Les vacances approchent, puissent-elles ne pas être celles du discernement

La vie sociale est rythmée, séquencée par le calendrier scolaire et universitaire qui fixe les dates où l’on quitte les bancs pour prendre des vacances ; elles se proposent à tous, sauf pour les plus vulnérables qui, au ban de notre Société, n’en bénéficient pas.

Vous me lisez depuis de nombreuses semaines, espérant ne pas trop agacer, souhaitant que vous trouviez encore quelque intérêt à prendre connaissance des engagements de notre Mouvement, quand bien même ils puissent faire, ici-et-là, débat.

Comment s’en étonner puisque précisément nous concevons le logement comme un vecteur de fraternité qui introduit un combat permanent pour entendre trop souvent ce rejet de l’autre.

La fin d’année, au sens scolaire, permet de voir les avancées qui ont été réalisées, mais aussi les échecs ; je parle naturellement des miens.

Je ne m’arrêterai que sur les difficultés rencontrées pour offrir un toit à tous, mesurant combien le défi me dépasse, mais sans doute opiniâtre, j’entends rester dans l’espérance au sens où Georges Bernanos dit qu’elle est un risque à courir, ou encore le sursaut du désespoir.

La semaine écoulée, je l’évoquais dans ma chronique célébrant l’anniversaire de l’appel du 18 juin.

Résister pour les hommes de bonne volonté n’est pas une option, mais une détermination à rendre ce monde meilleur. Tel est bien l’enjeu d’Habitat et Humanisme qui veut construire pour offrir à l’acte de bâtir un soin à notre Société.

Ce soin porte un nom, la mixité, aux fins de tisser des liens pour réparer la déchirure de la cohésion sociale et restaurer les conditions de la fraternité.

Notre Société marquée par l’utilitarisme et l’efficience nous font courir, mais vers quoi. Les vacances ne seraient-elle pas ce moment pour s’interroger sur les priorités à retenir afin de ne pas se laisser emporter dans l’indifférence des maux qui nous entourent, jusqu’à ne plus les voir pour s’habituer.

Ensemble, une attention nous réunit : « Et les autres ». Cette voix qui parle dans ce Grand Livre d’Humanité nous met en situation de genèse, par là même de création, nous invitant à refuser résolument tout ce qui nous détourne de l’autre, des autres, considérés, parce que différents, comme des fardeaux, alors qu’ils sont un cadeau.

Quand la différence est rejetée, mise à mal, il ne reste que les mêmes qui, drapés dans leurs certitudes, n’ont pas de mots assez durs pour rejeter les plus faibles.

Folie, diront certains, ou plus cordialement, vous rêvez. Certes, si le rêve doit nous quitter que restera-t-il de notre civilisation, un toboggan qui à folle allure précipite vers les idées de puissance, occultant les questions existentielles qui, seules, ramènent vers l’essentiel.

Ma civilisation, écrit Antoine de Saint-Exupéry dans « Pilote de guerre » : héritière de Dieu, a fait chacun responsable de tous les hommes et tous les hommes responsables de chacun. Le sauvetage d’un seul sauve l’Homme.

Nous voici appelés à glisser un bulletin de vote dans les urnes, puisse-t-il être signe d’une sagesse, au sens philosophique du terme. L’heure est d’offrir au discernement la recherche de cet humanisme qui restaure l’Homme, tout l’Homme.

Ces mots ne veulent surtout pas s’apparenter à une leçon qui n’a pas ici sa place, mais l’audace pour que, poétiquement, nous entendions vibrer la promesse qui nous réunit dans cette attention à faire reconnaître un « faire ensemble » pour que naisse un « vivre ensemble ».

Bernard Devert

Juin 2024

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