Des passerelles entre l’hôpital et le domicile

Les hôpitaux sont des lieux de haute technicité sans pour autant se mettre en retrait d’une grande humanité, d’où leur attention à ce que les durées d’hospitalisation soient aussi maîtrisées que possible.

Cette perspective est judicieuse au moins à trois titres, la prise en compte de la demande des patients, la possibilité pour l’hôpital de répondre le plus rapidement possible aux attentes d’hospitalisation concourant à la santé de tous et la maîtrise des coûts.

Cette vigilance au bien commun appelle une attention à la fluidité des sorties d’hospitalisation. Or, elles sont difficiles quand les patients sont confrontés à la solitude, rendant délicats les soins à domicile quand la pathologie se révèle sévère, mais aussi pour les hospitalisés pénalisés sur le plan social pour ne point disposer d’un toit ou d’un logement décent.

Aussi, est-il judicieux que les soins prodigués par les soignants – c’est respecter leur engagement ‑ soient accompagnés sur le plan social d’un prendre-soin. La question du logement pour les plus fragiles est ici cruciale.

Insupportable que des hospitalisés n’aient pas d’autres alternatives que de garder ce statut, pour autant qu’il en soit un. Tout aussi dommageable le fait que la sortie de l’hôpital ne soit pas assortie, pour les plus vulnérables de notre Société, d’orientations nouvelles leur permettant de quitter ces situations si préjudiciables au plan physiologique et psychologique.

Le Mouvement Habitat et Humanisme, via ses deux branches, médico-sociale et logement, a décidé, fort du soutien de médecins et d’acteurs sociaux au sein des hôpitaux de s’investir pour offrir « un pont » pour le moins « une passerelle », d’hospitalité entre l’hôpital et l’hébergement autonome.

Ce « pont » prend corps et cœur via des mesures expérimentales à Nantes, Paris, Lyon Villeurbanne avec l’Hospitalité de Béthanie. Des appartements sont réservés pour le temps nécessaire et suffisant à ce que la personne convalescente retrouve une autonomie, dût-elle être accompagnée.

Ce dispositif, soutenu par les hôpitaux, SOS Médecins, des Centres de Soins Infirmiers et sans doute demain des bailleurs sociaux appelés à développer cette passerelle, sera jugé efficace à partir de trois critères : des délais raisonnables entre la sortie de l’hôpital et l’ouverture à l’autonomie du patient, un coût journalier maîtrisé et naturellement la satisfaction des partenaires et de ses bénéficiaires.

L’engagement financier est important, aussi travaillons-nous à la création d’un contrat à impact social, observant l’intérêt déjà porté par de grands Organismes de prévoyance.

Une des conditions majeures pour que ce programme d’aval se développe est la présence d’aidants acceptant de donner un peu de temps.

Francine Carrillo écrit, si justement, on parle souvent pour ne pas entendre et la vie s’écoule à côté. Mais ceux qui savent écouter ne sont jamais seuls. Ils donnent la parole au lieu de la confisquer, préférant donner priorité à l’hospitalité.

Cette hospitalité n’est-elle pas une entraide ; elle ne demande pas de l’argent, en tout cas pas seulement, elle est une générosité si inattendue que d’aucuns qui en bénéficient, s’interrogent étonnés, parfois émerveillés : « qui suis-je pour que l’on s’intéresse à moi ».

Quand on n’a rien ou si peu, que l’on est seul, cette autre pauvreté, savoir que l’on compte pour quelqu’un, s’éveille alors un chemin de guérison intérieur pour l’aidé, parfois aussi pour l’aidant.

J’ose vous dire, simplement et en confiance que cet appel, si vous l’accueillez, peut changer et faire changer bien des relations.

Bien fidèlement.

Bernard Devert

Septembre 2024

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