Jeudi 5 décembre se tient la journée mondiale du bénévolat, formidable levier du changement. Il est pour Habitat et Humanisme son « énergie » ô combien nécessaire pour réparer, mieux encore, tisser de nouvelles relations sociales.
Il est clair que sans les bénévoles, nous n’existerions pas.
Béné-vole, c’est voler au secours de ceux qui, au bout du bout, désespèrent jusqu’à se demander : « il n’y a donc personne pour entendre, personne pour comprendre ». Si, vous.
Le bénévolat, dit-on, est en crise. Il me semble qu’il est en mutation. D’aucuns, parfois, pensent que c’est prendre la place des salariés. Non, tout au contraire, il est créateur d’emplois !
Plus de 5 000 bénévoles sont investis au sein du pôle logement d’Habitat et Humanisme ; ils peuvent être fiers d’avoir concouru à la création de plus de 500 emplois salariés.
Des difficultés existent pour parvenir à une mobilisation plus importante de nouveaux bénévoles. Les causes sont nombreuses : la retraite à un âge plus tardif, l’augmentation du nombre de familles mono parentales – d’où l’intervention des grands parents se substituant parfois aux parents – enfin, la crainte que le bénévolat ne devienne une charge, exigeant un tel investissement qu’il s’apparente à une nouvelle vie professionnelle.
Le monde caritatif, s’il veut se pérenniser alors qu’il est confronté à des personnes en grande souffrance, doit parvenir à proposer des missions moins chronophages en les limitant dans la durée afin d’être plus respectueux du temps de chacun.
Un partage se dessine avec le concours du mécénat d’entreprise qui apporte d’heureux accompagnements.
La Société ne saurait se démobiliser par rapport au vivre-ensemble. Aussi lui faut-il s’attacher à un faire-ensemble, veiller à être reliés pour être liés. Les bénévoles en sont des acteurs. Leur mission traduit une double volonté :
- faire changer ce qui peut l’être, d’où un discernement pour mieux définir les moyens à mettre en œuvre aux fins d’y parvenir,
- partager le pouvoir d’agir. Camus a ces mots très justes : « La grandeur de l’homme est dans sa décision d’être plus fort que sa condition ».
La reconnaissance des talents ‑ qu’il s’agit de faire reconnaître ‑ ne peut faire l’économie d’actions très concrètes qui, seules, permettent un réveil et un étonnement quand la personne saisit qu’elle a plus de possibilités qu’elle ne le pensait. S’ouvrent alors d’incroyables inattendus.
Que de cadres n’ont pu faire valoir des orientations qui auraient apporté « un plus » à l’entreprise.
Le monde associatif a besoin de ces créateurs qui ouvrent de nouvelles perspectives.
L’association, espace d’innovations, n’est pas là seulement pour gérer la pauvreté, voire la misère, mais pour éradiquer l’inacceptable.
Faire du neuf, n’est-ce pas précisément ce que nous avons à entreprendre.
Un de nos enjeux actuel est de réduire la vacance des logements. Aussi avons-nous besoin de techniciens pour évaluer les travaux, mais aussi de médiateurs rencontrant les bailleurs pour les inviter à louer leur bien dans de telles conditions qu’ils participent à la noblesse du bien commun.
Bien d’autres projets, en cours, demanderaient l’accompagnement de bénévoles ; j’ose vous dire, nous avons besoin de vous.
L’horizon d’une Société s’éclaire quand elle bénéficie de veilleurs, non point pour juger, dénoncer mais énoncer des propositions concrètes en n’ayant pas peur de faire surgir des utopies. L’une d’elles n’est pas de renverser la table mais de l’agrandir pour que les plus vulnérables y trouvent place.
Retenons ces mots d’Arthur Rimbaud : « Ah, que le temps vienne où les cœurs s’éprouvent ». Cette heure est aussi celle du bénévolat ; ne la désertons pas.
Bernard Devert
5 décembre 2024
