L’économie solidaire, une clé pour ouvrir l’avenir à ceux qui ne l’ont pas

La trêve des confiseurs se termine ; elle a été habitée par des vœux qui font du bien, signe de ce meilleur, largement partagé, pour le moins souhaité.

Comme le rappelle la bonne sagesse lyonnaise : « Le tout, c’est pas d’y faire, c’est d’y penser ; mais le difficile, c’est pas d’y penser, c’est d’y faire ».

Ce « faire » conduit parfois à prendre de nouvelles routes dans cette vigilance à faire du neuf. Tel est bien la symbolique des Mages qui, quittant Bethléem, la Maison du Pain, prennent un autre chemin pour créer des liens, bouleversés par un enfant sur la paille.

Il est de ces moments où le réel nous cogne au point de nous interroger : que faut-il faire pour que l’inacceptable ne perdure pas.

Les vœux exprimés ne nous invitent-ils pas à mettre en œuvre de nouveaux possibles.

Agir, c’est espérer, vivre, veillant à ne pas se détourner des plus fragiles qui vivent « sur la paille » ; ils sont légion.

Il y a de ces urgences qui hurlent la détresse. Certes, elles sont malheureusement quotidiennes ; puissions-nous ne pas nous habituer, au risque de banaliser le malheur.

Un SOS m’est adressé par un médecin d’un important hôpital ; il me fait part de la situation d’une aide-soignante qui se retrouve seule pour élever ses cinq enfants ; elle a perdu son logement si bien que, le soir, il lui faut trouver refuge dans le collège de ses enfants pour éviter la rue.

Si cette situation n’est malheureusement pas unique, chacune d’elle mérite une attention.

Une fois encore, c’est le coût du logement qui s’avère trop onéreux au point de faire basculer les plus fragiles dans la pauvreté, en l’occurrence ici la misère.

Il existe des solutions, l’une d’elle est de développer l’économie solidaire ; elle est peu connue, mais elle ouvre des portes pour ceux-là mêmes qui pensaient qu’ils ne pourraient jamais les franchir : plus de 10 000 pour Habitat et Humanisme.

Dramatiquement insuffisant, mais pas insignifiant !

Essayons en 2025 de donner une visibilité à cette économie en lui offrant une vitalité via une adhésion plus importante de porteurs de parts au capital des foncières solidaires.

60 000 € recueillis par des souscripteurs qui investissent – non pas un don – c’est mettre en œuvre un levier permettant d’accéder à des prêts très sociaux sur 40 ans et un octroi de subventions. Une ouverture se fait alors jour pour appréhender ou construire à destination de ménages en souffrance.

Cette économie solidaire est une économie de réconciliation.

Veiller à ce que « le reste pour vivre » des ménages les plus modestes ne soit pas brisé impose des loyers et charges maîtrisés pour ne point assister à cette situation de cette famille en détresse.

Devant une Société heurtée, blessée par trop d’iniquités, l’urgence est de bâtir pour que les plus fragiles n’aient pas à pâtir de cette absence de logements à des coûts raisonnables ; l’économie solidaire en est une des clés.

Bernard Devert

Janvier 2025

S’unir sur les valeurs de responsabilités

Si rien ne finit jamais, tout est devenir, tout est à venir, comment ne pas observer que ces mots si riches de promesses d’un monde meilleur sont démentis par le repli sur soi, refus de ces autres en situation de vulnérabilité.

Le résultat des élections américaines en est un triste signe.

La campagne électorale, dommageable pour la démocratie, fut dominée par l’indécence, l’adversaire étant considéré comme un ennemi sur lequel on tira à « boulets rouges » avec des propos absurdes, les cris l’emportant sur la réflexion et la recherche d’un discernement.

La pensée d’Alexis de Tocqueville a été singulièrement bafouée, si nous voulons bien nous rappeler qu’il considérait que le plus grand avantage de la démocratie aux États-Unis était sa capacité à promouvoir l’égalité sociale.

Une campagne dominée par la violence, à commencer par celle de l’argent. Jamais les budgets n’ont atteint de tels montants pour s’assurer le pouvoir.

