Pentecôte, ce 50ème jour après la résurrection, un jour qui fit grand bruit, comme le soulignent les Actes des Apôtres.
Ce jour dévoile ce que nous sommes. Il met en nous ce vif désir de vivre autrement pour prendre le risque d’accueillir l’Autre, les autres. Comment ne pas entendre ici les mots de René Char : « Va vers ton risque, à te regarder ils s’habitueront ».
Un jour qui fit grand bruit.
Pas ce bruit qui blesse et enferme mais, paradoxalement, celui du silence qui éveille aux appels intérieurs suscitant ces ruptures nécessaires pour créer des espaces de communion.
La foule se rassembla. L’improbable se propose à la liberté de chacun. Il s’ensuit un étonnement au regard des diversités culturelles, sociales. Comment est-ce possible. Chacun entend dans sa langue une parole qui ouvre si grand le cœur que tous éprouvent la joie d’être aimés d’un même amour.
Un jour qui fit grand bruit.
Jour de proclamation du kérygme où L’homme entend en même temps la parole du frère. Cette reconnaissance donne naissance à un appel qui fait surgir le besoin de faire du neuf. Ils étaient unis et mettaient tout en commun, vendaient leurs propriétés, leurs biens pour partager entre tous, selon leurs besoins (Actes 2-45).
Saint Exupéry dans ‘Citadelle’, dit que la voix de Dieu …est recherche et soif inexprimable. En ce jour qui fit grand bruit, ellesuscite des relations transformées, nées de l’inouï de ce bouleversement qui nous fait quitter un égoïsme absurde.
Quand l’homme prend conscience de ce qui l’humanise ou le divinise, ce qui est une même réalité, il est enfin libéré de ce qui l’enchaîne, d’où cet appel au partage pour entrer dans des inattendus, jusque-là esquissés mais souvent reportés sine die.
En ce jour qui fit grand bruit, le partage apparaît pour ce qu’il est, un bonheur qui n’est pas simplement le fait de donner mais de se donner. Alors, s’opère la défaite de nos défaitismes pour privilégier l’intelligence de la vie, cet apprivoisement que comprend si bien le Petit Prince pour l’accueillir comme création de liens vers l’essentiel.
En ce jour qui fit grand bruit, le Vivant n’est plus perçu dans un ailleurs ou comme un vague espoir ; Il se reçoit dans un émerveillement qui désarme. L’autre n’est plus l’étrange, l’étranger.
Dans ‘Pilote de guerre’ Saint-Exupéry dit en substance que là où le message du Christ est entendu, les hommes sont égaux dans leurs droits…égaux dans leurs devoirs. Ne trouve-t-on pas ici les valeurs qui guident et portent nos engagements pour bâtir un monde plus humain où le « vivre ensemble » trouverait enfin sa place.
Terre des Hommes, qu’as-tu fait de ton âme ?
La réponse est celle d’un bouleversement né de l’écoute de la déchirure de nos enfermements. S’ouvre alors ce passage qu’est la Pâque, non plus imaginée, souhaitée, mais habitée.
Bernard Devert
Mai 2023

merci beaucoup