A vous toutes et tous, acteurs d’humanité, belle fête en ce jour de la Toussaint

La Toussaint est une fête pour tous ceux qui prennent du temps et donnent de leur énergie pour un monde plus juste, plus humain.

Les Saints ne sont pas des héros. Loin de vouloir se placer sur le podium de la charité ils sont attentifs à ceux qui, restés au bord du chemin, voient alors des mains se tendre. Un possible s’éveille.

La mission de tous ces acteurs d’humanité, toujours discrète, offre une lumière diaphane venant secouer la torpeur d’un monde assailli par le repli sur soi et asservi par des cultures conférant aux idées de puissance une domination.

La sainteté est une bénédiction au sens étymologique du mot ; bénir, c’est vouloir du bien, finalement s’ouvrir à la spiritualité de la fraternité, l’autre n’est plus un anonyme ; il est un frère, une soeur.

Lamartine dit que l’égoïsme et la haine ont une patrie, la fraternité n’en a pas. Tous, ne vivons-nous pas sous le même soleil et la même terre, ne respirons-nous pas le même air ; tous, un jour, nous nous effacerons, les uns laisseront la trace d’une solidarité, d’autres celle d’une possession constituée de ces avoirs qui aveuglent et rendent sourds à l’écoute de la détresse.

Les Béatitudes commencent par ces mots : « Heureux, bienheureux ». Qui n’a pas fait l’expérience de cette joie de regarder l’autre non pas à partir de ce qu’il a, mais de ce qu’il est ; il s’ensuit une relation nouvelle, née de cette petite semence, la tendresse. Magnifique source de l’espérance qui, seule, permet de sortir des accablements et des défaitismes. Se dessine alors un autre paysage, pourtant dans celui-ci, que, seul, le cœur permet de voir.

La sainteté, souvent cachée, est rayonnante.

L’Apocalypse parle d’une foule immense de témoins. L’Evangile n’évoque pas les vertueux mais les artisans de paix, de justice, tous les hommes et femmes de bonne volonté, décidés à briser les finitudes, non point avec des armes, mais en acceptant de vivre désarmés.

N’est-ce pas courir tous les risques, il est pour le moins celui de l’espérance si bien écrit par le poème de Yehuda Amichaï :

L’endroit où nous avons raison ne donnera jamais naissance à des fleurs, au printemps.

L’endroit où nous avons raison est dur et piétiné comme une cour,

mais doutes et amours restaurent le monde comme une taupe, comme une charrue.

La grâce de ces mots est en creux de la réplique de Jeanne d’Arc, dans le film de Bruno Dumont : « Mon Maître, les hommes sont comme ils sont, mais il nous faut penser, nous, à ce qu’il faut que nous soyons ».

Le Royaume du cœur n’est-il pas cet appel à aller à contrecourant, plus encore à laisser courir en nous ce désir d’entrer dans une intimité qui se fait silence pour s’en tenir à ce qui est à faire : défaire ces nœuds gordiens pour libérer l’espérance.

Tout est grâce, disait Thérèse de Lisieux qui fit de sa clôture un espace infini de liberté. Son secret, aimer et se laisser aimer, ce lien existentiel qui fait exister autrement.

Bernard Devert

Octobre 2024

L’heure solidaire

L’heure solidaire, Habitat et Humanisme lui donne sa place lors du changement horaire dont la finalité est d’atténuer la nuitée des jours pour économiser l’énergie… mais pas que… Elle est aussi celle de ces heures sombres qui s’éclairent quand la solidarité se construit.

Victor Hugo, dans Les Misérables, dit qu’il suffit d’un sourire entrevu là-bas… pour que l’âme entre dans le palais des rêves.

Ces palais nous font rêver. Loin d’être des songes improbables, ils se découvrent quand s’efface le mensonge d’une fraternité exprimée du bout des lèvres. Quand l’heure de la solidarité nous étreint, alors s’embrase cette vérité existentielle qui nous fait vivre et vibrer au cœur de relations si authentiques que, soudain, naissent des complicités et mêmes des connivences.

Comment les nommer, si ce n’est par la solidarité ; puisse-t-elle ne pas nous quitter pour être fille de la fraternité.

Cette heure solidaire n’existe que si nous acceptons d’être réveillés par une certaine intranquillité jusqu’à se demander : que dois-je faire pour que ce que j’ai vu, souvent aperçu, telles des toiles de tentes dans la rue, sous les ponts, ne demeurent pas.

