Le logement, non pas une machine à loger, mais un écrin pour la vie

Le vendredi 8 octobre, Habitat et Humanisme Cher-et-Indre avait le bonheur avec ses nombreux adhérents d’inviter, en présence des futurs occupants, le Préfet, les élus pour l’inauguration d’un nouveau programme dans le centre de la ville de Bourges.

Ce fut une fête pour le cœur et pour l’esprit.

Il fut rappelé la volonté de la propriétaire de l’hôtel particulier qui a légué ce magnifique joyau à notre Mouvement, dans la perspective d’offrir des logements « abordables ». Neuf appartements sont réalisés à un coût maîtrisé.

Aborder, le verbe signe un mouvement, une avancée. Ne parle-t-on pas d’aborder, d’accoster vers une autre rive, d’où ces paysages nouveaux qui subjuguent et ouvrent le champ des possibles.

Habitat et Humanisme a joué son rôle de passeur pour que soit mis au passé le passif que sont ces profondes ruptures de liens.

Maurice Zundel souligne ce drame de la ghettoïsation, faisant dire à une personne fragilisée : « chez nous, on passe, on ne s’arrête pas ».

Le 8 octobre de 11 h à 19 h, que de personnes ont pris le temps de s’arrêter, chacune ne faisant pas mystère de sa joie d’aborder cette autre rive, la fraternité. Elle existe vraiment, nous l’avons une nouvelle fois rencontrée.

La joie de ces neuf familles, pour lesquelles s’éveillait un inespéré se faisait jour, nous a transportés vers un monde meilleur. Il se construit chaque fois qu’une attention est partagée à ceux qui n’en bénéficient pas, ou si peu.

Cet hôtel particulier, après une transformation réussie, garde sa singularité. Ce qui est particulier, loin de mettre à part, autorise tout au contraire de mieux habiter l’altérité pour accueillir celle de l’autre dans ce qu’il a d’unique ; la relation s’en trouve enrichie.

Le passage de l’individu à la personne est une des conditions de la relation et par-là même de la cohésion sociale. L’habitat est appelé à y contribuer, son rôle est même essentiel.

Bâtir est un acte de soin, il l’est tout particulièrement pour Habitat et Humanisme dont la mission est d’être proche des êtres blessés par la vie, ceux-là mêmes qui, trop souvent, ne parvenant pas à trouver leur place, restent au bord du chemin, finalement au bord des gouffres engouffrant tous les espoirs.

Que reste-t-il alors comme avenir ?

Le soin dans cette opération fut également celui de l’architecte, des artisans qui sont parvenus à réaliser un écrin, soulignant combien l’intime doit être protégé. N’est-ce pas précisément une des finalités de l’habitat.

Parler d’un écrin, c’est évoquer un trésor. Il n’en existe pas de plus grand que l’homme.

En vous partageant ces quelques mots, vous comprendrez le sens de cette fête où chacun se sentait meilleur, habité par une fraternité, clarté de l’existence, laissant entrevoir une présence ; elle n’a pas à être nommée au risque d’une caricature venant l’assombrir.

Ce moment de grâce est celui d’un émerveillement, où chacun, tel le ‘petit prince, est habité avec ses questions aussi déroutantes qu’envoûtantes, laissant pointer la gravité d’un appel et d’une reconnaissance : Esprit de solidarité, quand tu nous tiens, les différences perdent de leur suffisance, permettant d’aborder un humanisme de communion.

Bernard Devert

Octobre 2021

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