Quand tout va mal, nous sommes entourés de héros

Je voudrais vous partager, non sans émotion, deux moments vécus ces jours-ci.

Notre Mouvement gère 47 établissements médico-sociaux, ces fameux EHPAD trop souvent sous le feu de la critique, alors qu’ils se révèlent des lieux où la vie est prise en compte avec une délicatesse qui mériterait d’être mieux reconnue.

Ainsi, un de ces derniers soirs à 21 h 30, je suis appelé comme prêtre pour me rendre au chevet d’une résidente confrontée à l’angoisse.

Dans le hall d’entrée de la maison, deux aides-soignantes sont manifestement inquiètes. Je m’approche et m’enquiers de leur difficulté : un de leur patient, âgé de 94 ans, a « fugué ».

Elles me précisent avoir naturellement informé la gendarmerie mais, à cette heure très tardive, le patient n’a toujours pas été retrouvé. Il est hors de question pour elles de quitter leur service.

Vous avez des enfants – dis-je à l’une des plus jeunes. Oui, mais j’ai trouvé des voisins qui acceptent de les accueillir.

Je propose, après mon intervention auprès de la personne malade, de les accompagner pour procéder à la recherche de l’homme perdu. Elles déclinent la proposition. C’est notre travail, m’assurant qu’elles m’appelleront si leur recherche est vaine.

A 23 h 30 environ, elles me joignent pour me dire que l’homme est retrouvé sain et sauf.

Tout un engagement qui en dit long sur le « prendre soin » de nos frères fragilisés. Vous connaissez la rémunération des aides-soignants ! Dans le silence, ces soignantes se sont mobilisées. La vie, lorsqu’elle est en péril, suscite alors le meilleur qui, toujours, s’exprime par des actes de grande générosité.

Ce dimanche, une jeune femme, renversée par un chauffard est dans le coma. Je me rends au service de réanimation. L’infirmière lui parle comme si elle était présente, lui expliquant tous ses gestes avec une infinie douceur qui force le respect.

Que de grandeurs d’humanité et d’espaces infinis se dévoilent derrière des murs abritant des vies en grande souffrance.

Je sors de l’hôpital profondément touché par des êtres habités par une conscience du service qui fait du bien à l’âme.

Tant qu’il y aura des veilleurs si libérés d’eux-mêmes, notre société dispose de bien des raisons d’espérer. Les barbares sont hors-jeu.

Bernard Devert

Septembre 2019

 

 

3 commentaires sur “Quand tout va mal, nous sommes entourés de héros

  1. Merci Bernard , pour tout ce que tes témoignages nous révèlent ; et ce contre-courant sur ces dimensions d’humanité vs les opinions dominantes véhiculées;
    Amitiés Louis et Marie-Hélène

  2. Les personnes qui rentrent dans une Ehpad et leur famille sont toutes contentes d’avoir enfin une place.Elles oublient souvent que la fin de vie est une période délicate pendant laquelle une dégradation de la santé est fréquente et nécessite un personnel nombreux. Les économies demandées par l’Etat, augmentation du prix de journée inférieure souvent à celle des salaires, sont un peu contradictoires avec un prendre soin amélioré. Le personnel des Ehpad malgré leur dévouement n’arrive pas à faire plus et est souvent épuisé. Le niveau de rémunération ne compense pas les efforts et rend le recrutement difficile. L’Etat et les députés ont vraiment des arbitrages budgétaires difficiles.

  3. Bonjour Bernard
    Je sors d’une longue période d’hospitalisation et je tiens à témoigner de la douceur et du dévouement du personnel hospitalier.
    Ce sont pour la plupart de bonnes personnes qui œuvrent pour adoucir nos souffrances
    Pensée vers eux

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