Dans un tel contexte, la fragilité bafouée n’est plus perçue comme une valeur pour être entendue comme une faiblesse.

A continuer ainsi, nous allons tous vivre comme des fous, rappelait Martin Luther-King, prophète de la lutte contre la discrimination, payant de sa vie sa détermination à ce que chaque homme, quelles que soient sa culture, sa couleur, son histoire, soit reconnu dans une égale dignité.

L’heure est de rêver un autre monde, plus encore de le bâtir pour s’éloigner des facilités qui ne mènent que vers les abîmes.

L’urgence est de ramer à contre-courant afin de susciter un autre avenir que celui, si bien entretenu par des illusions d’une hyper financiarisation de l’économie, laissant croire à un ruissellement, ce leurre qui ne rejoint pas les plus fragiles, ou si peu.

L’intervention de Mme Kamala Harris à l’université Howard où elle reconnut sobrement et avec élégance sa défaite face à M Donald Trump fut brève, mais non sans hauteur de vue, soulignant avec cette allégorie que c’est lorsque le ciel est sombre que les étoiles innombrables sont visibles.

Mme Harris appela la jeunesse à ne point sombrer dans un fatalisme. Un autre monde est possible. Les commentaires des journalistes furent quelque peu dubitatifs sur les propos de la candidate ; les étudiants, tout au contraire, percevaient la confiance qu’elle leur témoignait, trace d’une lumière ; comment s’en étonner, n’est-elle pas au rendez-vous chaque fois que l’on fait appel au meilleur sommeillant en chacun.

Aucune arrogance, une reconnaissance de son échec et une conviction que les Etats-Unis ne s’égareront pas des valeurs sans lendemain.

Le sujet n’est pas seulement d’être les premiers, délaissant les plus pauvres, mais de créer des relations traduisant un effacement du tout, tout de suite, ce désir de puissance mettant à distance et dans l’indifférence ceux qui n’ont rien ou si peu.

Comment peut-on être unis dans de telles conditions.

Les dangers d’une altération de la solidarité internationale avec cette élection sont importants ; il est bien de les évaluer, il est mieux encore de se mobiliser pour une Europe unie afin que l’esprit qui l’a fait naître retrouve toute sa vigueur et plus encore que nous ne confondions pas notre cathédrale avec la somme des pierres, pour reprendre les mots de Saint-Exupéry.

Bernard Devert

L’heure solidaire

L’heure solidaire, Habitat et Humanisme lui donne sa place lors du changement horaire dont la finalité est d’atténuer la nuitée des jours pour économiser l’énergie… mais pas que… Elle est aussi celle de ces heures sombres qui s’éclairent quand la solidarité se construit.

Victor Hugo, dans Les Misérables, dit qu’il suffit d’un sourire entrevu là-bas… pour que l’âme entre dans le palais des rêves.

Ces palais nous font rêver. Loin d’être des songes improbables, ils se découvrent quand s’efface le mensonge d’une fraternité exprimée du bout des lèvres. Quand l’heure de la solidarité nous étreint, alors s’embrase cette vérité existentielle qui nous fait vivre et vibrer au cœur de relations si authentiques que, soudain, naissent des complicités et mêmes des connivences.

Comment les nommer, si ce n’est par la solidarité ; puisse-t-elle ne pas nous quitter pour être fille de la fraternité.

Cette heure solidaire n’existe que si nous acceptons d’être réveillés par une certaine intranquillité jusqu’à se demander : que dois-je faire pour que ce que j’ai vu, souvent aperçu, telles des toiles de tentes dans la rue, sous les ponts, ne demeurent pas.

L’heure solidaire est l’heure du cœur qui se met à battre pour nous donner l’audace de combattre contre ces graves iniquités qui détruisent l’espoir, jusqu’à jeter des êtres dans des enfers dont la brûlure est celle de la solitude.

Cette semaine à Autun, sous l’égide de son Maire, Vincent Chauvet et de nombreux concitoyens de cette ville, petite, mais grande de par son histoire et son patrimoine, une heure solidaire s’est vécue lors de la visite de l’ancien hôpital Saint-Gabriel, en cœur de ville, au sein duquel un grand chantier s’est ouvert, auquel participe Habitat et Humanisme.

