels sont ceux qui nous lient avec les plus fragiles. L’interrogation ne peut être évitée tant est douloureuse l’impassibilité à l’égard de ces maux qui jettent dans un abîme nos concitoyens n’ayant rien, jusqu’à ne pouvoir disposer d’un lieu décent, respectant leur intimité et par-là même leur dignité.

Pour ne pas rester à des concepts qui n’engagent pas ou peu, il est nécessaire de se décentrer pour aller là où des hommes souffrent. Accepter de voir, c’est se mettre en quête d’une recherche de réponses crédibles, brisant les situations de détresse.

Claire Fourcade, médecin, Présidente de la Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs, auteure de ce beau libre, « Journal de la fin de vie », est interrogée par un membre d’une des Commissions préparant le texte sur le soir de la vie : qui êtes-vous Madame pour oser dire qu’il existe des personnes vulnérables. La question, écrit-elle, me laisse sans voix.

Quand ceux-là mêmes qui approchent des êtres souffrants voient leurs engagements mis en cause, il est à craindre que l’idéologie ait fait un sombre travail tissant un voile sur les fragilités.

Il est plus facile de choisir ce qu’on a décidé sans prendre le risque d’entendre, de comprendre, de peur de devoir consentir à penser autrement jusqu’à faire naître une troisième voie, là où les jugements définitifs n’ont plus, ou moins de place.

La fin de vie est aussi celle que connaissent ces personnes qui, en l’absence d’un toit et les désastres qu’elle suscite, se trouvent dans une mort sociale. Comment ne pas éprouver l’urgence d’intervenir pour ne point les laisser sans soins. Un silence glacial leur est réservé.

L’omerta de la Société au regard de ce constat souligne le tragique abîme que traverse la fraternité. La mort sociale ne saurait rester sans une mobilisation dictée par le cœur et la raison, sauf à accepter une dislocation de la Société.

Il ne suffit pas de dire que la République est « une » ; elle ne l’est que si nous sommes « un » avec les plus vulnérables, là et là seulement, les cœurs s’ouvrent à cette humanité, lumière des possibles.

Bernard Devert
Juin 2025

En vue d’un projet national mobilisateur pour ouvrir sur trois années 15 000 logements vacants

La Cour des Comptes dans son rapport publié le 22 mai s’inquiète de la progression de la vacance pour atteindre 3,5 % des logements dans le parc privé.

Quand bien même les pénalités pour réduire cette inoccupation, ô combien dommageable, ont singulièrement augmenté de 80 M€ à 271 M€ entre 2017 et 2024, le phénomène structurel de cette vacance s’aggrave, pour reprendre la conclusion de la Cour des Comptes.

Si les contraintes fiscales sont peu efficaces, sans doute conviendrait-il de s’attacher à la cause première de cette inoccupation : l’obsolescence des logements.

Être propriétaire de ce patrimoine ne veut pas dire nécessairement avoir la trésorerie pour engager des travaux de remise aux normes, d’autant que nombre de ces bailleurs potentiels, parfois âgés, n’ont pas connaissance, ou peu, des efforts de l’Etat pour accompagner leurs investissements ; encore faut-il pouvoir instruire les dossiers de financement.

L’heure demande des mesures concrètes.

Nous suggérons que ces bailleurs puissent apporter l’usufruit de leur bien inoccupé à des foncières relevant de l’économie sociale et solidaire. Cet apport serait rétribué par la remise de parts sociales, éligibles aux dispositions fiscales relevant de l’IR-SIEG au même titre que les souscriptions en numéraires.

Aux fins d’éviter toute discussion quant à la valeur de l’usufruit, il serait retenu une valeur forfaitaire au titre de l’apport, 1 000 € du m² habitable en Ile-de-France et 750 € du m² dans les métropoles. Naturellement, cette mesure concerne des logements dont la réhabilitation ne s’apparente pas à une reconstruction, les investissements devant rester raisonnables de par un usufruit limité dans le temps pour faciliter l’attractivité de ce dispositif.

