Que de bruits, de cris, se font entendre pour défendre les causes des plus nobles mais qui, pour ne point toucher le cœur, restent sans lendemain. Paul Ricœur dit : « plus l’on est habité par une parole forte, plus on doit la délivrer faiblement ».
Le cœur n’entend que la parole créatrice du silence, là où s’éveille le temps d’un discernement pour des engagements de nature à faire changer ce qui est déshumanisé.
La relation à l’Éternel est dans le même mouvement une relation à l’homme. Un Dieu incarné dans notre histoire qui nous éveille à la grâce et la joie d’une filiation pour nous faire naître à notre condition d’enfant d’un même Père.
Dieu ! Que nous sommes durs entre nous et plus encore à l’égard des oubliés de nos sociétés.
Comment ne pas se laisser interroger sur le mal-logement qui ronge le tissu social. Ce cancer semble sans thérapie pour consentir à des mesures palliatives que sont celles, par exemple, des hébergements provisoires pendant le temps de l’hiver. Que deviennent alors ces familles lorsque les camps sont levés au moment du printemps. Pouvons-nous croire raisonnablement que l’hiver, pour ces familles, s’en est allé.
Ils sont pourtant des hommes, des frères. Aucun d’entre-nous ne peut dire : je ne savais pas. Nous les croisons, certes, mais nous oublions de les rencontrer.
Que faire pour justement défaire cette indifférence ; elle n’est certes pas voulue mais ne résulte-t-elle pas du refus du silence où nous accepterions que le Seigneur pose sur nous son regard. Une transformation qui nous conduirait à regarder autrement la réalité sociale pour découvrir d’autres urgences nous conduisant vers Dieu et par là-même vers nos frères en difficulté.
Brisons les malentendus entre Dieu et l’homme, entre nous-mêmes et ceux qui nous sont différents pour nous apparaître comme étranges.
Ensemble faisons nôtre la prière de Salomon à l’Eternel : « donne-moi un cœur intelligent ».