L’heure solidaire est l’heure du cœur qui se met à battre pour nous donner l’audace de combattre contre ces graves iniquités qui détruisent l’espoir, jusqu’à jeter des êtres dans des enfers dont la brûlure est celle de la solitude.

Cette semaine à Autun, sous l’égide de son Maire, Vincent Chauvet et de nombreux concitoyens de cette ville, petite, mais grande de par son histoire et son patrimoine, une heure solidaire s’est vécue lors de la visite de l’ancien hôpital Saint-Gabriel, en cœur de ville, au sein duquel un grand chantier s’est ouvert, auquel participe Habitat et Humanisme.

Cette solidarité témoigne d’une attention à l’histoire, à la qualité des lieux pour que, transformés, ils demeurent des liens marqués par le soin et le prendre-soin de l’autre, des autres. Si l’hôpital n’est plus, l’esprit de l’hospitalité est resté avec trois pôles : l’épicerie solidaire, cœur et santé, un service de soins à domicile et aussi à destination des aidants.

Très vite, le campus numérique trouvera également sa place et demain les étudiants, la leur, avec l’habitat inclusif et intergénérationnel sur lesquels nous sommes investis.

Au cours de cette visite des chiffres auraient pu être alignés, ce ne fut pas le cas ; personne non plus ne s’est mis en valeur à partir de ce qu’il faisait, mais tous, en revanche, étaient portés par la dimension du cœur saisissant que, sur ce lieu, se dessinait la chance d’une profonde solidarité.

Quand cette valeur devient « chantier de vie », comment s’étonner que les visites ne soient plus seulement le moment où l’on regarde, évalue ce qui a été entrepris mais le déjà-là d’une promesse dont l’adhésion transforme les relations.

Solidarité quand tu nous tiens, le temps n’est plus de se croiser, mais de se rencontrer. Tout est changé.

Bernard Devert

Octobre 2024

Ces sans toit que la misère couvre de son ombre

Les tentes de toile s’étendent dans le paysage de nos villes et plus encore dans les Métropoles où l’urbain rime avec l’inhumain dans une indifférence mettant à mal les valeurs de notre civilisation, lesquelles ne sauraient pourtant être détachées de la fraternité.

Tout a été dit ou presque avec des mots justes sans qu’ils parviennent à faire se lever les consciences pour que des portes enfin s’ouvrent à destination de ceux qui, sans bruit, espèrent que leur situation inacceptable sera enfin prise en compte.

Entre le triptyque républicain qui s’affiche dans le haut de nos bâtiments publics et la misère qui s’étale sur les trottoirs, un hiatus. L’opinion ne se serait-elle pas accoutumée.

A trop s’habituer, sombre l’urgence d’habiter cet essentiel qu’est le toit. Là où il est absent, l’exclusion s’empare des personnes leur enlevant tout avenir, les jetant dans une inique opprobre jusqu’à ne point être regardées.

Observons ce dramatique malentendu au sein de la Société. Alors que nos concitoyens ne cessent de s’interroger sur la question du sens. Si ce mot est sur toutes les lèvres, il demeure une parole incapable de faire se lever des lendemains plus humains à l’attention des plus fragiles,

Quel souci avons-nous de ceux qui restent dehors. Nous ne pouvons pas nous réfugier dans l’idée d’un ailleurs, traduisant le refus de l’hospitalité alors qu’elle est envisageable rapidement dès lors que se font jour, au cœur des villes, des milliers de lieux inoccupés, fermés, vacants.

L’heure n’est pas de dénoncer, mais d’énoncer des propositions pour faire naître des liens. Nos villes ont besoin d’entendre le Petit Prince ; il nous dirait l’aberration que 320 000 logements, de l’aveu même du Ministère du logement, sont vacants dans les villes et grandes villes.

Impossible qu’il n’y ait pas des centaines, voire des milliers de propriétaires qui acceptent d’en ouvrir les portes dans le cadre d’une relation dynamique visant la revalorisation du bien en veillant à ce que le loyer soit adapté aux ressources de ceux qui peinent à se loger.

Habitat et Humanisme via sa foncière solidaire, Entreprendre pour Humaniser la Dépendance, propose un bail à réhabilitation dont la durée est en fonction du coût des travaux et du temps nécessaire pour être remboursée des fonds propres qu’elle peut avancer pour les exécuter.