Les foncières solidaires supporteraient l’avance des travaux, à charge pour elles d’instruire les demandes de subventions et de financement auprès de l’ANAH pour une durée de 15 années au cours desquelles le logement après réhabilitation serait loué aux personnes exerçant des activités « dites essentielles » (aides-soignants, auxiliaires de vie, hôtellerie, jeunes accédant à l’emploi, ainsi qu’aux étudiants).

Souvenons-nous plus de 50% de personnes éligibles au DALO travaillent dans ces métiers. La crise sanitaire nous rappela combien leur engagement était primordial.

Les propriétaires verront leur bien revalorisé et bénéficieront d’une exonération de tout impôt, de charges et de primes d’assurances, les loyers venant en remboursement des travaux.

Observons que cette approche, évitant l’artificialisation des sols, promeut une mixité sociale de bon aloi et ce, en centre-ville dans les territoires tendus, de personnes souvent isolées aux ressources modestes.

Un tel dispositif met en lumière une convergence entre le respect de la propriété privée et celui du bien commun à un moment où le tissu social doit être retissé. Comment peut-il mieux l’être que par cette vigilance à l’égard de ceux privés d’un toit décent.

Cette opération soutenue par la Fondation Palladio, qui a retenu ce projet parmi 5 autres actions collectives, sera présentée le 13 juin à l’Université de la Ville de Demain.

Le défi est à la hauteur des actions à mener pour lutter contre l’indifférence s’agissant de mobiliser en trois ans, sur le plan national, 15 000 logements inoccupés. L’attente n’est pas celle d’une indignation mais d’actions concrètes.

Ensemble agissons.

Bernard Devert

Président d’Habitat et Humanisme

Mai 2025

Ce 21 mai, 30ème anniversaire d’Habitat et Humanisme Loiret

Cher-e-s Ami-e-s,

Vous avez su prendre des risques pour déloger des situations de misère mettant à mal la dignité des personnes condamnées à attendre, attendre encore, aux fins de disposer d’un toit décent.

Cette attente, parfois si longue, qu’elle détruit tout avenir, mettant à mal l’estime de soi. Les vaincus de la Société, parce que leur histoire est trop difficile, perdent parfois l’estime de l’autre. Comment ne pas comprendre.

Si vous êtes là, parfois depuis des années c’est pour être habités par ce cri du Livre de l’humanité : « et les autres » !

Ces autres ne sont pas un fardeau mais un cadeau : des frères et des sœurs.

Il y a 30 ans, l’association Habitat et Humanisme Loiret voyait le jour, forte de l’engagement de ceux considérant que l’heure était de penser autrement, non point pour dénoncer mais pour énoncer des propositions crédibles relevant d’une audace qui n’est pas sans signer l’esprit de résistance qui vous et nous rassemble.

D’aucuns ont pu juger notre mission comme une utopie ; qu’est-ce qu’une utopie, un lieu qui n’existe pas mais qui est à faire naître. Vous y êtes non seulement parvenus, mais vous avez su le faire reconnaître comme une ouverture, née de l’aventure de la solidarité ; elle ne sera jamais finie puisque précisément, elle est chemin d’infini.

Habitat et Humanisme est un Mouvement de résistance ; il ne rassemble pas des « grandes gueules », si vous me permettez et me pardonnez l’expression triviale. Il relève de cette dimension du cœur de ces femmes et de ces hommes qui ont toujours su mener, de tout temps et par tous les temps, un combat dans l’ombre et le silence pour faire tomber les situations déshumanisantes.

L’esprit de résistance traduit toujours une jeunesse du cœur. Qu’importe les années. Chacun vient avec son enthousiasme, son expérience, son désir de faire surgir plus d’humanité quand la cause – comme celle qui nous réunit ‑ mérite de se lever, permettant aux personnes vulnérables de se relever.

