Cette troisième voie, insuffisamment recherchée, il s’ensuit des relations économiques, sociales et politiques qui s’altèrent, pour le moins se durcissent. Ne parle-t-on pas de communautarismes rampants ou encore de groupes formant des blocs, chacun étant sûr de sa vérité, d’où bien des violences et cette interrogation aussi lasse qu’amère, où allons-nous ?
Notre Société souffre ; il lui manque des espaces d’écoute, de bienveillance et de compréhension.
Vous vous souvenez de cette apostrophe : « et la tendresse, bordel », reprise dans le film de Patrick Schulmann.
Les évènements, non sans péril que nous traversons, sont des affrontements entre des géants aux petits pieds, enfermés dans leur certitude que la force est la condition de l’avenir et de la survie de leurs empires.
Il appartient aux hommes de bonne volonté – et ils ne manquent pas ‑ d’instaurer une troisième voie mettant à distance ces idéologies et dominations destructrices de l’humanisme.
Puis-je, ici, rappeler le récit de la femme adultère. Quel lien avec mon propos, me direz-vous.
Rappelons-nous, cette femme prise en flagrant délit d’adultère est immédiatement arrêtée par des hommes et amenée vers Jésus lui disant qu’au nom de la loi, elle mérite d’être lapidée. Ils ajoutent, ces gens-là méritent la mort.
Ces gens-là, quel mépris, observons tristement que l’expression est courante.
Jésus est confronté à un dilemme, sauver cette femme en transgressant la loi, la prendre en compte, c’est alors consentir à sa condamnation à mort.
C’est là qu’une troisième voie intervient faisant surgir de nouveaux possibles qui naissent dès lors qu’on s’éloigne des tyrans pour donner le primat à la miséricorde et à l’amour qui, seuls, sauvent.
Alors que ces hommes sont déterminés à rouer de coups cette femme jusqu’à la mort en donnant libre court à la « roue du diable », Jésus leur propose de s’interroger sur leur fragilité. Prise en compte, voici qu’autant de petits cailloux blancs enrayent cette roue.
La loi est renversée, pour le moins traversée, par la compréhension de l’autre. Souvenons-nous des mots de Lao Tseu, le dur est compagnon de la mort, le fragile est compagnon de la vie.
Le cercle de la violence brisé, cette femme s’entend dire par Jésus : « ils ne t’ont pas condamnée » ; un étonnement lumineux qui ouvre un espace d’émerveillement auquel s’associe le Fils de l’Homme : moi non plus, lui dit-il.
Il y a ici un « nous » qui s’opère entre Jésus et ces hommes. Un chemin partagé de vie et de liberté se fait jour, l’impensable a surgi et se poursuit par ce mot : « va », une confiance qui transfigure les relations.
N’est-ce pas cela la fraternité ; elle se construit dans des déplacements intérieurs, alors la tendresse de la voix du cœur fait naître cette troisième voie.
Bernard Devert
Avril 2025