Qui n’entend pas le malaise des soignants soulignant le peu de reconnaissance sociale dont ils disposent. Ils soignent, mais ne bénéficient que de peu d’attention. La rémunération des auxiliaires de vie, des aides-soignants, alors que leurs horaires sont décalés, les obligent à se loger loin des lieux où ils s’investissent, d’où des temps de transports qui ne font qu’aggraver la pénibilité de leur engagement.

Qui peut rester sourd au fait qu’un étudiant sur cinq a des conditions de vie inacceptables pour devoir supporter des loyers décorrélés de leurs ressources, d’où un reste pour vivre qui n’est pas sans affecter leur santé.

Oui, levons les yeux et voyons ces logements qui, sans lumière et pour cause, mettent dans l’ombre ceux qui pourtant éclairent nos vies par leurs soins ou encore par leurs études, se préparant à prendre la relève.

S’associer à ce programme, c’est participer à des liens qui, rejetant l’absurde, offrent une sagesse dont chacun pressent l’urgente nécessité.

Bernard Devert

Octobre 2024

L’entraide en attente d’une plus grande attention de l’économie sociale et solidaire

Notre Société traverse bien des difficultés qui, sur le plan médiatique, sont reprises constamment. Inutile de les rappeler. Il en est une qui mériterait plus d’attention pour concerner les ruptures, voire les déchirures du tissu social ; d’un côté, ceux qui concourent à la vie de la Société bénéficient d’une responsabilité et de l’autre, ceux en perte d’autonomie s’interrogent sur leur avenir jusqu’à se demander : « quelle place peut être la nôtre ».

Il nous faut veiller au fait que la pauvreté n’est pas seulement monétaire ; elle a bien des aspects : l’absence de reconnaissance, la mise à distance dont le logement est un des syndromes, bien nommé lorsqu’il est question des quartiers perdus pour la République et naturellement l’isolement aux conséquences dévastatrices pour ne point être étranger à bien des addictions, parfois des violences.

Autant de situations qui font que l’avenir est sombre, d’où un désespoir plus profond qu’imaginé ou pensé.

L’urgence est de reconstruire des signes de fraternité qui, lorsqu’ils trouvent place, interrogent inévitablement les iniquités et par voie de conséquence la liberté qui n’est jamais indifférente à la dignité.

Il m’est agréable de vous partager les mots de Suzanne, une personne qui, au soir d’une vie très longue pour être centenaire, regarde avec lucidité l’avenir ; elle voit bien ce qui le détruit pour les plus fragiles, mais aussi l’audace et l’enthousiasme que nous devons habiter pour changer ce qui doit l’être.

L’écriture est tremblante, mais elle ne tremble pas sur le fait que notre Société ne crée pas les fondations donnant une chance à l’équité. Elle accompagne sa parole d’un chèque pour investir dans le champ de l’économie solidaire, convaincue que cette forme d’économie porte en elle les germes d’une formidable fraternité.

Pourquoi donc, me dit-elle, êtes-vous si timide pour ne pas parvenir à mobiliser des centaines de milliers de personnes, voire plus, qui accepteraient d’investir dans vos foncières, justes quant à leur finalité mais insuffisamment efficientes faute de pouvoir drainer une épargne en capacité de changer la donne.

Ces mots que vous écoutez sur des ondes ou dans des espaces qui s’ouvrent sur ce supplément d’âme ne peuvent pas vous laisser indifférents. Suzanne a raison, il faut aller plus loin pour que ces entreprises à mission – l’expression n’est pas un hasard – soient au cœur de ces lieux où l’on souffre pour offrir des liens qui permettent d’en sortir.

L’investissement au sein d’Entreprendre pour Humaniser la Dépendance, le nom de l’entreprise signe son objet social, est porté par un peu plus de 5 000 personnes qui ont permis la création de résidences autonomie, de maisons médicalisées pour nos grands aînés en souffrance physique, psychique et sociale, mais aussi en offrant des logements à des soignants pour les rapprocher des hôpitaux et des maisons de soins, ainsi qu’à des étudiants sachant qu’actuellement un sur cinq se prive de repas pour supporter des loyers inadaptés aux ressources.

La part a une valeur de 20 € ; la souscription peut être multipliée en fonction de ses possibilités, sachant que l’Etat, ce qui est juste, offre une réduction d’impôts sur le revenu dans la limite d’un plafonnement de 10 000 € par an et par foyer.

Imaginons que 1 000, 10 000, 100 000 nouvelles personnes concourent à cette économie qui embrasse cœur et rigueur, alors c’est un nouveau souffle qui se fait jour pour lutter contre les discriminations et rejeter les détresses.