Vous avez été au rendez-vous et vous le demeurez parce la cause est juste, parce qu’elle est noble, parce qu’elle met à distance bien des incompréhensions, quand ce n’est pas la haine.

Cette cause que vous défendez ‑ que nous défendrons toujours ‑ est la fraternité. Certains voudraient nous faire croire que c’est un leurre. Ils n’altèreront pas ‑ bien au contraire ‑ notre volonté, non pas de réagir mais d’agir pour que le meilleur trouve sa place, sachant avec Voltaire que les absurdités répétées à l’envi blessent la pensée et le cœur.

Cette blessure, nous la connaissons. Loin de faire couler en nous du fiel, elle nous ouvre à la fragilité, induisant compréhension et compassion. Désarmés, face à la violence, nos cœurs et nos pensées sont riches de l’amitié et de la fraternité qui ne sont pas sans éclairer l’espoir, plus encore l’espérance.

Cette lumière ne nous aveugle pas ; diaphane, elle nous permet de voir, comme l’exprimait si bien le Petit Prince.

En ce jour d’anniversaire, vous avez invité des petits-princes ; ils vous ont remis leurs desseins, nous invitant à rêver ce qu’est vraiment une maison.

Comme il est bien que des cœurs d’enfants, de petits-enfants, nous invitent à nous souvenir de nos idéaux. C’est en en gardant la mémoire que nous ne les déserterons pas.

La vie est sacrée, alors ensemble devenons de sacrés acteurs pour abriter – que dis-je – pour que chaque être, quelle que soit son histoire, fut-elle difficile, puisse éprouver le soir, rentrant enfin chez soi, une certaine émotion : qui suis-je pour n’avoir pas été abandonné.

Là où le don trouve sa place, quelle que soit son expression, l’humanisme éclaire les consciences.

Joyeux anniversaire.

Bernard Devert
Mai 2025

En préparation du 40ème anniversaire d’H&H

Il y a 40 ans naissait à Lyon l’association Habitat et Humanisme. Son nom n’est pas étranger à l’histoire de la ville, Lyon l’humaniste, capitale de la résistance.

Quelle résistance ! Une attention à la financiarisation de l’économie, d’où la recherche d’une nouvelle approche, aujourd’hui reconnue sous le nom de l’économie sociale et solidaire qui fut et demeure un levier pour bâtir l’habitat de la fraternité.

Si la France est une et indivisible, reconnaissons que l’acte de construire met à mal cette unité. Ne parle-t-on pas, sans pouvoir être démentis, de quartiers perdus pour la République. Un constat qui appelle un combat permanent, celui de la mixité sociale.

Ce mot « mixité » est juste sur le plan technique, mais il ne donne pas la mesure de l’engagement : une vigilante attention à la fraternité en référence à la charte des droits de l’homme dont l’article premier rappelle que tous les êtres naissent libres et égaux en dignité et en droits.

Si le droit au logement trouve sa source dans cette charte, il y a loin entre l’esprit qui l’a fait naître et les programmes qu’elle devrait susciter. Cette prise de conscience nous tient en éveil, refusant de s’habituer à un droit bafoué pour tenter de l’habiter et le faire respecter.

Résister, ce n’est pas seulement dire non, ou encore dénoncer, mais plutôt énoncer des propositions concrètes nous conduisant à relier l’économique et le social, l’humain et l’urbain. Le tiraillement est fort entre ces deux pôles pour ne s’atténuer que si l’objectif du primat social s’impose comme ce possible à atteindre.

L’économie sociale et solidaire, dont nous sommes parmi les pionniers, traduit cette mission ; elle prend le pas, fort heureusement, sur l’idée du ruissellement, laquelle justifie trop souvent le fait de gagner plus pour atténuer les fragilités au prix d’un voile sur les iniquités.

