« Vivement dans trois ans. Qu’ils s’en aillent » nous écrit une opposante à la création d’un village d’insertion au bénéfice de Roms ; elle termine sa lettre par
« bon courage », oubliant celui de la signer !
Pourquoi cette hospitalité est-elle traversée par une hostilité alors que ces 16 familles sont à la joie d’apprendre à lire, – pour les enfants, voire les parents -, de s’éveiller à un autrement de leur histoire via ce village d’insertion qui n’aurait jamais vu le jour sans la détermination du Préfet de Région et du Préfet à l’Egalité des Chances.
Il est des valeurs qui sont si fondatrices d’une Nation qu’elles exigent de la fermeté pour ne point sombrer dans des dérives perverses. L’article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme rappelle que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Cette fraternité est un appel à la bâtir, tel ce village d’insertion placé dans le cadre du dispositif innovant ou école et formation s’embrassent pour que les plus rejetés de nos sociétés trouvent enfin une place.
Ce village est une ouverture mettant hors-jeu des conditions de vie, si dégradantes qu’elles auraient dû nous révolter pour ne point pactiser avec l’inacceptable. En éradiquer les causes, c’est faire œuvre de paix.
Il y a deux mois, les familles roms de ce village s’éveillaient à l’inattendu d’un avenir.
Dommage que certains soient en attente de faux pas de la part de ces Roms, notamment des enfants. Ne les voyant pas arriver, ils s’énervent et montent en épingle de faux méfaits, confiant à la rumeur le soin de tout assombrir : elle est experte pour nourrir la haine.
L’un des habitants m’envoie un SMS : voyez, ils ne peuvent vivre que de vols. Seulement, le scénario grossier et mensonger ne résiste pas à l’examen : l’enfant présenté comme voleur aurait été suivi en voiture par le propriétaire de la bicyclette jusqu’à l’entrée du village. Après audition, la gendarmerie dément cette version des faits. La rumeur est partie : les Roms ne peuvent pas s’intégrer.
D’autres accusent les enfants de mendier devant une boulangerie. L’artisan a le courage d’infirmer ces propos.
Ce village d’insertion est un enfantement du respect de ceux qui, accablés par la vie, s’interrogent ; pourquoi suis-je si discriminé, quelle faute ai-je commise ?
Frère Rom, la faute est celle de la culture de mort, celle du déchet pour reprendre l’expression du Pape François, rappelant que là où l’homme n’a pas d’utilité, il est dramatiquement jeté.
Ce village d’insertion, laboratoire pour dire non à ce rejet, est rejoint par des chercheurs d’humanité qui donnent de leur temps pour faire naître une autre culture. D’aucuns diront que c’est un temps perdu, mais n’est-il pas celui-là même qui s’avère un temps gagné pour être celui de l’espérance.
Bernard Devert
27 février 2016
trop bien votre article !
Alix
Oui c’est très bien mais pourquoi Habitat et Humanisme ne s’intéresse pas aux familles françaises du voyage. Beaucoup d’entre elles sont d’origine rom, arrivées au 15ème siècle. Beaucoup veulent se sédentariser mais n’ont pas de moyens financiers et les collectivités locales freinent des 4 fers pour ne pas créer des terrains familiaux.
Une bénévole HH
Mr Devert,
Comme depuis le début de cette histoire, vous êtes dans le sentimentalisme voire le prosélitisme et ne parlez jamais du fond.
Vous évitez le débats sur les objections concrètes des habitants sur le projet, à savoir l’opacité du financement et des choix des interlocuteurs, la scolarisation des enfants (cela a un coup pour la commune qui devra soit augmenter les impôts soit rogner sur un autre service public aux habitants), le manque de concertation,…
Bref quand une décision va dans votre sens, vous faites fi des principes de démocratie, de transparence et de respect des règles de droit, ce qui me fait doucement rire vu votre allusion à la déclaration des Droits de l’Homme.
Alors bien sûr, les roms vivent dans la misère, bien sûr certaines personnes ont un discours racistes, bien sûr certaines familles roms veulent s’intégrer. Mais vous omettez tout le reste, les études sur le sujet qui préconise une gestion individuelle et pas en village, le côté ghetto du site, le coût exorbitant des bungalows, la volonté de certaines familles de ne pas s’intégrer, l’autoritarisme du préfet, …
Finalement, vous avez vos convictions et vous les mettez en œuvre. Cela pourrait être louable si ce n’était pas fait avec des méthodes d’un autre temps où le citoyen n’a pas sa place et où tout se joue dans les salons dorés de la préfecture. Et c’est au final cela qui m’a le plus déçu.
Je ne sais pas à qui je m’adresse, le mail n’étant pas signé. Maintes et maintes fois, je me suis expliqué sur l’urgence de sortir des enfants et leurs parents de bidonvilles. Les situations inacceptables ne doivent pas être tolérées. Ce que vous appelez l’intolérance du Préfet, n’est que sa ferme conviction d’être respectueux des plus fragiles ; son attitude mérite du respect. Bien à vous.Bernard Devert