J’ai le sentiment d’avancer comme un âne, pour ne point parvenir à faire bouger quelques lignes qui aligneraient deux planètes, celle des propriétaires de logements vacants et celle des personnes à la recherche d’un toit.
D’aucuns diront que, sans être à mille lieues, elles restent très éloignées. Est-ce si sûr ? Il nous appartient de ne point nous enfermer dans ce que nous nommons trop facilement le réel, cette chape permettant de prendre la tangente. Aussi, donnons-nous les moyens de rapprocher des lieux pour qu’ils donnent lieu à un autrement. Une utopie ? Si oui, faisons-là exister.
Ce possible, je l’ai évoqué dans de précédentes chroniques. Puis-je rappeler ma disponibilité pour m’en entretenir de vive voix ou par courriel. Quel intérêt de laisser un appartement vacant, toutes portes verrouillées. Inquiétude de prendre des risques ou peur de se trouver en difficulté en raison des travaux à supporter, attendu les normes à respecter, lesquelles effectivement ne sauraient être sous-estimées.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que la solidarité c’est l’affaire des autres. Elle est la nôtre, celle d’Habitat et Humanisme. L’association se donne comme exigence éthique de ne pas dénoncer – c’est tellement facile –mais d’énoncer des propositions concrètes qui changent la donne.
En un mot, comme en cent, nous participerons, comme nous le faisons déjà, mais insuffisamment, en prenant en charge les travaux. Vous, propriétaires de ces biens qui s’abiment physiquement, confiez-nous-en la gestion. Vous n’avez aucun intérêt à ce que cette vacance perdure.
Pour quelle durée cette mise à disposition ? Celle nécessaire et suffisante aux fins de retrouver les fonds propres investis. Le loyer sera celui du logement social, nous pouvons aussi être votre locataire.
Une condition, ce bien doit être situé en ville ou dans une métropole.
Il y a huit jours nous célébrions la Pentecôte qui annihile le mythe de Babel où les mêmes restaient entre eux, se mettant à distance des plus fragiles, rejetés dans un ailleurs. Il prend désormais figure de ces tentes par milliers qui jonchent les trottoirs de nos villes alors que des logements, 320 000, sont vacants au sein des grandes agglomérations.
Ce constat est terrifiant. Insuffisantes, les indignations ; avec vous réduisons cette iniquité et même cette aberration.
Ensemble, agissons au cœur de ce programme sachant que vous pouvez décider de vendre votre bien vacant, ou mieux de faire un apport à titre onéreux à notre foncière solidaire. Vous bénéficierez d’un avantage fiscal de 25% de sa valeur en gardant la propriété sous forme de parts solidaires, libérés ainsi de nombreuses contraintes.
Conjointement, prenons la main sur le marché pour qu’il y ait un demain plus humain. Mon propos n’est pas celui du don qui trouve toute sa place, mais il s’agit ici d’un investissement où l’intérêt se laisse interroger par celui de l’autre, des autres.
Je me permettrai de citer le Pape François. Il note son inquiétude face à l’augmentation de l’indifférence égoïste qui fait que chacun ne s’intéresse qu’à ce qui est bon pour lui. Tout va bien, si cela va bien pour moi et quand quelque chose ne va pas, ajoute-t-il, c’est un déchaînement de colère.
L’encyclopédiste Denis Diderot ne disait-il pas : je veux être heureux mais je veux que les autres le soient aussi. Quelle sagesse et quelle ouverture, ensemble partageons les.
Au début de cette chronique, j’évoquais l’âne, symbolique de l’humilité. Peut-être serez-vous peu nombreux à répondre à cette proposition, mais si vous la retenez, elle permettra d’avancer.
Bernard Devert
Mai 2024

oui, merci pour ces propositions concrètes et réalisables, espérons le vraiment.
felicitations pour cette démarche de solidarité dans un monde indivisualiste.