Cette solidarité témoigne d’une attention à l’histoire, à la qualité des lieux pour que, transformés, ils demeurent des liens marqués par le soin et le prendre-soin de l’autre, des autres. Si l’hôpital n’est plus, l’esprit de l’hospitalité est resté avec trois pôles : l’épicerie solidaire, cœur et santé, un service de soins à domicile et aussi à destination des aidants.

Très vite, le campus numérique trouvera également sa place et demain les étudiants, la leur, avec l’habitat inclusif et intergénérationnel sur lesquels nous sommes investis.

Au cours de cette visite des chiffres auraient pu être alignés, ce ne fut pas le cas ; personne non plus ne s’est mis en valeur à partir de ce qu’il faisait, mais tous, en revanche, étaient portés par la dimension du cœur saisissant que, sur ce lieu, se dessinait la chance d’une profonde solidarité.

Quand cette valeur devient « chantier de vie », comment s’étonner que les visites ne soient plus seulement le moment où l’on regarde, évalue ce qui a été entrepris mais le déjà-là d’une promesse dont l’adhésion transforme les relations.

Solidarité quand tu nous tiens, le temps n’est plus de se croiser, mais de se rencontrer. Tout est changé.

Bernard Devert

Octobre 2024

L’entraide en attente d’une plus grande attention de l’économie sociale et solidaire

Notre Société traverse bien des difficultés qui, sur le plan médiatique, sont reprises constamment. Inutile de les rappeler. Il en est une qui mériterait plus d’attention pour concerner les ruptures, voire les déchirures du tissu social ; d’un côté, ceux qui concourent à la vie de la Société bénéficient d’une responsabilité et de l’autre, ceux en perte d’autonomie s’interrogent sur leur avenir jusqu’à se demander : « quelle place peut être la nôtre ».

Il nous faut veiller au fait que la pauvreté n’est pas seulement monétaire ; elle a bien des aspects : l’absence de reconnaissance, la mise à distance dont le logement est un des syndromes, bien nommé lorsqu’il est question des quartiers perdus pour la République et naturellement l’isolement aux conséquences dévastatrices pour ne point être étranger à bien des addictions, parfois des violences.

Autant de situations qui font que l’avenir est sombre, d’où un désespoir plus profond qu’imaginé ou pensé.

L’urgence est de reconstruire des signes de fraternité qui, lorsqu’ils trouvent place, interrogent inévitablement les iniquités et par voie de conséquence la liberté qui n’est jamais indifférente à la dignité.

Il m’est agréable de vous partager les mots de Suzanne, une personne qui, au soir d’une vie très longue pour être centenaire, regarde avec lucidité l’avenir ; elle voit bien ce qui le détruit pour les plus fragiles, mais aussi l’audace et l’enthousiasme que nous devons habiter pour changer ce qui doit l’être.

L’écriture est tremblante, mais elle ne tremble pas sur le fait que notre Société ne crée pas les fondations donnant une chance à l’équité. Elle accompagne sa parole d’un chèque pour investir dans le champ de l’économie solidaire, convaincue que cette forme d’économie porte en elle les germes d’une formidable fraternité.

Pourquoi donc, me dit-elle, êtes-vous si timide pour ne pas parvenir à mobiliser des centaines de milliers de personnes, voire plus, qui accepteraient d’investir dans vos foncières, justes quant à leur finalité mais insuffisamment efficientes faute de pouvoir drainer une épargne en capacité de changer la donne.

Ces mots que vous écoutez sur des ondes ou dans des espaces qui s’ouvrent sur ce supplément d’âme ne peuvent pas vous laisser indifférents. Suzanne a raison, il faut aller plus loin pour que ces entreprises à mission – l’expression n’est pas un hasard – soient au cœur de ces lieux où l’on souffre pour offrir des liens qui permettent d’en sortir.

