Quel bonheur que de partager sa joie fut-elle surprenante pour être vécue dans un lieu recevant les oubliés de nos sociétés.
Pourtant…
Dans le cadre du dispositif hivernal, 50 personnes essentiellement des familles, condamnées à faire le 115 pour trouver un abri, sont accueillies.
Elles viennent souvent de pays lointains mais la fraternité ne saurait avoir de frontières ; inquiètes et comment ne le seraient-elles pas pour ne disposer d’aucun lien social, logement, travail, statut, amis. Quel avenir ? Grande est leur solitude mais pour autant elles ne sombrent pas. Quel est leur secret ?
Je n’ai pu m’empêcher ce dimanche de l’Epiphanie de les comparer à ces mages qui, venant d’ailleurs, acceptent de prendre un autre chemin pour déserter les allées de la facilité, celles parfois du pouvoir.
Nombre d’entre eux auraient pu de par leur culture être proches des lieux de puissance ; ils ont refusé de cautionner des politiques bafouant la liberté et la dignité de l’homme jusqu’à devoir s’exiler, leur engagement les mettant en danger ; d’autres sont venus non sans audace et espérance, rechercher les conditions d’un « mieux vivre ».
Ils ont laissé bien des présents :
- l’affection et l’amitié des leurs; n’est-ce pas de l’or ?
- le pays natal avec ce parfum du mystère signifié par l’encens.
- La sécurité, déposant la myrrhe, l’huile pour soigner les blessures que révèle la vie risquée.
Sans trop se préoccuper d’eux-mêmes, ils consentent douloureusement à cet inconnu qui tranche avec nos peurs et nos crispations naissantes en ces temps difficiles. Ne nous nous invitent-ils pas à prendre un autre chemin, celui d’une plus grande liberté pour être celui de la confiance.
Les Mages étaient des riches par leur savoir. Puissions-nous ne pas les croiser mais bien les rencontrer pour recevoir d’eux une richesse inespérée, celle d’un cœur de pauvre.
Une étoile à scruter qui pourrait bien nous faire découvrir des inattendus.