Cette promesse est réalisable dès lors que nous acceptons de poser sur autrui un regard pacifié qui fait de lui un cadeau plutôt qu’un fardeau, pour reprendre les mots du poète Francine Carrillo.

N’hésitez pas à me joindre : b.devert@habitat-humanisme.org

Investir solidaire dans la Foncière Entreprendre pour Humaniser la Dépendance

La Semaine Bleue, 7 jours d’une attention plus grande à nos grands aînés, une chance pour tous.

La Semaine Bleue, en référence sans doute à cette couleur, symbole de la sagesse et de la plénitude, s’est ouverte il y a 72 ans à l’attention des personnes âgées en situation de grande fragilité sociale. Il s’agissait alors d’une quête sur la voie publique qui a heureusement évolué vers une prise de conscience de l’enjeu sociétal majeur que représente le vieillissement.

Rappelons que d’ici 2050 – c’est demain – la France comptera près de 5 millions de personnes âgées de plus de 85 ans contre 2 millions aujourd’hui.

Vivre, c’est accepter de vieillir ! Encore faut-il se préparer au vieillissement qui commence très tôt ; il impose une vigilance quant à l’hygiène de vie au sein de laquelle l’alimentation a sa part, l’activité sportive en a une autre et naturellement les conditions de vie sociales qui concourent au respect et à la dignité de la personne.

Le vieillissement touche le plus grand nombre et si chacun n’a pas la même possibilité de le vivre de façon pacifiée, tous, nous pouvons et devons agir davantage pour que reculent la dépendance et la solitude.

Il s’agit d’un combat permanent qui n’est pas étranger à la fraternité, observant combien le grand âge en souligne tristement l’absence, pour le moins l’insuffisance.

Saluons la place de la jeunesse dans ce combat en s’investissant, via le soutien de l’Agence du Service Civique Solidarité Seniors, dans les maisons médicalisées. Que de passerelles ainsi créées avec la Cité et que de liens tissés dans cette différence des âges se révélant une magnifique et noble ouverture.

La dépendance n’est pas une fatalité ; elle est un risque, susceptible d’être largement atténué par les politiques de prévention qu’il convient de saluer ; elles mobilisent plutôt les classes sociales privilégiées, d’où une disparité importante quant à l’espérance de vie, environ 10 années entre les personnes les plus aisées et celles confrontées à la fragilité.

Quant à la solitude, elle est consécutive aux ruptures ravageuses des liens. Un cancer social dont les métastases plongent dans des angoisses et dans une perte d’estime de soi et des autres. Qui n’a pas entendu nos grands aînés se demander : « pourquoi suis-je encore là ». La vie, alors, est habitée par un vide et un sentiment d’inutilité.

Quels traitements pour éloigner ce malaise et ce mal-être.

Nos sociétés se pensent à travers des relations qui peinent à se concevoir dans une transversalité des âges et des conditions sociales, d’où une multiplicité de cercles fermés mettant à distance l’altérité, alors qu’elle est source de vie.

Les politiques de santé et celles de l’habitat doivent impérativement se rapprocher. Il est grand temps de concevoir l’acte de bâtir comme un acte de soins et du prendre-soin sans lesquels aucun lien ne se tisse durablement.

Être vraiment humain, c’est constamment inventer le présent.

Or, que d’aînés disent avec amertume et dépit : ce monde n’est plus le mien. Je n’ai plus de place. Le présent s’éteint et le futur s’enfuit.

Fort heureusement, se réalisent des programmes qui n’existaient pas hier, tels l’habitat inclusif et les résidences autonomie. Une avancée judicieuse qui ne s’ouvre cependant pas assez sur la mixité des âges, laquelle exige le développement de résidences intergénérationnelles venant lézarder ces deux murs que sont dépendance et solitude.

La place des Ehpad fait l’objet d’une pertinente recherche en vue de créer des centres de ressources des soins facilitant ceux à domicile, voire l’hébergement temporaire quand la personne a besoin d’une veille attentive sans que pour autant sa santé exige une entrée définitive en institution.

L’Ehpad perdra alors l’image de ce lieu angoissant, clôturant la vie, pour en faire un trait d’union avec l’activité domiciliaire.

Que nos aînés ne se sentent surtout pas de trop. En nous invitant à des relations humanisantes ne sont-ils pas des acteurs importants de notre Société, et même des soignants, comprenant qu’à leur écoute l’heure est de mettre à distance les silos où l’on place les uns, les autres, en fonction de ce qu’ils sont et ont été.

