18 décembre, journée internationale des migrants

Quand la barbarie met sur les chemins de l’exil des frères exténués par les vilénies qu’ils ont dû subir, comment ne pas leur offrir une hospitalité digne de ce nom.

Habitat et Humanisme, depuis 10 années, crée des lieux d’accueil qui font naître des liens. La Société n’en mesure pas la portée. Que seraient les hôpitaux, cliniques, maisons de soins, déjà bien en crise, faute de soignants, s’ils ne bénéficiaient pas de ces femmes et de ces hommes, venus de très loin qui, marqués par la fragilité, se révèlent les plus proches de nos concitoyens confrontés au soir de leur vie.

Aussi l’association, sans faire de bruit, a créé en janvier 2023 Habitat et Humanisme Urgence. Sa mission : répondre à une demande croissante d’hébergement à destination des demandeurs d’asile et de réfugiés, mais aussi de personnes isolées et familles en grande précarité, touchées, qui plus est, par la violence.

Que de crispations à l’égard des migrants en raison de propos cyniques sans fondements, sauf le refus de l’autre, de l’étranger. La terre n’est-elle pas pour tous ; chacun doit trouver sa place mais, pour ce faire, l’heure est de résister contre ces idées perverses qui, si elles ne sont pas dénoncées pour ce qu’elles sont, un crime, peuvent conduire notre civilisation à sombrer.

En ce jour, il n’est pas indifférent de rappeler ces mots de Martin Niemöller : « on est venu chercher… je n’ai rien dit. On est venu me chercher, il n’y avait plus personne pour protester ».

Il est de ces silences coupables qui assassinent la paix, laquelle ne peut se construire que dans l’écoute de l’autre, des autres, de tous les autres.

En ouvrant la page Linkedin @Habitat et Humanisme Urgence vous découvrirez nos résidents et nos dispositifs, construits à l’écoute des Collectivités, entreprises, associations et Institutions. Certes, des essais au regard de ce qu’il faudrait entreprendre ; l’heure n’est-elle pas de les transformer.

Bernard Devert
Décembre 2024

Le bénévolat, un engagement volant au secours des plus fragiles

Jeudi 5 décembre se tient la journée mondiale du bénévolat, formidable levier du changement. Il est pour Habitat et Humanisme son « énergie » ô combien nécessaire pour réparer, mieux encore, tisser de nouvelles relations sociales.

Il est clair que sans les bénévoles, nous n’existerions pas.

Béné-vole, c’est voler au secours de ceux qui, au bout du bout, désespèrent jusqu’à se demander : « il n’y a donc personne pour entendre, personne pour comprendre ». Si, vous.

Le bénévolat, dit-on, est en crise. Il me semble qu’il est en mutation. D’aucuns, parfois, pensent que c’est prendre la place des salariés. Non, tout au contraire, il est créateur d’emplois !

Plus de 5 000 bénévoles sont investis au sein du pôle logement d’Habitat et Humanisme ; ils peuvent être fiers d’avoir concouru à la création de plus de 500 emplois salariés.

Des difficultés existent pour parvenir à une mobilisation plus importante de nouveaux bénévoles. Les causes sont nombreuses : la retraite à un âge plus tardif, l’augmentation du nombre de familles mono parentales – d’où l’intervention des grands parents se substituant parfois aux parents – enfin, la crainte que le bénévolat ne devienne une charge, exigeant un tel investissement qu’il s’apparente à une nouvelle vie professionnelle.

Le monde caritatif, s’il veut se pérenniser alors qu’il est confronté à des personnes en grande souffrance, doit parvenir à proposer des missions moins chronophages en les limitant dans la durée afin d’être plus respectueux du temps de chacun.

Un partage se dessine avec le concours du mécénat d’entreprise qui apporte d’heureux accompagnements.

La Société ne saurait se démobiliser par rapport au vivre-ensemble. Aussi lui faut-il s’attacher à un faire-ensemble, veiller à être reliés pour être liés. Les bénévoles en sont des acteurs. Leur mission traduit une double volonté :

  • faire changer ce qui peut l’être, d’où un discernement pour mieux définir les moyens à mettre en œuvre aux fins d’y parvenir,
  • partager le pouvoir d’agir. Camus a ces mots très justes : « La grandeur de l’homme est dans sa décision d’être plus fort que sa condition ».

La reconnaissance des talents ‑ qu’il s’agit de faire reconnaître ‑ ne peut faire l’économie d’actions très concrètes qui, seules, permettent un réveil et un étonnement quand la personne saisit qu’elle a plus de possibilités qu’elle ne le pensait. S’ouvrent alors d’incroyables inattendus.

Que de cadres n’ont pu faire valoir des orientations qui auraient apporté « un plus » à l’entreprise.

