Quand les chances sont chargées d’espoir.

Il y a quelques semaines, j’évoquais l’accueil de réfugiés syriens et irakiens qui, assaillis par la haine, ont dû fuir leur sol à la recherche d’une terre hospitalière.

Des religieuses, les Orantes de l’Assomption, les ont accueillis dans leur monastère en nous invitant à être à leurs côtés. Assidues à l’oraison, elles demeurent des femmes éveillées au sens où Luc nous dit en ce premier temps de l’Avent la nécessité de prier pour se tenir debout devant le Fils de l’homme, frère de tous l

es hommes.

Debout, pour ne point fuir devant des situations inacceptables. Debout, pour demeurer les témoins du Vivant.

Fidèles à leur mission d’hospitalité, elles ont largement participé à relever des frères qui auraient pu sombrer dans le désespoir.

Au seuil de l’Avent, voici que ces mêmes hommes vivent désormais une ouverture et une aventure d’humanité. Bethléem n’est plus loin pour être un lieu à naître. Qui n’est pas en attente ?

Avec les religieuses, nous avons entendu d’aucuns dire que c’était encore une nouvelle charge que ces réfugiés ; mais lorsque des liens d’humanité se tissent, alors ces charges se transforment en une chance traduisant de nouveaux possibles comme celui-ci :

  • Le maire d’une petite commune de l’Aveyron nous téléphone pour demander si nous n’aurions parmi ‘nos réfugiés’ un menuisier. Il s’en présentait un. Immédiatement cet homme reçut plus qu’une promesse, il était attendu.

Un village qui avec cet homme venu de loin, de très loin, trouve un professionnel répondant aux attentes restées jusque-là en souffrance.

La charge présumée de l’accueil des réfugiés est ici une chance, chargée d’espoir.

Que de petites villes ou de villages se meurent, méprisés par les mégapoles dont les feux d’illusions sont des spots qui finalement assombrisse

nt la vie des plus vulnérables, les laissant dans des situations de désarroi jusqu’à ne plus avoir de toit, privés de toute trêve, fût-elle hivernale.

Le monde rural ne peut-

il pas se révéler comme la chance d’une société plus inclusive.

Ce village de Bonnelles accueillant des réfugiés est le déjà-là d’un chemin incroyable ; des êtres qui n’avaient rien de commun ont ‘péleriné’ vers des inattendus se révélant des sommets : les craintes dépassées, le temps d’un faire-ensemble est venu rapidement, d’où des regards nouveaux offrant la trace de l’émerveillement. Tout ce qui monte converge, suivant la belle expression de Teilhard de Chardin.

Que d’hommes et de femmes prenant le chemin de Compostelle se mettent à élaborer un autrement quittant les autoroutes du prêt-à-penser  pour des chemins qui donnent le goût de l’autre.

Ces frères réfugiés, souvent installés, ont dû prendre les routes de l’improbable. Et si ces petites communes (plus de 31 000 en France ont moins de 2 000 habitants) devenaient l’imprévisible d’une école de la fraternité.

Allez, en avant !

Bernard Devert
30 novembre 2015


Bangui, sur la route de l’aéroport au Palais présidentiel  » La Renaissance ».

Un commentaire sur “Quand les chances sont chargées d’espoir.

  1. J’ai dû rater mon commentaire. Que dire de plus sur ce qui se passe à Bonnelles quand nous y avons trouvé des frères, ou plutôt des fils, voire des petits fils ? Que dire de plus quand nous découvrons que leurs vies, si dures ont-elles été, leur ont forgé des qualités humaines qui les rendent plus forts. Oui, malgré les barrières de la langue, nous rions, nous partageons des moments de joie, de tristesse aussi quand ils pensent à leur famille restée en Syrie, en Irak, en Afghanistan. Malgré les différences de culture, d’éducation, de religion nous partageons les valeurs universelles qui sont celles du cœur avec un total respect. Cette richesse inestimable que nous recevons c’est celle de la confiance qu’ils nous donnent sans compter.
    Oui, nous ne pouvons qu’inviter les maires et les administrés des petites communes à accepter l’apport de ces hommes qui veulent s’intégrer et travailler avec application.
    « Notre menuisier », vendredi dernier, respirait à travers le mensuel sur le bois que je venais de lui donner, l’odeur des copeaux qui lui manque tant et me faisait découvrir sur son portable les beaux meubles qu’il avait fabriqué.
    Bon temps de l’Avent

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