Les lignes bougent

Une des lignes qui bouge est celle de la solidarité pensée, dans la seconde moitié du XX siècle, sous l’égide et l’emprise des Pouvoirs Publics.

L’Etat-providence est à bout de souffle comme beaucoup d’institutions.

Les contraintes comme toujours font progresser. Qui ne ressent pas cette brise légère, qu’est la fraternité, chance d’une nouvelle donne.

Que de brutalités assaillent notre monde :

  • de nouvelles suppressions d’emplois annoncées dans le champ économique du pétrole et des transports,
  • le nombre d’expulsions pour loyers impayés en raison du chômage massif,
  • la grande pauvreté à laquelle s’ajoutent des tyrannies infamantes, jusqu’à faire de la Méditerranée le cimetière des espoirs ou, suivant l’expression du Haut-Commissariat aux Réfugiés, « la route la plus mortelle du monde. »

Que faire, ou plus exactement que défaire pour éviter de tels drames.

Il nous souvient en 2010 du petit livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous » qui fut un grand succès de librairie, vendu à plus de 4 millions d’exemplaires. Il n’est pas sûr que désormais ces pages susciteraient un tel engouement. L’indignation a perdu de son pouvoir mirifique et illusoire, observant que la mobilisation seule est transformatrice de la Société.

Au fracas des situations dénoncées ‑ souvent avec justesse – nombre d’indignés se sont réveillés, mais qui parle, observant une fois de plus que les laissés pour compte et les sans voix étaient restés silencieux.

N’aurait-on pas oublié de se demander concrètement comment agir pour que là où nous sommes, là où nous en sommes, nous ne restions pas dans les coulisses du théâtre de la tragédie de ce monde.

Cette prise de conscience permet d’entrer dans l’hospitalité de l’écoute où l’autre devient réellement l’hôte.

Refusant d’être des souffleurs pour se laisser habiter par le souffle du changement alors les indignations se révèlent le carburant de la mobilisation pour une fraternité en marche, comme celle du 11 janvier.

Je pense au témoignage de cette femme qui, lassée par la misère qui l’insupporte, se laisse approcher par un SDF. Il fait très chaud, l’homme malade mourra d’un cancer. Partant à son travail, elle se surprend à lui laisser les clés de son appartement pour la journée. Cette mobilisation qui ne se paie pas de mots fut, dira-t-elle, ce moment où il m’a été donné de me reconstruire en humanité.

Les lignes bougent.

La fraternité progresse par la construction de ces passerelles si nécessaires pour traverser l’absurde et la déshumanisation.

Bernard Devert

Avril 2015

2 commentaires sur “Les lignes bougent

  1. A reblogué ceci sur prunelleset a ajouté:
    … une once de colère indignée pour faire démarrer la machine,un soupçon d’espoir pour une vitesse de croisière, … la vie continue à pousser verte et drue. Le jardin a bien soif de tes mains, jardinier.

  2. Au début de la soit disant crise, le CAC40 était à 2000,il est plus de 5000…on fait peur au peuple car ce qui ont veulent plus et ont peur de perdre ..le partage est possible et changerai tant de vies!C’est les riches qui ont peur de perdre! que nos associations donnent l’exemple inverse dans la confiance et la joie chrétienne
    !

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