Le monde associatif a besoin de ces créateurs qui ouvrent de nouvelles perspectives.

L’association, espace d’innovations, n’est pas là seulement pour gérer la pauvreté, voire la misère, mais pour éradiquer l’inacceptable.

Faire du neuf, n’est-ce pas précisément ce que nous avons à entreprendre.

Un de nos enjeux actuel est de réduire la vacance des logements. Aussi avons-nous besoin de techniciens pour évaluer les travaux, mais aussi de médiateurs rencontrant les bailleurs pour les inviter à louer leur bien dans de telles conditions qu’ils participent à la noblesse du bien commun.

Bien d’autres projets, en cours, demanderaient l’accompagnement de bénévoles ; j’ose vous dire, nous avons besoin de vous.

L’horizon d’une Société s’éclaire quand elle bénéficie de veilleurs, non point pour juger, dénoncer mais énoncer des propositions concrètes en n’ayant pas peur de faire surgir des utopies. L’une d’elles n’est pas de renverser la table mais de l’agrandir pour que les plus vulnérables y trouvent place.

Retenons ces mots d’Arthur Rimbaud : « Ah, que le temps vienne où les cœurs s’éprouvent ». Cette heure est aussi celle du bénévolat ; ne la désertons pas.

Bernard Devert

5 décembre 2024

Le bénévolat, un engagement volant au secours des plus fragiles

Jeudi 5 décembre se tenait la journée mondiale du bénévolat, formidable levier du changement. Il est pour Habitat et Humanisme son « énergie » ô combien nécessaire pour réparer, mieux encore, tisser de nouvelles relations sociales.

Il est clair que sans les bénévoles, nous n’existerions pas.

Béné-vole, c’est voler au secours de ceux qui, au bout du bout, désespèrent jusqu’à se demander : « il n’y a donc personne pour entendre, personne pour comprendre ». Si, vous.

Le bénévolat, dit-on, est en crise. Il me semble qu’il est en mutation. D’aucuns, parfois, pensent que c’est prendre la place des salariés. Non, tout au contraire, il est créateur d’emplois !

Plus de 5 000 bénévoles sont investis au sein du pôle logement d’Habitat et Humanisme ; ils peuvent être fiers d’avoir concouru à la création de plus de 500 emplois salariés.

Des difficultés existent pour parvenir à une mobilisation plus importante de nouveaux bénévoles. Les causes sont nombreuses : la retraite à un âge plus tardif, l’augmentation du nombre de familles mono parentales – d’où l’intervention des grands parents se substituant parfois aux parents – enfin, la crainte que le bénévolat ne devienne une charge, exigeant un tel investissement qu’il s’apparente à une nouvelle vie professionnelle.

Le monde caritatif, s’il veut se pérenniser alors qu’il est confronté à des personnes en grande souffrance, doit parvenir à proposer des missions moins chronophages en les limitant dans la durée afin d’être plus respectueux du temps de chacun.

Un partage se dessine avec le concours du mécénat d’entreprise qui apporte d’heureux accompagnements.

La Société ne saurait se démobiliser par rapport au vivre-ensemble. Aussi lui faut-il s’attacher à un faire-ensemble, veiller à être reliés pour être liés. Les bénévoles en sont des acteurs. Leur mission traduit une double volonté :

  • faire changer ce qui peut l’être, d’où un discernement pour mieux définir les moyens à mettre en œuvre aux fins d’y parvenir,
  • partager le pouvoir d’agir. Camus a ces mots très justes : « La grandeur de l’homme est dans sa décision d’être plus fort que sa condition ».

La reconnaissance des talents ‑ qu’il s’agit de faire reconnaître ‑ ne peut faire l’économie d’actions très concrètes qui, seules, permettent un réveil et un étonnement quand la personne saisit qu’elle a plus de possibilités qu’elle ne le pensait. S’ouvrent alors d’incroyables inattendus.

Que de cadres n’ont pu faire valoir des orientations qui auraient apporté « un plus » à l’entreprise.

Le monde associatif a besoin de ces créateurs qui ouvrent de nouvelles perspectives.

L’association, espace d’innovations, n’est pas là seulement pour gérer la pauvreté, voire la misère, mais pour éradiquer l’inacceptable.

Faire du neuf, n’est-ce pas précisément ce que nous avons à entreprendre.

Un de nos enjeux actuel est de réduire la vacance des logements. Aussi avons-nous besoin de techniciens pour évaluer les travaux, mais aussi de médiateurs rencontrant les bailleurs pour les inviter à louer leur bien dans de telles conditions qu’ils participent à la noblesse du bien commun.

Bien d’autres projets, en cours, demanderaient l’accompagnement de bénévoles ; j’ose vous dire, nous avons besoin de vous.

