Il y aura trois ans, ce 24 février, Vladimir Poutine lançait, suivant ses mots, une « opération spéciale » qui n’était autre qu’une agression contre l’Ukraine aussi brutale qu’ignoble.
Le maître du Kremlin, assoiffé de pouvoir pensait, qu’en trois jours, il mettrait à genoux les ukrainiens. Trois ans plus tard, l’envahisseur, malgré toute sa puissance de feu, n’est pas parvenu à s’imposer. L’Ukraine a résisté au prix de pertes très sévères sur le plan humain et l’effacement de nombreuses contrées.
Déchirée par le nombre de ses morts et des blessés, plus d’un demi-million, l’Ukraine a su garder, peut-être trouver dans cette grande épreuve, une unité et une réelle force intérieure qui ne sont pas sans lui donner le courage d’exister malgré la barbarie qui l’assaille.
Cette guerre nous a mobilisés pour avoir accueilli de très nombreux ukrainiens, notamment des mamans et leurs enfants qui ont fui de peur d’être physiquement ou mentalement mutilés.
La souffrance de ce peuple envahi par un agresseur tortionnaire viendrait-elle à ne pas être respectée. Quand la fragilité est bafouée par la force, l’humanisme meurt.
En quelques jours tout a basculé, Donald Trump accusant Zelensky d’avoir initié la guerre, le qualifiant de dictateur. Un mensonge éhonté. Si ces mots peuvent être retenus, ils ne peuvent l’être qu’à l’adresse de Vladimir Poutine que Donald Trump épargne. Pourquoi… ?
Comment aussi ne pas comprendre l’inquiétude des ukrainiens de voir qu’ils ne sont pas invités à la table des négociations, pas davantage, à ce jour, ses alliés européens. Tout se prépare dans leur dos, quel mépris pour les absents ! Un scandale.
Donald Trump n’a qu’une volonté faire valoir sa force et sa puissance, tout comme Vladimir Poutine. Que peuvent-ils imposer de durable ?
Faute du respect de ce peuple sauvagement attaqué, les armes peut-être se tairont un moment. Il ne s’agira alors que d’un cessez-le-feu. La paix durable ne s’arrache pas, elle se construit.
Il appartient aux alliés et à ceux qui se sont reliés aux ukrainiens de veiller à ce que la petite fille espérance ne soit pas assassinée.
L’idée européenne s’est forgée au sortir d’un drame. L’idéal de ses pionniers a parfois été mis en brèche au risque d’une Institution technocratique mal aimée pour être mal comprise. En cette heure où les valeurs de notre civilisation peuvent soudainement basculer pour être substituées par la force, n’abandons pas les idéaux qui ont donné naissance à l’Europe : s’unir et servir pour ne point se laisser asservir.
Cet idéal appelle un sursaut moral et c’est bien ici que la petite fille espérance a toute sa place.
Dans ce temps de désarroi, d’interrogations, un grand chantier s’ouvre : donner vie à l’Europe, non pas seulement sur un plan économique, financier, mais aussi et surtout, en étant attentifs à ce qui nous rassemble et par là même nous enracine vers ce meilleur, chance d’un réveil pour privilégier les valeurs des pères fondateurs.
Cet enjeu qui n’est pas sans noblesse rejoint Saint-Exupéry dans « Pilote de guerre », souvenons-nous, la grandeur de ma civilisation c’est que cent mineurs s’y doivent de risquer leur vie pour le sauvetage d’un seul mineur enseveli. Ils sauvent l’Homme.
Qu’allons-nous sauver : des parts de marché, des territoires ou des hommes ?
Puissions-nous avoir la force de caractère de nos amis ukrainiens pour résister afin de ne pas assister à une défaite de l’esprit qui serait alors celle de l’Europe.
Bernard Devert
Février 2025