Que de privations d’expériences qui, enfin prises en compte, offriraient les conditions d’une Société plus attentive à la fragilité, ce grand chemin d’humanité que parcourent les soignants ; ils n’attendent pas qu’on les mette sur le podium de la solidarité. Tels les héros, ils ne plaident jamais pour eux-mêmes.

Puissions-nous simplement, au cours de cette Semaine Bleue, mieux prendre en compte ce qu’ils sont et ce que nous leur devons pour aborder le vieillissement comme un soin vital dont la Société toute entière a urgemment besoin.

Bernard Devert

1er octobre 2024

Des passerelles entre l’hôpital et le domicile

Les hôpitaux sont des lieux de haute technicité sans pour autant se mettre en retrait d’une grande humanité, d’où leur attention à ce que les durées d’hospitalisation soient aussi maîtrisées que possible.

Cette perspective est judicieuse au moins à trois titres, la prise en compte de la demande des patients, la possibilité pour l’hôpital de répondre le plus rapidement possible aux attentes d’hospitalisation concourant à la santé de tous et la maîtrise des coûts.

Cette vigilance au bien commun appelle une attention à la fluidité des sorties d’hospitalisation. Or, elles sont difficiles quand les patients sont confrontés à la solitude, rendant délicats les soins à domicile quand la pathologie se révèle sévère, mais aussi pour les hospitalisés pénalisés sur le plan social pour ne point disposer d’un toit ou d’un logement décent.

Aussi, est-il judicieux que les soins prodigués par les soignants – c’est respecter leur engagement ‑ soient accompagnés sur le plan social d’un prendre-soin. La question du logement pour les plus fragiles est ici cruciale.

Insupportable que des hospitalisés n’aient pas d’autres alternatives que de garder ce statut, pour autant qu’il en soit un. Tout aussi dommageable le fait que la sortie de l’hôpital ne soit pas assortie, pour les plus vulnérables de notre Société, d’orientations nouvelles leur permettant de quitter ces situations si préjudiciables au plan physiologique et psychologique.

Le Mouvement Habitat et Humanisme, via ses deux branches, médico-sociale et logement, a décidé, fort du soutien de médecins et d’acteurs sociaux au sein des hôpitaux de s’investir pour offrir « un pont » pour le moins « une passerelle », d’hospitalité entre l’hôpital et l’hébergement autonome.

Ce « pont » prend corps et cœur via des mesures expérimentales à Nantes, Paris, Lyon Villeurbanne avec l’Hospitalité de Béthanie. Des appartements sont réservés pour le temps nécessaire et suffisant à ce que la personne convalescente retrouve une autonomie, dût-elle être accompagnée.

Ce dispositif, soutenu par les hôpitaux, SOS Médecins, des Centres de Soins Infirmiers et sans doute demain des bailleurs sociaux appelés à développer cette passerelle, sera jugé efficace à partir de trois critères : des délais raisonnables entre la sortie de l’hôpital et l’ouverture à l’autonomie du patient, un coût journalier maîtrisé et naturellement la satisfaction des partenaires et de ses bénéficiaires.

L’engagement financier est important, aussi travaillons-nous à la création d’un contrat à impact social, observant l’intérêt déjà porté par de grands Organismes de prévoyance.

Une des conditions majeures pour que ce programme d’aval se développe est la présence d’aidants acceptant de donner un peu de temps.

Francine Carrillo écrit, si justement, on parle souvent pour ne pas entendre et la vie s’écoule à côté. Mais ceux qui savent écouter ne sont jamais seuls. Ils donnent la parole au lieu de la confisquer, préférant donner priorité à l’hospitalité.

Cette hospitalité n’est-elle pas une entraide ; elle ne demande pas de l’argent, en tout cas pas seulement, elle est une générosité si inattendue que d’aucuns qui en bénéficient, s’interrogent étonnés, parfois émerveillés : « qui suis-je pour que l’on s’intéresse à moi ».

Quand on n’a rien ou si peu, que l’on est seul, cette autre pauvreté, savoir que l’on compte pour quelqu’un, s’éveille alors un chemin de guérison intérieur pour l’aidé, parfois aussi pour l’aidant.

J’ose vous dire, simplement et en confiance que cet appel, si vous l’accueillez, peut changer et faire changer bien des relations.

Bien fidèlement.

Bernard Devert

Septembre 2024