L’horizon d’une Société s’éclaire quand elle bénéficie de veilleurs, non point pour juger, dénoncer mais énoncer des propositions concrètes en n’ayant pas peur de faire surgir des utopies. L’une d’elles n’est pas de renverser la table mais de l’agrandir pour que les plus vulnérables y trouvent place.

Retenons ces mots d’Arthur Rimbaud : « Ah, que le temps vienne où les cœurs s’éprouvent ». Cette heure est aussi celle du bénévolat ; ne la désertons pas.

Bernard Devert
5 décembre 2024

L’Avent, une aventure de fraternité

Nous entrons dans l’Avent, temps de la Promesse avec l’inouï d’une naissance, celle de l’Enfant-Dieu. Il ne s’agit pas de préparer un anniversaire, mais de vivre notre propre nativité afin de naître à ce que nous sommes appelés à devenir.

L’Enfant-Dieu n’a pas de place. Il grandira, elle lui sera refusée ; d’aucuns, ceux-là mêmes appelés à l’accueillir, veilleront à ce qu’Il ne la trouve point.

Ce noël à Bethléem sera encore difficile, terre brûlée par la violence où tant d’enfants ont trouvé la mort. Que « de Bethléem » de par le monde !

Plus de 2 000 enfants en France n’ont pas d’hébergement pour n’avoir d’autre place que la rue. Que de mamans après leur accouchement sont à la recherche d’un toit ; que de foyers en situation de vulnérabilité sont pendus à un numéro de téléphone, le 115, pour tenter de rechercher un abri qui, trop souvent, s’avère impossible.

En m’écoutant ou en me lisant, vous allez peut-être dire : nous sommes à 20 jours de Noël. Que faire ?

Noël, c’est chaque jour pour tenter de faire place à ceux qui ne l’ont pas ou plus.

La désespérance n’a pas de place dans un monde déjà suffisamment désenchanté, l’heure est celle de développer une économie de la solidarité pour qu’elle devienne une économie du soin, en d’autres termes, une économie du cœur.

Si le Divin s’est déplacé, tel est le sens de Noël, nous avons aussi, à notre tour, à nous déplacer pour aller à la rencontre des oubliés devenus si nombreux que, désormais, il est difficile de ne pas les croiser, sauf à accepter cette fermeture des cœurs, cause d’une immense cécité jusqu’à donner l’alibi de ne point voir.

Une bonne nouvelle, en cette entrée en Avent, nous venons de recevoir le permis de construire pour réaliser au sein de l’Abbaye de Belloc des logements locatifs sociaux, sans altérer les façades pour respecter la qualité du site.

Nous vous avons fait part de notre venue à Belloc, d’où parfois une interrogation : que sommes-nous venus faire sur ce haut lieu spirituel. Le projet naturellement n’était pas de faire une opération immobilière mais de faire place à ceux qui ne l’ont pas ou difficilement.

Ainsi, 22 logements seront destinés par priorité aux auxiliaires de vie et aides-soignants qui peinent à trouver un toit dans des conditions de loyer compatibles avec leurs ressources. Difficile ! Ce magnifique territoire est habité par des touristes aisés, d’où une multitude de résidences secondaires, ouvertes quelques semaines par an, et des appartements loués dans le cadre du « Airbnb ».

Quand le travail social a si peu de reconnaissance, comment s’étonner des difficultés des hôpitaux et des maisons de soins à bénéficier de la fidélité de leurs soignants.

Telle est la mission d’Habitat et Humanisme ; elle est immense, participer concrètement à une spiritualité de la fraternité.

Reliés pour être des alliés.

Noël, Présence de Celui qui naît pour nous faire naître, éveillant ce possible désir de faire quelques pas vers l’Infini. S’ouvre alors une part d’humanité. Paul Claudel nous en révèle la source parlant de l’innocence et de l’éternelle enfance de Dieu.

Bernard Devert

1er décembre 2024

Plus jamais ça !

L’attente est constamment démentie, les « Caïn » sont toujours là pour tuer leurs frères.

Notre Mouvement vit un moment de consternation avec l’assassinat d’un de ses résidents, poignardé dans le dos devant la pension de famille qu’il habitait, alors qu’il avait trouvé au sein de cette maison un lieu pour se construire, se reconstruire.

L’association Habitat et Humanisme est affectée par ce drame ; comment ne le serait-elle pas.

Sa mission est de protéger en offrant non seulement un toit à ceux qui ne l’ont pas, ou plus, mais des espaces de vie se révélant autant de lieux où l’on prend soin.

Cet assassinat est un choc pour la fraternité ; il ne restera pas impuni. Pour autant, c’est un frère qui disparaît en raison d’une violence absurde, se répétant à l’envi dans notre Société. Pas de jour où la violence se tait.

