A Chypre, le pape François, lance un nouvel appel sur la situation dramatique des réfugiés.
Comment oublier le naufrage de 27 migrants, le 24 novembre. Ils ont trouvé la mort lors de la traversée de La Manche pour tenter d’atteindre une rive, promesse d’un autrement. Ils savaient bien que c’était au prix de leur vie, mais leur existence était devenue un cauchemar, une galère.
Ce mot « galère », souvent employé, est bien sombre pour être lié à l’esclavage. Telle est bien la condition de ceux qui, venus de loin, espèrent trouver une hospitalité, quittant ces prisons que constituent misère et violence.
« J’ai ramassé une femme enceinte, puis un enfant », déclarait le 25 novembre un des sauveteurs en mer.
Des vies saccagées ! L’émotion n’a pas manqué, mais comme il eût été préférable qu’elle se transforme en une énergie créatrice pour une sortie de l’enfer.
La violence, aggravée par le mépris des passeurs, est une mise à mort. Sans vergogne aucune, ils profitent de la détresse de ces êtres désormais sans espoir, au bout du bout, leur proposent un ‘voyage’ à destination d’une terre promise et chimérique sur des embarcations de fortune aussi vulnérables que les passagers sont fragiles.
Des contrats meurtriers qui font de ces mers des cimetières marins.
Si cette folie meurtrière est le fait de ces passeurs, ne bénéficient-ils pas d’une forme de complicité de non-assistance à personne en danger dont le chef d’accusation est un déni de fraternité.
J’entends : « nous ne pouvons pas prendre toute la misère du monde », mais attention, nos Sociétés prennent part, via un silence coupable, à cette contagion des murs qui se construisent et ces propos faciles et polémiques trouvant, ô scandale, un accueil complaisant, trahissant nos valeurs.
L’obscurantisme prendrait-il le pas sur l’ère des lumières.
La France n’est jamais aussi fidèle à ce qu’elle est que lorsqu’elle est attentive aux droits de l’homme.
Ces droits ne sont pas une charge ; ils nous obligent et nous créditent d’une ouverture qui n’a pas de prix, tant elle est une lumière pour les Nations.
Concourir à ce droit d’asile, c’est participer à cette fraternité qui nous construit vers plus d’humanité que nous voyons occultée par ce mur que nous nommons sécurité.
A ces espaces d’exil qui signent toujours des drames, l’ultime réponse est l’asile inconditionnel pour que la vie soit sauvegardée, respectée, mieux encore, sanctuarisée.
En ces jours où Joséphine Baker entre au Panthéon, rappelons-nous ses mots : « Tous les hommes n’ont pas la même couleur, le même langage, ni les mêmes mœurs, mais ils ont le même cœur, le même sang, le même besoin d’amour ».
Comment oublier que ces frères venus de loin ont déjà enduré des temps de rejets, de souffrance. Aussi, l’hospitalité espérée mérite d’être habitée d’une amitié sociale (cf. les mots de Fratelli tutti).
En mémoire de ces vies qui ont sombré, nous n’avons d’autre devoir que d’être des vivants pour refuser de nouveaux naufrages. Faudra-t-il attendre d’autres drames pour que des décisions transforment le statut des demandeurs d’asile.
Bernard Devert
Décembre 2021