Ce vendredi 29 octobre, l’Association Habitat et Humanisme des Deux Charentes, les Deux Sèvres, inaugurait à Royan une résidence intergénérationnelle nommée la « Maison du Partage », traduisant les intuitions fondatrices du Mouvement.
Partager, c’est ouvrir l’horizon à l’autre et aux autres ; c’est aussi reconnaître que les valeurs de notre civilisation sont un réel trésor qui ne saurait être seulement théorisé, encore moins thésaurisé ; il doit être réparti. Alors naît la fraternité qui sauve la liberté, comme le rappelait si justement Victor Hugo.
Un des premiers partages, ô combien difficile, est celui de l’espace constructif. Un combat permanent pour arrêter un phénomène de ghettoïsation, déjà bien avancé, qui déchire la cohésion sociale.
La loi Solidarité et Renouvellement Urbains (S.R.U) y concourt avec l’économie solidaire, hier un rêve qui devient aujourd’hui une utopie concrète, transformatrice des relations pour introduire la diversité sociale, signe de l’avancée d’un partage.
Fraternité quand tu nous tiens, nous voici conduits à privilégier ce qui monte et converge vers cet essentiel, trace d’une clarté nécessaire pour faire des choix évitant ainsi des balbutiements donnant prise à des agitations et des hésitations pénalisantes pour les plus fragiles qui en sont les premières victimes.
Cette « Maison du Partage » est un lieu qui fait naître le possible des liens. L’objectif, comme moyen et fin, a pour ambition de mettre en œuvre les conditions d’un ‘vivre ensemble’, respectueux de l’intimité et de la singularité de chacun.
L’espace de vie qui en résulte met sur orbite la planète recherchée par le Petit Prince. Qui peut rester dans l’indifférence.
Naturellement, les liens sont constamment à construire, à développer, pour éviter la dérive d’une juxtaposition ou d’une simple cohabitation. La fraternité, si elle est une chance pour mieux vivre est aussi une exigence spirituelle.
L’humanisme ne peut le devenir vraiment que s’il se tient à distance de l’angélisme. Il nous souvient les mots de Pascal « L’homme n’est ni ange ni bête ».
La « Maison du Partage » est une hospitalité. Je crois ne pas être excessif pour dire qu’elle est au Petit Prince ce que sa fleur est pour lui, unique, comme le sont les résidents, l’âme de ce lieu et flamme de cette ouverture
Cette reconnaissance n’est pas sans offrir un émerveillement.
Vous, Monsieur le Maire, qui avez rendu possible avec vos Services d’urbanisme cette opération en l’autorisant via un permis d’avenir, vous architectes, vous artisans, qui avez participé de par vos compétences et savoir-faire à le bâtir, vous acteurs d’Habitat et Humanisme, personnes physiques et morales qui avez dirigé de l’épargne vers le partage, ainsi, vous tous, avez suscité une nouvelle planète. Elle est vaste, infinie pour avoir la dimension du cœur.
Les heures que nous traversons martelées par des propos pessimistes sont accablants par l’égoïsme et cette suffisance de se penser dans un entre soi, oubliant les autres. Qu’ils se débrouillent ! Seulement les fondements de notre civilisation qu’ils prétendent défendre ne sont pas ceux-là. Le Livre de l’humanité demeure à jamais un appel : « et les autres ».
A Royan, l’approche locale fait bouger le global. La construction des murs de cette maison n’emmure pas la fraternité mais l’autorise et la protège pour résister à la « cruauté du monde », suivant l’expression d’Edgard Morin qui, dans son centenaire, garde l’audace juvénile de soulever la pierre des bâtisseurs pour qu’elle repose sur la pierre d’angle qu’est la devise républicaine.
Ce programme fait parler, plus encore exister. Nous n’entendons pas un simple écho pour voir naître un éco système. Il se développera par ces pierres qui signent le rendez-vous des possibles.
Bernard Devert
29 octobre 2021