Quand l’acte de construire se révèle un acte de transformation sociale

L’humanisme n’est pas une idéologie mais une façon d’être qui suscite une raison d’être.

Une façon d’être marquée par la bienveillance et à l’attention à l’autre, naissance d’une plus grande fraternité.

Le Monde du 11 octobre a publié un reportage sur l’activité qu’Habitat et Humanisme développe dans les quartiers équilibrés pour en faciliter l’accès à des personnes en difficulté.

L’article a pour titre : La mixité sociale, ça s’accompagne.

La journaliste confirme qu’au sein de H&H, l’accompagnement est présent, relevant les obstacles que rencontre une famille monoparentale pour ne point parvenir à lier des relations avec ses voisins. La finale de l’article est terrible ; je n’espère plus, dit cette jeune mère, me faire des amis pour viser seulement l’indifférence polie.

Quel chemin à parcourir pour que la mixité – dès lors qu’elle est accompagnée – soit perçue pour ce qu’elle est, une ouverture et par là même une richesse.

Notre raison d’être : libérer des préjugés qui ne cessent de ‘cogner’ les relations au motif de n’avoir pas la même couleur, la même culture, les mêmes chances. Comment ne pas garder en mémoire le propos de Nelson Mandela ; être libre, dit-il, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.

Quelle liberté quand le jugement de l’autre vous enferme jusqu’à vous faire ressentir que vous n’êtes rien.

Ce qui nous réunit, c’est ce combat pour la fraternité, constamment en débat. D’aucuns considèrent qu’elle est un idéal mais qu’il n’est pas atteignable. Or, nous sommes des milliers à l’imaginer possible, prenant le risque d’en bâtir les conditions pour que l’égalité des chances ne reste pas un mot vain.

Cette jeune mère, si elle espère seulement une indifférence polie, trouve intérieurement la joie d’habiter cet immeuble, offrant ainsi à ses enfants la possibilité d’accéder à un enseignement qui n’est pas étranger à l’égalité des chances.

Ne sombrons pas dans l’abandon des plus fragiles ; cette résignation serait ce que nomme Balzac, un suicide quotidien. Si nous sommes là, salariés et bénévoles, c’est pour être habités par une âme de résistant.

Que de raisons alors d’espérer.

Il y a 40 ans, l’idée de mixité apparaissait pour beaucoup un leurre ; désormais, malgré toutes les vicissitudes, elle traduit une heure solidaire qui éveille un avenir. Certes, majoritairement encore, nous entendons : moins d’utopie, plus de réel, un consentement à figer les relations. Ne sont-elles pas déjà suffisamment étroites.

La liberté est un mouvement qui conduit à l’ouverture de ces lieux qui créent des liens, telle l’opération réalisée à Paris, 310 avenue de Vaugirard, suscitant une interrogation émerveillée : c’était donc possible.

Nous ne planons pas mais, nous rêvons à un monde autrement. Il y a un autre monde mais il est dans celui-ci, dit Paul Eluard. Notre responsabilité est de le faire découvrir puisqu’il existe. Notre rôle :  ouvrir des chantiers dont la finalité est de construire non pour s’enrichir mais pour faire gagner en autonomie sociale ceux qui viendront habiter ces logements.

Si l’immobilier façonne trop souvent la ville, via des quartiers qui crient et parfois hurlent la stigmatisation, l’acte de construire peut se révéler un acte de soin et un formidable vecteur de changement.

Mesurons-nous la charge et la chance d’en être les bâtisseurs !

Bernard Devert

17 octobre 2022

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/10/10/logement-la-mixite-sociale-ca-se-pense-se-prepare-et-s-accompagne_6145096_3224.html

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