Il ne s’agit pas d’un nouveau et énième fait divers, mais d’un fait lié à la banalité du mal que nous ne saurions accepter, supporter, tant elle heurte le respect de la vie, source de notre mission.

Permettez-nous d’exprimer notre sympathie à tous ceux plongés dans la peine, les proches de cet homme, les résidents, bénévoles et salariés meurtris par ce drame ; il est aussi le nôtre.

Que d’humanité immédiatement déployée, d’attentions renouvelées, dans cette conscience partagée que, si la vie relève d’un testament parfois indéchiffrable, nous sommes appelés, tour-à-tour, à être les « gardiens de nos frères ». Telle est la valeur de notre civilisation. Il n’y a pas d’individus mais des personnes à comprendre, à aimer.

L’inacceptable de ce geste odieux, commis par ce triste et lâche meurtrier, ne doit pas nous faire sombrer dans un pessimisme délétère. L’heure est une invitation pressante à ce que notre Mouvement continue à se battre avec les armes qui sont les siennes, la générosité, la fraternité pour habiter la promesse d’un monde constamment nouveau à faire naître.

Ces quelques mots ne viendront pas cautériser la souffrance mais la partager, fut-ce maladroitement, vous priant de m’en excuser.

Samedi, je vous rejoindrai à la Maison Marie Heurtaut.

S’unir sur les valeurs de responsabilités

Si rien ne finit jamais, tout est devenir, tout est à venir, comment ne pas observer que ces mots si riches de promesses d’un monde meilleur sont démentis par le repli sur soi, refus de ces autres en situation de vulnérabilité.

Le résultat des élections américaines en est un triste signe.

La campagne électorale, dommageable pour la démocratie, fut dominée par l’indécence, l’adversaire étant considéré comme un ennemi sur lequel on tira à « boulets rouges » avec des propos absurdes, les cris l’emportant sur la réflexion et la recherche d’un discernement.

La pensée d’Alexis de Tocqueville a été singulièrement bafouée, si nous voulons bien nous rappeler qu’il considérait que le plus grand avantage de la démocratie aux États-Unis était sa capacité à promouvoir l’égalité sociale.

Une campagne dominée par la violence, à commencer par celle de l’argent. Jamais les budgets n’ont atteint de tels montants pour s’assurer le pouvoir.

Dans un tel contexte, la fragilité bafouée n’est plus perçue comme une valeur pour être entendue comme une faiblesse.

A continuer ainsi, nous allons tous vivre comme des fous, rappelait Martin Luther-King, prophète de la lutte contre la discrimination, payant de sa vie sa détermination à ce que chaque homme, quelles que soient sa culture, sa couleur, son histoire, soit reconnu dans une égale dignité.

L’heure est de rêver un autre monde, plus encore de le bâtir pour s’éloigner des facilités qui ne mènent que vers les abîmes.

L’urgence est de ramer à contre-courant afin de susciter un autre avenir que celui, si bien entretenu par des illusions d’une hyper financiarisation de l’économie, laissant croire à un ruissellement, ce leurre qui ne rejoint pas les plus fragiles, ou si peu.

L’intervention de Mme Kamala Harris à l’université Howard où elle reconnut sobrement et avec élégance sa défaite face à M Donald Trump fut brève, mais non sans hauteur de vue, soulignant avec cette allégorie que c’est lorsque le ciel est sombre que les étoiles innombrables sont visibles.

Mme Harris appela la jeunesse à ne point sombrer dans un fatalisme. Un autre monde est possible. Les commentaires des journalistes furent quelque peu dubitatifs sur les propos de la candidate ; les étudiants, tout au contraire, percevaient la confiance qu’elle leur témoignait, trace d’une lumière ; comment s’en étonner, n’est-elle pas au rendez-vous chaque fois que l’on fait appel au meilleur sommeillant en chacun.

Aucune arrogance, une reconnaissance de son échec et une conviction que les Etats-Unis ne s’égareront pas des valeurs sans lendemain.

Le sujet n’est pas seulement d’être les premiers, délaissant les plus pauvres, mais de créer des relations traduisant un effacement du tout, tout de suite, ce désir de puissance mettant à distance et dans l’indifférence ceux qui n’ont rien ou si peu.

Comment peut-on être unis dans de telles conditions.

Les dangers d’une altération de la solidarité internationale avec cette élection sont importants ; il est bien de les évaluer, il est mieux encore de se mobiliser pour une Europe unie afin que l’esprit qui l’a fait naître retrouve toute sa vigueur et plus encore que nous ne confondions pas notre cathédrale avec la somme des pierres, pour reprendre les mots de Saint-Exupéry.

Bernard Devert