L’économie solidaire ou l’aventure du bien

Ces jours, du 10 au 18 novembre sont ceux de la semaine mettant en exergue la finance solidaire.

Alors que la finance est omniprésente et omnipuissante, ne parle-t-on pas de la financiarisation de l’économie. Dans ce contexte, quelle place a l’économie solidaire dont il faut reconnaître qu’elle reste très discrète (trop), alors qu’elle a une réelle efficience sur le plan sociétal.

L’Economie Sociale et Solidaire n’est pas une niche, pas davantage une forme marginale de l’économie au motif qu’elle sert la cause de ceux qui sont aux marges.

Quel en est le carburant ? Votre décision de refuser de mettre l’intérêt et la rentabilité au centre de la vie dont les conséquences sont redoutables pour placer aux périphéries les plus fragiles de nos concitoyens.

Cette économie, créatrice d’un avenir, naît d’une sagesse mettant à distance la brutalité du ‘toujours plus’ et du ‘tout, tout de suite’. La recherche de ce qui est juste, équilibré, ne témoigne-t-elle pas d’une volonté concrète de bâtir un monde plus attentif au bien commun.

La qualité de vie ne dépend pas de la possession de biens mais d’une vigilance à des partages créatifs pour faire taire le bruissement des cupidités et fébrilités qui fait tant de bruit et tant de mal.

Nous sommes là au cœur de l’engagement d’Habitat et Humanisme.

L’actualité ne cesse de nous parler de ces récits de « corsaires » mettant sur des récifs ceux qui s’embarquent avec des « pilotes » aux mains invisibles redoutables, gouvernant à l’aveugle pour n’avoir d’autres finalités que l’éclat de ce qui brille.

L’économie solidaire, c’est tout le contraire, des mains ouvertes et expertes, bâtissant des projets, transformant une économie au service d’une plus grande humanité.

Dans un monde devenu si dur, nous ne pouvons pas agir mollement contre l’insupportable. Quelles sont nos armes ? Si nos munitions sont désarmantes, elles n’en sont pas moins efficientes pour toucher notre cible, l’attention aux plus vulnérables.

Vous rêvez, me direz-vous, sans doute, mais alors les yeux grands ouverts. J’ose vous dire que ces rêves ne sont pas des illusions. De par nos foncières solidaires foncièrement bonnes, des milliers de logements ont été bâtis, réhabilités.

L’aventure que nous menons ne serait-elle pas celle de David et Goliath. Nous sommes des « nains ». Nous tentons de faire exister les plus pauvres avec peu de moyens, mais beaucoup d’enthousiasme avec des cœurs – dont les vôtres – qui débordent de courage face à un monde submergé par des capitaux qui se comptent par milliards, voire de trilliards.

Toute cette masse d’argent où est-elle investie, les économistes disent que ces capitaux sont flottants ; le mot est juste. Leurs détenteurs ne voient-ils pas ces hommes, ces femmes et ces enfants coulés, sans avenir pour ne pas disposer d’un toit ou d’un logement décent.

Devant des tels spectacles iniques, heureusement, il y a beaucoup de « David ». Ils ne tentent pas d’abattre les « Goliath ». Leur sujet est de faire naître, reconnaître qu’il est une autre richesse, celle d’un partage à partir d’une économie à laquelle ils s’associent pour que leur capital ‑ il demeure le leur ‑ soit au service des plus fragiles.

Impossible, diront certains ; folie diront d’autres, gardez les pieds sur terre. Justement cette économie solidaire ne s’éloigne pas du réel ; elle le prend à bras le corps pour le transformer. J’ai peur d’entendre les cyniques. Je reste, avec vous, habité par l’esprit de Dostoïevski : il me faut devenir meilleur pour le monde le soit.

Une certaine économie, celle de la solidarité, trouve ici sa place, toute sa place.

Bernard Devert
Novembre 2025

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