Deux temps forts que le 20è anniversaires d’Habitat et Humanisme Loiret et celui de la Côte d’Or. Leur réussite fut celle d’une mobilisation contre notre adversaire, l’indifférence.
Oui, il est possible d’agir contre le fléau prégnant du mal logement. Alors, pourquoi nous résiste-t-il ?
Une métastase, nommée la fatalité, ronge les liens sociaux. Pour se défendre, le corps social distille à dose homéopathique l’idée que ceux qui subissent ce malheur ne sont pas que des victimes, ils ont part avec le mal.
La responsabilité ainsi déplacée, s’installe le palliatif social sauvant les apparences du naufrage, le nôtre.
Comment mieux représenter HH que par un cœur. Il apprend à écouter les personnes qui, aux portes de ces logements ou de ces millions de m² vacants, s’interrogent : suis-je de trop ?
Soufflant les bougies, ce furent autant de cœurs qui, à l’unisson, donnèrent corps et âme à ce combat nécessaire aux côtés de ceux qui vivent comme des ‘galèriens’.
Galère de ces familles, nommées monoparentales ; l’expression technocratique, si elle tend à occulter le drame, ne peut faire oublier qu’il s’agit essentiellement de visages de mamans et d’enfants, en dérive affective et sociale.
Depuis 30 ans – 20 ans pour HH Loiret – notre Mouvement construit pour une ville plus humaine. Plus de 18 000 familles ont ainsi pu trouver un logement qui n’ajoute pas de la misère là où il n’y en a que trop, notamment dans ces quartiers confrontés à une massification des détresses.
Construire autrement pour ceux qui n’ont pas de toit, n’est-ce pas aussi envisager différemment une relation à l’urbain. Le Pape François, dans son exhortation ‘La joie de l’Evangile’ dit : « Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents et font de cette intégration un nouveau facteur de développement !»
Notre parole est discrète, trop sans doute. Dans le flot des discours sans lendemain pour être vains, nous croyons que la seule parole crédible est celle de ceux qui, trouvant enfin un logement, témoignent de nouveaux possibles.
Qui peut consentir à les leur refuser ou encore rester indifférent au fait que 600 000 enfants sont victimes en France de la pauvreté dont le mal logement est un des symptômes.
Depuis tant d’années, cette situation est rappelée sans parvenir à mettre à mal ce fléau. Quel drame que de tout dédramatiser. L’heure est d’entrer dans la résistance active pour dire non au fait que les plus vulnérables aient un avenir aussi ‘déchiré’.
Qui peut dire : je ne savais pas ?
Les mots sont usés ; ils soulignent depuis des lustres une situation bien installée pour ces millions de personnes qui, abusées par l’attente, ne trouvent aucune possibilité de s’installer.
Qui n’a pas observé, quelque peu gêné, ces colonnes d’hommes et de femmes devant les préfectures essayant d’obtenir des papiers pour exister ou une inscription pour continuer les démarches en vue de l’attribution hypothétique d’un logement social.
La ville est meurtrière de l’humain.
Je n’ose ici parler d’urgence, tant ce mot peut faire sourire, et surtout souffrir ceux qui attendent parfois 10 ans pour obtenir un logement décent.
Il n’y a donc personne pour entendre, personne pour comprendre.
Si, vous.
Vous, qui en ce 20ème anniversaire d’HH Loiret avec bien d’autres associations, marquez un intérêt à la cause que nous défendons. Vous, sympathisants du Mouvement, bénévoles d’accompagnement ou associés de nos opérations qui entendez bâtir des biens au service des liens.
A toutes les époques des ‘Justes’ se sont levés ; ils pensaient ne rien faire d’exceptionnel, juste rendre possible un avenir plus humain.
L’honneur de chacun ne serait-il pas de refuser que s’actualise avec la baisse du thermomètre, ou ses excès, le risque d’une mort annoncée pour ceux qui n’ont pas de toit. Immanquablement, la « faucheuse » s’active sur les trottoirs de l’indifférence.
S’inquiéter de ceux qui n’ont pas de toit, ne serait-ce pas s’interroger sur le respect de la vie. Les actualités récentes ont souligné la spontanéité d’une Société à descendre dans la rue pour la défendre.
La vie des plus pauvres serait-elle si dévaluée qu’elle n’exige point la même mobilisation.
La réponse n’est surtout pas l’indignation mais l’ouverture de nouveaux chantiers ; tous nous en sommes les maîtres de l’œuvre.
Bernard Devert
Juin 2015
beau texte . Ameliorer comment ? L’indifference ,les systèmes etablis,les conservateurs,politiques diverses et leur organisations ,ong, les associations …,votre action HH , les églises et on peut allonger la liste ; c’est surement un réveil des consciences qui est nécessaire .Et ce mal ou non logement et sa misère touche encore aussi de bons français « normaux » ( accident de la vie !, licenciements,chomage,+ de 50 ans ….) malgré des compétences acquises,plus de reconnaissance ,et pire si il ou elle est « typées » ou 2eme génération (je fais attention au langage).j’ai la conviction que vous HH faîtes très bien mais ne suffisait pas,avec emmaus,secours catho,pact,services sociaux ….finalement monsieur cette situation n’est elle pas voulue ou entretenue.bien à vous .