La fraternité, un risque à courir

Ce mois de juin est celui des Assemblées Générales, mais aussi d’anniversaires de nombreuses associations constitutives du Mouvement Habitat et Humanisme, 59 aujourd’hui !

Il y a quelques jours, c’était celui d’H&H Loire-Atlantique née à Nantes, il y a 30 ans.

Ce temps festif s’est ouvert par un chant choral repris par toute l’Assemblée, témoignant ainsi de sa volonté d’être un espace d’harmonie. La présence des cinq présidents successifs qui ont animé l’association confortait singulièrement cette recherche.

Les dirigeants qui ont animé l’association et ceux naturellement qui ont pris le relais, tous étaient présents. Ces liens de continuité faits d’amitié en disent long sur la fraternité qui, vécue à l’intérieur même de l’association, donne cet élan audacieux pour la vivre hors-les-murs.

Comme il était agréable d’entendre relater ces moments forts au cours de ces 30 années. Autant de récits de vie émanant de bâtisseurs qui se sont refusé à supporter l’inacceptable qu’est l’absence d’un toit.

Les difficultés n’ont pas manqué, mais elles furent traversées par des initiatives entrepreneuriales portées par des générosités. Toujours, elles bousculent, mais aussi conduisent à déserter le repli de soi pour aller vers l’autre-soi.

Un grand moment fut celui du spectacle. Le support était une simple scène sans goût, ni grâce. Trois hommes y montèrent, rejoignant des barrières, celles qu’on trouve parfois pour protéger, plus souvent pour interdire l’accès à des espaces au sein desquels, seuls, les grands trouvent place.

Magnifique symbolique de notre Mouvement dont la mission est de déplacer les barrières, voire si possible les supprimer.

Ces trois acteurs jouaient avec ces barrières et même se jouaient d’elles avec une telle dextérité qu’elles perdaient toute possibilité de séparer, devenant alors des échelles au service de ceux qui gravissent vers des sommets, signes de liberté.

Ces hommes libérés étaient « libérants ». L’assemblée ne s’est pas trompée pour s’être laissée habiter, emportée par cette allégorie riche de synergies que l’association entend mieux développer.

Puis-je vous avouer qu’en regardant ce spectacle, je n’ai pu m’empêcher de voir ces murs qui enferment se lézarder, parfois s’écrouler et quand ils résistent se fait jour la trace d’une ouverture annonciatrice d’un autrement qui se dessine.

Quelle justesse ce trentième anniversaire. Les bougies, je ne les ai pas vues, mais j’ai perçu bien mieux, des braises sur lesquelles ont soufflé un vent d’amitié et de reconnaissance de ce qui a été entrepris, sans donner de leçons.

Ce qui construit Habitat et Humanisme et continue à la faire vivre, ce sont des rencontres. Apparemment banales, mais elles laissent une telle empreinte qu’elle sont une première marche où s’entend cet appel à aller plus loin, pour « faire société », donnant à chacun, quelle que soit son histoire, la possibilité d’apporter sa contribution, reconnue comme pierre d’angle d’un idéal à construire.

Cet idéal n’est-il pas ce souffle qui donne corps et cœur à notre Mouvement, une espérance qui, ici et maintenant, appelle à le vivre comme un risque à courir ; quelle joie d’observer ce désir de le partager et, pour ce faire, de se rassembler.

Tout un programme pour ces semaines qui viennent.

Bernard Devert

Juin 2024

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