L’envie du vivre-ensemble est désormais moins prégnante en raison d’un avenir incertain qui, sans anesthésier la question du sens, paralyse le passage vers l’autre. Le prochain est le proche dans une immédiateté que traduit bien notre Société, moins encline à s’approcher du lointain d’où des murs derrière lesquels les incompréhensions s’accumulent, parfois les haines.

La mixité sociale, toujours difficile, quand elle est mise en œuvre, lézarde ces murs. Alors, les regards changent et font changer aussi les relations. Souvenons-nous des mots du Président John F Kennedy : nous respirons tous le même air, nous chérissons tous l’avenir de nos enfants, tous nous sommes mortels.

S’approcher de cette réalité n’est pas sans susciter un humanisme incarné dans le réel. Il est étroit, disait Lamartine, ajoutant que le possible est immense. Ce possible oriente nos engagements, non pour créer un groupe, mais constituer un groupement de femmes et d’hommes, bien décidés à valoriser dans le champ non lucratif un réseau d’activité au sein duquel sont prises en compte les situations de fragilité.

L’éloge du fragile est chemin d’humanité. Là, est l’intuition fondatrice d’Habitat et Humanisme.

Aussi, ce 40ème anniversaire ne sera pas d’abord une fête, mais un moment pour remettre le chantier sur l’ouvrage, gardant à l’esprit et au cœur cette même volonté de résister, pour ne point céder au découragement ; les détresses sont trop grandes pour que nous les désertions.

Bernard Devert

Agir pour bâtir un monde plus humain

Prendre soin, c’est toujours s’approcher de ce réel que parfois nous ne voudrions pas voir. Chacun d’entre nous ne s’est-il pas un jour écrié : « ce n’est pas possible », un réel qui cogne et fait mal. Il n’est plus envisageable de reculer, il faut agir.

Le secret de l’action, dit le philosophe Alain, est de s’y mettre. Nos aînés avaient aussi cet adage de la même veine, « remettre l’ouvrage sur le métier », ô combien essentiel pour refuser la banalisation du mal qui assaille plus que nous ne le pensons. Ne s’est-elle pas installée pour constater que désormais l’absence ou l’indécence d’un logement mobilise si peu.

Les chiffres, nous les connaissons mais ils n’accrochent plus, alors qu’il s’agit de personnes en souffrance, confrontées à de graves ruptures qui, si nous n’y prenons pas garde, conduisent vers des abîmes, loin d’être étrangers à la mort sociale.

L’habitat est un bien, un droit mais aussi une protection qui, lorsqu’elle manque, met en échec ce prendre-soin si nécessaire pour se relever, en d’autres termes retrouver l’estime de soi.

Stéphane Hessel, dans son petit livre « Indignez-vous », dit que la pire des attitudes est l’indifférence ; dire je n’y peux rien, c’est perdre l’une des composantes essentielles qui fait l’humain, l’indignation ; l’engagement en est la conséquence.

Comme acteur du prendre-soin, nous avons besoin d’un soutien appuyé de votre part. Ne nous le refusez pas.

De nombreuses personnes en situation de précarité ne peuvent pas vivre la période de convalescence à l’issue de leur hospitalisation :

  • parce qu’elles n’ont pas de domicile fixe,
  • ou parce que leur domicile est inadapté à leurs conditions physiques ou psychiques,

De ce fait, les hôpitaux voient nombre de leurs lits occupés au-delà de ce qui serait nécessaire par des patients qui ne peuvent pas sortir, faute d’endroits où les orienter. Ce phénomène des « bed-blockers » est bien connu.

Aussi, mettons-nous en place, en lien avec les hôpitaux, un dispositif qui soulage à la fois les personnes convalescentes et les Services chirurgicaux.

Ce dispositif novateur n’est pas seulement onéreux, il demande un bénévolat afin que ces personnes isolées, parfois en détresses, se sentent estimées pour être visitées. Souvenons-nous reconnaître, c’est faire naître.

La réussite de ce projet impose de rechercher des logements. Vous savez notre combat pour en réduire la vacance.

