Pâques, une fête pour tous ceux qui suscitent de l’espérance

Pâques introduit un passage, un aller vers, un au-delà qui n’est pas sans ébranler, pour le moins interroger les finitudes qui enferment. Croire en la Résurrection, c’est habiter cette conviction que l’amour est plus fort que la mort.

Quelle que soit notre foi, chacun de nous tente de susciter – et ce mot est dans ressusciter – la possibilité de faire se lever des perspectives novatrices.

Ainsi, la fraternité suscite une nouvelle donne, se révélant un passage lumineux. Il est heureux de voir sur le plan social et sociétal, combien ces résurrections sont plus nombreuses qu’on ne le pense.

Donner la main, c’est faire naître des possibles. Il vous souvient de cette expression qui fit florès et qui a été largement discutée : traversez la rue, vous trouverez du travail. Certes, mais encore faut-il des accompagnateurs qui facilitent la traversée.

Le fait d’être démuni, et les causes sont multiples, entraîne une perte de confiance et d’estime de soi. Qui n’a pas entendu : je n’y arriverai pas, ou encore, c’est trop tard, c’est fini !

En facilitant les traversées, la mort sociale s’estompe. Une résurrection s’opère, accompagnée d’une espérance contagieuse de la part de ceux qui soudain se remettent à vivre à partir d’un événement qu’ils n’espéraient plus. Nul besoin qu’il soit grandiose, il suffit qu’il rejoigne secrètement une attente.

L’ouverture d’un logement, attendu depuis longtemps, trop longtemps, éveille ce bonheur, celui d’un autrement. Il en est de même quand nous accueillons nos grands aînés dans des lieux de vie ouverts et de bienveillance traduisant l’humanisme comme un soin.

La misère met l’espoir en lambeaux. La mission d’Habitat et Humanisme – pardonnez son insuffisance, en tout cas la mienne – est d’intervenir pour faire rouler, déplacer ces pierres qui enferment ceux-là mêmes pensant ne jamais pouvoir se sortir d’espaces mortifères.

Les dons que vous apportez, ou encore les investissements que vous réalisez au sein de nos foncières, relèvent de votre volonté de faire gagner « les perdus de la terre » afin qu’ils quittent ce ressenti destructeur de n’être rien.

La résurrection interroge l’Histoire, parfois notre histoire quand nous nous inquiétons de susciter, ici et maintenant, des actes donnant naissance à un humanisme qui ne se paye pas de mots.

Alors, nous nous orientons vers la montée d’une présence universelle, à la fois immortalisante et unissante, pour reprendre les mots de Teilhard.

Je ne sais si la résurrection est folie, mais vous refusez – quelle chance – cette sagesse de vivre pour soi avec les mêmes sur des chemins piétinés par les certitudes, lits de ces violences brûlant les liens, sans toucher paradoxalement aux illusions qui perdurent.

Etranges ces illusions qui ont la vie longue ; comment s’en étonner pour être présentées par mille et une facilités, mettant à distance la fraternité. J’existe et cela suffit.

Seulement pour exister vraiment, peut-être faut-il envisager de tutoyer le mystère, à commencer par le mystère de l’autre. Ne serait-ce pas cela ressusciter, faire toutes choses nouvelles pour se laisser habiter par ce souffle de l’inespéré et tout simplement le goût de l’autre.

Belles et joyeuses fêtes de Pâques

Bernard Devert
Mars 2024

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