L’investissement au sein d’Entreprendre pour Humaniser la Dépendance, le nom de l’entreprise signe son objet social, est porté par un peu plus de 5 000 personnes qui ont permis la création de résidences autonomie, de maisons médicalisées pour nos grands aînés en souffrance physique, psychique et sociale, mais aussi en offrant des logements à des soignants pour les rapprocher des hôpitaux et des maisons de soins, ainsi qu’à des étudiants sachant qu’actuellement un sur cinq se prive de repas pour supporter des loyers inadaptés aux ressources.

La part a une valeur de 20 € ; la souscription peut être multipliée en fonction de ses possibilités, sachant que l’Etat, ce qui est juste, offre une réduction d’impôts sur le revenu dans la limite d’un plafonnement de 10 000 € par an et par foyer.

Imaginons que 1 000, 10 000, 100 000 nouvelles personnes concourent à cette économie qui embrasse cœur et rigueur, alors c’est un nouveau souffle qui se fait jour pour lutter contre les discriminations et rejeter les détresses.

Cette promesse est réalisable dès lors que nous acceptons de poser sur autrui un regard pacifié qui fait de lui un cadeau plutôt qu’un fardeau, pour reprendre les mots du poète Francine Carrillo.

N’hésitez pas à me joindre : b.devert@habitat-humanisme.org

Investir solidaire dans la Foncière Entreprendre pour Humaniser la Dépendance

Des passerelles entre l’hôpital et le domicile

Les hôpitaux sont des lieux de haute technicité sans pour autant se mettre en retrait d’une grande humanité, d’où leur attention à ce que les durées d’hospitalisation soient aussi maîtrisées que possible.

Cette perspective est judicieuse au moins à trois titres, la prise en compte de la demande des patients, la possibilité pour l’hôpital de répondre le plus rapidement possible aux attentes d’hospitalisation concourant à la santé de tous et la maîtrise des coûts.

Cette vigilance au bien commun appelle une attention à la fluidité des sorties d’hospitalisation. Or, elles sont difficiles quand les patients sont confrontés à la solitude, rendant délicats les soins à domicile quand la pathologie se révèle sévère, mais aussi pour les hospitalisés pénalisés sur le plan social pour ne point disposer d’un toit ou d’un logement décent.

Aussi, est-il judicieux que les soins prodigués par les soignants – c’est respecter leur engagement ‑ soient accompagnés sur le plan social d’un prendre-soin. La question du logement pour les plus fragiles est ici cruciale.

Insupportable que des hospitalisés n’aient pas d’autres alternatives que de garder ce statut, pour autant qu’il en soit un. Tout aussi dommageable le fait que la sortie de l’hôpital ne soit pas assortie, pour les plus vulnérables de notre Société, d’orientations nouvelles leur permettant de quitter ces situations si préjudiciables au plan physiologique et psychologique.

Le Mouvement Habitat et Humanisme, via ses deux branches, médico-sociale et logement, a décidé, fort du soutien de médecins et d’acteurs sociaux au sein des hôpitaux de s’investir pour offrir « un pont » pour le moins « une passerelle », d’hospitalité entre l’hôpital et l’hébergement autonome.

Ce « pont » prend corps et cœur via des mesures expérimentales à Nantes, Paris, Lyon Villeurbanne avec l’Hospitalité de Béthanie. Des appartements sont réservés pour le temps nécessaire et suffisant à ce que la personne convalescente retrouve une autonomie, dût-elle être accompagnée.

Ce dispositif, soutenu par les hôpitaux, SOS Médecins, des Centres de Soins Infirmiers et sans doute demain des bailleurs sociaux appelés à développer cette passerelle, sera jugé efficace à partir de trois critères : des délais raisonnables entre la sortie de l’hôpital et l’ouverture à l’autonomie du patient, un coût journalier maîtrisé et naturellement la satisfaction des partenaires et de ses bénéficiaires.

L’engagement financier est important, aussi travaillons-nous à la création d’un contrat à impact social, observant l’intérêt déjà porté par de grands Organismes de prévoyance.

Une des conditions majeures pour que ce programme d’aval se développe est la présence d’aidants acceptant de donner un peu de temps.

