Agir pour bâtir un monde plus humain

Prendre soin, c’est toujours s’approcher de ce réel que parfois nous ne voudrions pas voir. Chacun d’entre nous ne s’est-il pas un jour écrié : « ce n’est pas possible », un réel qui cogne et fait mal. Il n’est plus envisageable de reculer, il faut agir.

Le secret de l’action, dit le philosophe Alain, est de s’y mettre. Nos aînés avaient aussi cet adage de la même veine, « remettre l’ouvrage sur le métier », ô combien essentiel pour refuser la banalisation du mal qui assaille plus que nous ne le pensons. Ne s’est-elle pas installée pour constater que désormais l’absence ou l’indécence d’un logement mobilise si peu.

Les chiffres, nous les connaissons mais ils n’accrochent plus, alors qu’il s’agit de personnes en souffrance, confrontées à de graves ruptures qui, si nous n’y prenons pas garde, conduisent vers des abîmes, loin d’être étrangers à la mort sociale.

L’habitat est un bien, un droit mais aussi une protection qui, lorsqu’elle manque, met en échec ce prendre-soin si nécessaire pour se relever, en d’autres termes retrouver l’estime de soi.

Stéphane Hessel, dans son petit livre « Indignez-vous », dit que la pire des attitudes est l’indifférence ; dire je n’y peux rien, c’est perdre l’une des composantes essentielles qui fait l’humain, l’indignation ; l’engagement en est la conséquence.

Comme acteur du prendre-soin, nous avons besoin d’un soutien appuyé de votre part. Ne nous le refusez pas.

De nombreuses personnes en situation de précarité ne peuvent pas vivre la période de convalescence à l’issue de leur hospitalisation :

  • parce qu’elles n’ont pas de domicile fixe,
  • ou parce que leur domicile est inadapté à leurs conditions physiques ou psychiques,

De ce fait, les hôpitaux voient nombre de leurs lits occupés au-delà de ce qui serait nécessaire par des patients qui ne peuvent pas sortir, faute d’endroits où les orienter. Ce phénomène des « bed-blockers » est bien connu.

Aussi, mettons-nous en place, en lien avec les hôpitaux, un dispositif qui soulage à la fois les personnes convalescentes et les Services chirurgicaux.

Ce dispositif novateur n’est pas seulement onéreux, il demande un bénévolat afin que ces personnes isolées, parfois en détresses, se sentent estimées pour être visitées. Souvenons-nous reconnaître, c’est faire naître.

La réussite de ce projet impose de rechercher des logements. Vous savez notre combat pour en réduire la vacance.

Une des clés pour sortir de l’indifférence est l’attention témoignée à ceux qui sont en difficulté. Ils ne sont plus alors une statistique anonyme mais des êtres qui, reconnus, nous invitent à entrer dans des relations nouvelles. Une citoyenneté responsable s’éveille, là commence le chemin de la fraternité.

L’ouverture des cœurs, seule, permet de lutter avec efficacité pour entrevoir que la créativité ne se développe qu’en agissant. Les iniquités et les atrocités parfois qui en résultent, alors reculent.

Vivre, n’est-ce pas partager.

Bernard Devert
Mai 2025

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