Cette inauguration augure bien nos perspectives de ce fameux « faire du neuf » qui nous habite et que vous êtes nombreux à rendre possible.
A l’origine, ce site était un couvent franciscain que la Congrégation sut ouvrir à des personnes isolées et dépendantes.
Pour ne point déserter l’esprit du Poverello, les Sœurs, confrontées à la pyramide des âges, ont veillé à ce que leur mission perdure. Aussi, nous ont-elles fait un cadeau, celui de leur confiance en nous invitant à participer aux investissements qui s’imposent pour répondre aux nouvelles normes et procéder à une extension de la maison, désormais constituée de 93 chambres.
Nous-mêmes avons sollicité un accompagnement de l’Agence Régionale de Santé Auvergne Rhône-Alpes, de la Caisse Nationale de Solidarité et de l’Autonomie et de la Métropole de Lyon, ainsi que de grandes Institutions gestionnaires de l’épargne salariale qui participent à notre foncière, Entreprendre pour Humaniser la Dépendance.
Nous ne saurions oublier nos souscripteurs qui s’investissent non pour recueillir un dividende, mais pour mettre en œuvre une économie de la générosité et de l’intelligence du cœur qui permet de se rapprocher de ceux que la vie fragilise.
Quand l’épargne se révèle un vecteur de solidarité, alors l’économie sociale suscite des inattendus et même des inespérés. Puisse-t-elle être mieux reconnue, que de drames alors pourraient être évités.
L’inauguration a mis en exergue une laïcité bien comprise éloignant des oppositions et crispations, d’où une coopération qui a bâti une réelle fraternité.
Toute fraternité est source de liberté. Non point un slogan mais une exigence éthique à l’égard, ici, des soignés, lesquels ne se trouvent point placés dans un Ehpad mais disposent d’un domicile. Alors, tout est bousculé et renversé, nous sommes chez eux.
Quel étonnement de voir un café au sein de la maison, chaque résident peut s’y rendre avec sa famille, ses amis ; recevoir n’est pas sans pertinence pour la qualité de vie.
Une autre des valeurs mise en œuvre est l’attention à la dignité ; elle revêt un caractère inconditionnel. La grande dépendance en est l’ennemie ; comment la combattre, si ce n’est de par la noblesse du service des soignants et de tous ceux qui participent à la vie de cette maison, notamment les bénévoles, en bâtissant des liens de compréhension et même d’amitié qui concourent à une réconciliation de ce que la personne est profondément et que rien ne peut altérer.
Christian Bobin, dans son petit mais grand ouvrage, « la Présence pure », écrit : « ceux qui ont très peu de jours et ceux qui sont très vieux sont dans un autre monde que le nôtre. En se liant à nous, ils nous font un présent inestimable ».
Ce lien trouve sa source dans la fraternité ; qu’en soient remerciés tous les bâtisseurs.
Bernard Devert
Septembre 2024