Une des clés pour sortir de l’indifférence est l’attention témoignée à ceux qui sont en difficulté. Ils ne sont plus alors une statistique anonyme mais des êtres qui, reconnus, nous invitent à entrer dans des relations nouvelles. Une citoyenneté responsable s’éveille, là commence le chemin de la fraternité.

L’ouverture des cœurs, seule, permet de lutter avec efficacité pour entrevoir que la créativité ne se développe qu’en agissant. Les iniquités et les atrocités parfois qui en résultent, alors reculent.

Vivre, n’est-ce pas partager.

Bernard Devert
Mai 2025

La fraternité, un combat contre l’indifférence

Lutter contre la lèpre, cette misère qui défigure et souvent détruit la cohésion sociale est un des combats permanent d’Habitat et Humanisme.

Au fil de ses quatre décennies, l’association a évolué apprenant des personnes dont elle s’est approchée à devenir – j’ose l’expression ‑ des soignants. L’acte de bâtir se présente, davantage que par le passé, comme un acte de soin. Il s’agit de concevoir des espaces de vie facilitant la réparation des fractures sociales et des dommages qu’ils causent.

Cette réparation est liée à l’accompagnement qui s’impose pour écouter et comprendre. Que de relations, au cours de ces 40 ans, ont suscité des fraternités inattendues. Là où nous en sommes de nos engagements, sans forcer le trait, Habitat et Humanisme se révèle un « urgentiste social ».

Face à la grande fragilité, l’urgence nous mobilise refusant que des femmes, des enfants et des hommes voient leur dignité bafouée pour ne point disposer d’une hospitalité ; elle commence par un toit, singulièrement manquant. Difficile de ne pas être touchés par les désespoirs dont nous sommes témoins.

Les causes sont plurielles mais l’une d’elles, qui fait le plus de mal, est l’indifférence, cancer de l’âme.

Nos 59 associations qui participent cette année au 40ème anniversaire de la création du Mouvement se rencontrent, pas d’abord pour un moment de fête mais de reconnaissance à l’égard de ceux qui ont rendu possible l’aventure et la poursuivent. Il s’agit d’un temps de réflexion visant à désarmer ces forces qui paralysent l’acte de construction.

Ces forces font du mal. Observons combien l’opinion publique s’est habituée au constat du mal-logement, paralysée alors que des centaines de milliers de ménages ou de personnes isolées sont en attente d’un logement décent.

Quand la désespérance se tait, se prépare l’éclatement d’une Société dont les signes avant-coureurs sont déjà installés.

Aider les êtres à moins souffrir et à mieux vivre, voici la mission qui nous est impartie ; elle n’est pas étrangère à l’amitié spirituelle que le Pape François nous partagea, soulignant dans sa dernière encyclique les conséquences fraternelles et sociales qu’elles suscitent, celles-là mêmes que nous souhaitons développer.

Ensemble, nous percevons combien l’humanisme dévoile l’inacceptable. Il est essentiellement un regard, non pas habitué, mais habité par le refus de l’endormissement. Alors s’invite l’audace de rechercher ce que nous devons changer en nous-mêmes pour faire changer ce qui doit l’être. Là, commence l’idée de résistance, mot-clé du vocabulaire d’H&H.

L’esprit de résistance donne naissance à la solidarité dont vous êtes les acteurs, source de ces liens avec ceux qui n’en avaient plus ou pas ; vos mains ouvertes ont donné naissance à des lendemains inattendus, traces d’une réparation du tissu social.

Il nous faut redoubler d’efforts. Le sujet n’est pas de geindre mais de se mobiliser plus encore pour mieux répondre aux SOS que nous recevons.

A chaque fois, il faut se lever pour relever. Nous n’y parvenons pas toujours, tant s’en faut, mais nous devons au moins écouter le craquement des cœurs, là surgit aussi l’énergie pour que ne s’éteigne pas le souffle de la fraternité, lumière d’un monde plus humain.

Bernard Devert
Avril 2025