Francine Carrillo écrit, si justement, on parle souvent pour ne pas entendre et la vie s’écoule à côté. Mais ceux qui savent écouter ne sont jamais seuls. Ils donnent la parole au lieu de la confisquer, préférant donner priorité à l’hospitalité.

Cette hospitalité n’est-elle pas une entraide ; elle ne demande pas de l’argent, en tout cas pas seulement, elle est une générosité si inattendue que d’aucuns qui en bénéficient, s’interrogent étonnés, parfois émerveillés : « qui suis-je pour que l’on s’intéresse à moi ».

Quand on n’a rien ou si peu, que l’on est seul, cette autre pauvreté, savoir que l’on compte pour quelqu’un, s’éveille alors un chemin de guérison intérieur pour l’aidé, parfois aussi pour l’aidant.

J’ose vous dire, simplement et en confiance que cet appel, si vous l’accueillez, peut changer et faire changer bien des relations.

Bien fidèlement.

Bernard Devert

Septembre 2024

Avec nos grands aînés, bâtissons la fraternité

Avec la rentrée, quelle joie d’inaugurer des opérations comme celle de la Maison de nos grands aînés sur le quartier de Monplaisir à Lyon. Cette maison appelée « Caritas » veille à être à la hauteur du nom qui lui a été donné.

Cette inauguration augure bien nos perspectives de ce fameux « faire du neuf » qui nous habite et que vous êtes nombreux à rendre possible.

A l’origine, ce site était un couvent franciscain que la Congrégation sut ouvrir à des personnes isolées et dépendantes.

Pour ne point déserter l’esprit du Poverello, les Sœurs, confrontées à la pyramide des âges, ont veillé à ce que leur mission perdure. Aussi, nous ont-elles fait un cadeau, celui de leur confiance en nous invitant à participer aux investissements qui s’imposent pour répondre aux nouvelles normes et procéder à une extension de la maison, désormais constituée de 93 chambres.

Nous-mêmes avons sollicité un accompagnement de l’Agence Régionale de Santé Auvergne Rhône-Alpes, de la Caisse Nationale de Solidarité et de l’Autonomie et de la Métropole de Lyon, ainsi que de grandes Institutions gestionnaires de l’épargne salariale qui participent à notre foncière, Entreprendre pour Humaniser la Dépendance.

Nous ne saurions oublier nos souscripteurs qui s’investissent non pour recueillir un dividende, mais pour mettre en œuvre une économie de la générosité et de l’intelligence du cœur qui permet de se rapprocher de ceux que la vie fragilise.

Quand l’épargne se révèle un vecteur de solidarité, alors l’économie sociale suscite des inattendus et même des inespérés. Puisse-t-elle être mieux reconnue, que de drames alors pourraient être évités.

L’inauguration a mis en exergue une laïcité bien comprise éloignant des oppositions et crispations, d’où une coopération qui a bâti une réelle fraternité.

Toute fraternité est source de liberté. Non point un slogan mais une exigence éthique à l’égard, ici, des soignés, lesquels ne se trouvent point placés dans un Ehpad mais disposent d’un domicile. Alors, tout est bousculé et renversé, nous sommes chez eux.

Quel étonnement de voir un café au sein de la maison, chaque résident peut s’y rendre avec sa famille, ses amis ; recevoir n’est pas sans pertinence pour la qualité de vie.

Une autre des valeurs mise en œuvre est l’attention à la dignité ; elle revêt un caractère inconditionnel. La grande dépendance en est l’ennemie ; comment la combattre, si ce n’est de par la noblesse du service des soignants et de tous ceux qui participent à la vie de cette maison, notamment les bénévoles, en bâtissant des liens de compréhension et même d’amitié qui concourent à une réconciliation de ce que la personne est profondément et que rien ne peut altérer.

Christian Bobin, dans son petit mais grand ouvrage, « la Présence pure », écrit : « ceux qui ont très peu de jours et ceux qui sont très vieux sont dans un autre monde que le nôtre. En se liant à nous, ils nous font un présent inestimable ».

Ce lien trouve sa source dans la fraternité ; qu’en soient remerciés tous les bâtisseurs.

Bernard Devert

Septembre 2024