Il y a 80 ans, des hommes épris de liberté acceptaient de prendre tous les risques, à commencer par celui de donner leur vie pour chasser l’envahisseur de notre Pays.
L’ennemi s’était outrageusement installé, salissant nos murs de ses croix gammées, pour en gommer les valeurs de notre civilisation. Seulement, la culture de mort n’est pas et ne sera jamais celle de la France et de ses alliés.
Certes, les heures sombres n’ont pas manqué. L’esprit diabolique, qu’est le nazisme, s’est emparé d’hommes et de femmes pourtant cultivés qui, cédant aux illusions de la force, se sont éloignés de ce qui est juste jusqu’à collaborer.
Laissons-là le tragique de cette cupidité et de ces vilénies qui n’ont pas tenu et ne pouvaient pas tenir au regard du vent de résistance qui s’était levé, celui du courage et de l’honneur, aussi rien, absolument rien, ne pouvait l’arrêter.
Il y a 80 ans, un inattendu préparé avec soin par les forces libres, par là-même vitales, suscitait le « jour le plus long », mettant un terme à la nuit.
Aucun de ceux qui furent abattus lors du débarquement n’eurent les yeux fermés par la mort pour l’avoir acceptée et regardée en face ; ils l’avaient décapitée, tant ils étaient des vivants pour habiter le déjà-là d’un infini, brisant les finitudes.
Il nous faut, 80 ans plus tard, continuer à veiller pour être un peuple libre.
L’heure n’est-elle pas de s’embarquer résolument pour habiter une terre de fraternité ; il ne s’agit pas de la désirer, mais de la bâtir en partant à l’assaut de ces murailles et de ces frontières, loin d’être invisibles, tant elles mettent sur le pavé les plus fragiles. Ils sont si nombreux !
Déshumaniser, c’est faire violence à cette part inviolable de l’être qui a pour nom la dignité. Les nazis en étaient des maîtres.
Résister, c’est être libre, refusant que soit instrumentalisé l’étranger comme bouc émissaire de nos échecs et de nos difficultés.
Résister, c’est s’éloigner de ces idées où le nationalisme est présenté comme la sauvegarde de la Nation. N’est-elle pas une âme qui ne saurait être enfermée pour être source de vie.
Construire l’Europe, ce n’est pas renoncer à ce qui fait notre histoire, mais l’envisager comme la chance d’un monde plus unifié. Ici, nous trouvons les raisons de sauver cet essentiel qui nous sauve des petitesses, où le refus de l’autre trouve tant de refuges et d’alibis.
Il nous faut, 80 ans plus tard, être attentifs à la guerre en Europe que subit l’Ukraine, assaillie par un tyran justifiant l’inacceptable pour considérer les ukrainiens comme des nazis.
Il nous faut veiller pour faire société et par là-même débarquer, là où c’est nécessaire, pour rejeter l’indifférence, ce venin qui détruit l’humanisme.
Il y a 80 ans des hommes se sont levés pour que nous soyons libres.
Cette liberté a le prix des larmes, tant les deuils qu’elle a causés sont nombreux. Aussi le respect de l’histoire ne conduit pas seulement à se souvenir, mais à faire mémoire de cette vie donnée pour qu’à notre tour, nous risquions la nôtre afin que ne meurt pas notre civilisation.
Bernard Devert
Juin 2024
