Cher-e-s Ami-e-s,
Au lendemain du 30ème anniversaire de votre association, une des pépites du Mouvement H&H, comment ne pas vous remercier d’avoir fait de ce moment, une fête du cœur et de l’intelligence créatrice de nouveaux possibles.
Bien plus qu’un temps de souvenir, ce fut celui d’une mémoire d’avenir. Vous avez su rappeler avec humilité ce qui avait été risqué, osé pour rejoindre ceux que la vie blesse. Que d’expériences qui éclairent nos horizons pour lutter contre la misère, cette violence destructrice des relations.
A la table ronde, outre Cécile Mahé, travailleuse sociale depuis plus de 20 ans, participaient les cinq présidents qui, tour à tour, se sont investis au sein d’Habitat et Humanisme Loire Atlantique : Pierre de Gaalon, Francis Renaud, Yves Petiteau, Bruno Allais et Philippe Gambey très touché par la présence de chacun de ses prédécesseurs.
Les deux directrices qui ont animé l’association, hier Nicole Bacuvier, aujourd’hui Noëlle Moreau étaient également présentes.
Cette unité sans rupture, tout en libérant les talents de chacun, signe ces liens fraternels vécus au sein de l’association.
Comme il était agréable d’entendre ces récits ; ils sont ceux de bâtisseurs qui refusent l’inacceptable, l’absence d’un toit. Les difficultés n’ont pas manqué, mais elles furent traversées par des initiatives entrepreneuriales, portées par une générosité qui toujours bouscule, suscitant souvent un appel à participer à une telle aventure laissant là le repli de soi pour aller à l’autre-soi.
Ainsi, fut rappelée l’opération dans le quartier de la Bastille, sans doute une des premières opérations intergénérationnelles en France qui bénéficia du soutien de l’Etat et de la Fédération Française du Bâtiment.
Ce programme situé sur le quartier de la Bastille ne traduit-il pas le combat permanent d’Habitat et Humanisme, pour bâtir la fraternité via la mixité sociale, aux fins de faire reculer la ségrégation, ce désordre violent, trop souvent accepté.
Il fut aussi évoqué la pension de famille, inaugurée par le Dr Xavier Emmanuelli, ou encore cette magnifique opération en centre-ville sur les anciennes cliniques Saint-Augustin, comme l’immeuble de la rue Saint-Rogatien. Que d’autres furent mentionnées. Toutes mettent au pas la financiarisation de l’économie pour donner priorité à l’humain.
Après cette table ronde, M. Jérôme Alémany, Vice-président du Conseil départemental de Loire-Atlantique, a prononcé une allocution soulignant qu’Habitat Humanisme était un acteur reconnu du logement social en Loire-Atlantique, l’association pouvant compter sur les élus de par la confiance qu’elle avait su faire naître de par ses engagements et la créativité de ses programmes.
De même, François Prochasson, Vice-président de Nantes Métropole, a salué le travail accompli et les valeurs portées par l’association, l’assurant du soutien de Nantes Métropole dans ses initiatives.
Les locataires ont peint avec talent, un beau tableau présentant les opérations réalisées ; il demeurera un beau signe de ce trentième anniversaire, illustrant le parcours de ces lieux qui ont donné lieu à des liens réveillant les cœurs.
Vous l’avez exprimé par un chant-choral repris par l’assemblée sans fausse note ; la seule note qui aurait pu faire difficulté, eut été une dissonance, impossible tant l’harmonie des liens était palpable.
Cette fête a été marquée par un spectacle. Sur scène, simplement trois hommes et des barrières, celles qu’on trouve parfois pour protéger, plus souvent pour interdire l’accès à des espaces au sein desquels seules les grands trouvent place.
Magnifique symbolique du Mouvement Habitat et Humanisme dont la mission est de déplacer les barrières, voire si possible les supprimer.
Ces trois acteurs jouaient avec ces barrières et même se jouaient d’elles avec une telle grâce qu’elles perdaient toute possibilité de séparer, devenant alors des échelles au service de ceux qui gravissent vers des sommets, signes de liberté.
Ces hommes libérés étaient « libérants ». L’assemblée ne s’est pas trompée pour s’être laissé habiter par cette allégorie si riche de synergies, celles-là mêmes que l’association entend toujours mieux développer.
Puis-je vous avouer qu’en regardant ce spectacle, je n’ai pu m’empêcher de penser au mur de Berlin qui un jour enfin s’écroula.
Quelle justesse, l’expression de ce trentième anniversaire. Merci à l’équipe en charge de l’évènement pour ce programme et cette organisation magnifiques. Les bougies, je ne les ai pas vues, mais j’ai perçu bien mieux, des braises sur lesquelles ont soufflé un vent d’amitié et de reconnaissance de ce qui a été entrepris, sans donner de leçon.
Au regard de l’accablement de la Société qui semble avoir peur de l’avenir, de l’autre, des autres H&H tente de dessiner un autrement. Il justifie cette fête vécue comme un appel à aller plus loin, pour « faire société », en donnant à chacun, quelle que soit son histoire, la possibilité d’apporter sa contribution, reconnue comme pierre d’angle d’un idéal à construire.
Cette utopie n’est-elle pas ce souffle qui donne corps et cœur à notre Mouvement, une espérance qui, ici et maintenant, nous appelle à la vivre comme un risque à courir ; quelle joie d’observer ce même désir de le partager.
Bien fidèlement et chaleureusement vôtre.
Bernard Devert
Le 5 juin 2024
