Les vœux, des mots certes, mais ne traduisent-ils pas un secret espoir, plus encore une espérance que la nouvelle année soit un temps pour faire du neuf.
Si le souhaitable « se cogne » à ce que nous appelons le réel, demandons-nous quelle attention nous portons aux immenses possibles qui, seuls, sont susceptibles de faire perdre aux probables leur arbitraire et parfois leur arrogance.
Un autre monde est possible.
Le meilleur ne viendra pas tout seul ; il ne suffit pas de le souhaiter, il convient de l’habiter, au sens de Péguy, pour le faire surgir en nous inscrivant dans de nouvelles trajectoires, œuvres de liberté pour changer ce qui peut et doit l’être.
2025, un rendez-vous avec l’émerveillement si nous voulons bien nous libérer de nos déterminismes culturels et sociaux dont nous sommes captifs plus souvent que nous ne le pensons.
Quelle liberté possible si ce n’est celle de l’amour permettant de rompre avec les amarres de l’entre-soi. S’éveille alors un temps de fraternité qui n’est pas sans nous placer dans une orbite de dépassement de soi pour être attentifs à la liberté de l’autre et à sa dignité.
Un des drames de notre Société est l’indécence du logement pour trop de nos concitoyens, quand ce n’est pas une absence dont personne ne peut dire qu’il ne sait pas. Il suffit de regarder les toiles de tentes dans nos rues.
Le fait de s’habituer à ce drame est un malheur, quand bien même il est bien nommé le mal-logement ; nous l’avons banalisé.
Or, le consensus de construire davantage ne fait pas difficulté, la question c’est où ? Là, précisément, la réponse : surtout pas là.
Le meilleur a été entrevu pour traduire une fraternité, mais elle se brise sur nos déterminismes, nos peurs de l’autre avec comme conséquence la priorité à l’individu, plutôt qu’à l’Homme avec un grand « H ».
Saint-Exupéry, dans « Pilote de guerre », dit que le partage n’assure pas la fraternité ; elle se noue dans le don commun à plus vaste que soi. Si je prétends ne donner qu’à moi-même, je ne reçois rien car je ne bâtis rien dont je sois, je ne suis rien.
Un autre monde est possible, celui d’une attention à la transcendance, conscience d’être traversé par un autre que soi.
Cette ouverture, si elle se dit avec des mots différents, ne traduit-elle pas ce meilleur que nous souhaitons. Un premier pas, signe d’un commencement, dans cette attente intérieure qui nous invite à vivre ce dépassement de soi afin que l’autre, le plus vulnérable trouve sa place.
Alors un chemin d’émerveillement se fera jour pour rencontrer des hommes dont la reconnaissance ne sera pas sans nous ouvrir à une nouvelle naissance.
Bernard Devert
Janvier 2025
