L’Avent, une aventure de fraternité

Nous entrons dans l’Avent, temps de la Promesse avec l’inouï d’une naissance, celle de l’Enfant-Dieu. Il ne s’agit pas de préparer un anniversaire, mais de vivre notre propre nativité afin de naître à ce que nous sommes appelés à devenir.

L’Enfant-Dieu n’a pas de place. Il grandira, elle lui sera refusée ; d’aucuns, ceux-là mêmes appelés à l’accueillir, veilleront à ce qu’Il ne la trouve point.

Ce noël à Bethléem sera encore difficile, terre brûlée par la violence où tant d’enfants ont trouvé la mort. Que « de Bethléem » de par le monde !

Plus de 2 000 enfants en France n’ont pas d’hébergement pour n’avoir d’autre place que la rue. Que de mamans après leur accouchement sont à la recherche d’un toit ; que de foyers en situation de vulnérabilité sont pendus à un numéro de téléphone, le 115, pour tenter de rechercher un abri qui, trop souvent, s’avère impossible.

En m’écoutant ou en me lisant, vous allez peut-être dire : nous sommes à 20 jours de Noël. Que faire ?

Noël, c’est chaque jour pour tenter de faire place à ceux qui ne l’ont pas ou plus.

La désespérance n’a pas de place dans un monde déjà suffisamment désenchanté, l’heure est celle de développer une économie de la solidarité pour qu’elle devienne une économie du soin, en d’autres termes, une économie du cœur.

Si le Divin s’est déplacé, tel est le sens de Noël, nous avons aussi, à notre tour, à nous déplacer pour aller à la rencontre des oubliés devenus si nombreux que, désormais, il est difficile de ne pas les croiser, sauf à accepter cette fermeture des cœurs, cause d’une immense cécité jusqu’à donner l’alibi de ne point voir.

Une bonne nouvelle, en cette entrée en Avent, nous venons de recevoir le permis de construire pour réaliser au sein de l’Abbaye de Belloc des logements locatifs sociaux, sans altérer les façades pour respecter la qualité du site.

Nous vous avons fait part de notre venue à Belloc, d’où parfois une interrogation : que sommes-nous venus faire sur ce haut lieu spirituel. Le projet naturellement n’était pas de faire une opération immobilière mais de faire place à ceux qui ne l’ont pas ou difficilement.

Ainsi, 22 logements seront destinés par priorité aux auxiliaires de vie et aides-soignants qui peinent à trouver un toit dans des conditions de loyer compatibles avec leurs ressources. Difficile ! Ce magnifique territoire est habité par des touristes aisés, d’où une multitude de résidences secondaires, ouvertes quelques semaines par an, et des appartements loués dans le cadre du « Airbnb ».

Quand le travail social a si peu de reconnaissance, comment s’étonner des difficultés des hôpitaux et des maisons de soins à bénéficier de la fidélité de leurs soignants.

Telle est la mission d’Habitat et Humanisme ; elle est immense, participer concrètement à une spiritualité de la fraternité.

Reliés pour être des alliés.

Noël, Présence de Celui qui naît pour nous faire naître, éveillant ce possible désir de faire quelques pas vers l’Infini. S’ouvre alors une part d’humanité. Paul Claudel nous en révèle la source parlant de l’innocence et de l’éternelle enfance de Dieu.

Bernard Devert

1er décembre 2024

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