La réussite des « Gilets jaunes », soutenue par une opinion jusque-là favorable, met cependant en échec les corps intermédiaires qui n’ont pas trouvé auprès du Gouvernement l’attention qu’ils espéraient. La violence a payé !
L’expression de cette crise sociale s’exprime chaque samedi depuis 8 semaines ; elle traduit la lassitude mais aussi la détresse de ceux qui n’en peuvent plus de n’avoir comme ressources que ce fameux « reste à vivre », avec comme corollaire des fins de mois qui commencent très tôt, laissant le goût amer de se sentir délaissés ou de ne compter pour rien au sein de la Société.
La pauvreté est une violence mettant en berne l’avenir de ceux qui la subissent.
Monsieur Emmanuel Macron, lors de ses vœux, rappela que chaque personne est nécessaire à la Nation. Cette reconnaissance devrait s’inscrire dans le continuum des engagements présentés par le Chef de l’Etat le 13 septembre 2018 pour lutter contre la pauvreté, non point seulement l’atténuer mais d’abord et surtout l’éradiquer tant elle est destructrice des personnes.
Dehors la misère ! Qui ne se mobiliserait pas pour en finir avec un malheur récurrent qui, avec le mal-logement, le chômage, s’inscrit dans un paysage auquel on s’habitue pour ne point se laisser habiter par cette pressante question : qu’en est-il du respect des personnes fragilisées ?
Il y a ici une responsabilité qui offre à la Nation un enjeu décisif et déterminant pour construire la cohésion sociale dont le ciment est l’équité.
La fraternité, troisième et dernier terme de notre devise républicaine, est restée longtemps l’oubliée ; elle pourrait bien s’imposer comme première. Souvenons-nous qu’à un moment de l’histoire, elle fut placée entre liberté et égalité.
La crise de représentativité qui se fait jour entraînera-t-elle une démocratie plus participative. D’aucuns la souhaitent. Encore faut-il que les échanges ne soient pas vains pour ne pas susciter de plus grandes frustrations avec les risques qui s’ensuivraient pour l’équilibre de la Société.
Germaine Tillion, cette grande résistante, aimait à dire « en matière de vérité, il n’y a pas de frontière ».
L’heure est celle de l’innovation plutôt que de s’arc-bouter sur des certitudes en termes de défenses et d’intérêts jusqu’à feindre d’ignorer un autrement.
Plutôt que d’avoir en boucle des scènes de violences, il conviendrait que soient proposés par des experts des moments de réflexion, accompagnés de scenarii, afin que chaque citoyen soit plus au clair avec les marges de manœuvre possibles pour se prononcer quant aux changements attendus pour une Société moins fracturée.
La sagesse, loin d’être fille de la passivité, est une chance pour trouver un modus operandi aux fins de parvenir à reconnaître ce qui est possible en posant de façon intangible l’impossible de tolérer misère et pauvreté.
Certes, le Pays est confronté à un surendettement et à une économie mondialisée qui doit faire face à des règles sévères de concurrence mais, pour autant, la profitabilité des entreprises n’est pas en baisse.
Un pessimisme ambiant laisse penser que l’économie se détériore, mais d’autres experts évaluent que ce propos manque de mesure et de nuance. A imaginer le pire comme proche, on le crée.
Une attente se fait jour de recueillir des analyses contradictoires présentées avec pédagogie et tempérance pour mieux évaluer les difficultés, mais aussi le champ des nouveaux possibles. Les concitoyens se sentiraient alors respectés, disposant enfin des éléments d’analyse pour mieux comprendre et par-là même s’entendre.
Bernard Devert
Janvier 2019
Monsieur vous qui êtes un homme « reconnu »dans la société civile , pouvez-vous vous engager plus avant , trouver « ces experts,bienveiilants, intelligents,désintéressés »
j »ai le sentiment que ces hommes existent , ils ont un savoir faire , il n’ose pas , par prudence …peur
faites passer votre message , faites le relayer ….que se manifestent des hommes de bonne volonté…merci
Bonjour
Je lis avec intérêt vos messages depuis bientôt 2 ans. Jusqu’à maintenant j’étais plutôt en phase avec vous mais depuis le 17 novembre je ne peux pas cautionner votre parti pris.
La violence ne vient pas que d’un seul côté et les vrais pauvres ne sont pas sir les ronds points ou dans les manifs.
Donc je me désabonne.
Oui, l’heure est maintenant à un dialogue réel et constructif, car l’injustice sociale dénoncée par les GJ est bien réelle et vraie, mais je crains qu’avec les postures récentes de part et d’autre de ces derniers jours, les conditions ne soient pas remplies pour ce grand dialogue citoyen.
Gilets jaunes contre Foulards rouges, quelle image de fraternité ?
Heureusement, le pire n’est jamais sur.
Bonsoir à tous,
Comme discuté aujourd’hui en famille et amis, je ne suis pas surpris que notre président Emmanuel Macron dise dans sa lettre ne pas vouloir écarter à priori toute question, tout en fixant les grandes directions du débat.
Il désavoue en ce sens Benjamin Griveaux, porte parole, fixant pour sa part a priori les interdits, tabous, sans surprise à vrai dire.
Cette semaine, ou la suivante, devrait voir plusieurs têtes rouler, dont celle de Chantal Jouanno, inéluctable, voulant garder le poste mais pas ses obligations, s’abaissant à demander même au président une réduction de salaire. Pitoyable.
Le 21 Janvier 1793, roulait la tête de Louis XVI.
Et notre maire de Lyon, Gérard Collomb, ex ministre de l’intérieur, a su reprendre ses billes à temps, l’expérience est parfois salutaire, malgré les sarcasmes dont il a été bien sûr la cible.
Les services généraux ont quand même un intérêt, du moins dans ce cas, ils savent quelques jours avant nous ce qui va se passer.
Bon, ceci-dit, souhaitons que l’on puisse revenir à une situation de vrai dialogue et construction car sinon ce serait désespérant. Le pire n’est jamais sur.
Bonne soirée à tous
EXCLUSIF. La lettre ouverte d’Emmanuel Macron aux Français https://www.lepoint.fr/tiny/1-2285444 via @LePoint