La Maison Commune exprime une hospitalité dont la recherche apparaît comme un rêve ou comme un possible, mais lointain ; l’accès n’apparaît-il pas quelque peu verrouillé. Où sont donc les clés.
Eureka, elles sont trouvées !
Les soignants de plusieurs ehpad se sont réunis en ateliers pour un travail d’ajustement à l’égard de ces « clés » afin qu’elles soient mieux partagées.
Le résultat est la création d’un pass qui déverrouille neuf points pour en ouvrir le passage ; quels sont-ils : le regard, le sens, les racines, les signes, la singularité, l’attention, la sensibilité, la maîtrise et les gestes.
Le regard, au sens de Claudel : « sur un regard, j’ai tout compris ». Comprendre, ce n’est pas posséder mais se laisser habiter par la confiance proposée. Qui sommes-nous pour la recevoir, l’interrogation traduit un émerveillement.
Le sens est une entrée dans une relation, d’où des liens à bâtir, à co-construire, jamais étranger à la question du sens. Nous n’avons pas tout à inventer. Nous nous inscrivons dans un rite avec des gestes répétitifs. Personne d’autre que celui qui les fait ne peut les habiter. Le rite soulage, sans réduire le champ des possibles mais il facilite la créativité.
Le sens exprime une ouverture, une orientation qui introduit le sens de l’autre.
Racines. L’autre est différent, il a une histoire complexe ou pas, mais l’histoire est toujours à respecter avec une infinie délicatesse, sans la passer au crible de son moi possessif, parfois régressif. Chacun a son histoire, en d’autres termes ses racines à partir desquelles se joue le respect de la singularité, reconnaissance de l’altérité.
Signes. Les signes parlent, parfois blessent ou alertent sur un danger ou un inattendu. Récepteur de signes, chacun est aussi celui qui les transmet, d’où une invitation à les décrypter pour la pacification des liens. Ils sont pour partie ce que je veux bien qu’ils soient pour l’autre.
L’autre. Cette attention ouvre un espace de vigilance où l’autre n’est plus un anonyme mais un être singulier ; nous ne pouvons l’aborder que dans un apprivoisement, pour être différent de nous. Cette reconnaissance donne naissance à des relations singulières, personnalisées, une ouverture à la singularité de l’être. Un éveil, souvent un réveil pour se rendre disponible à l’autre, trace du respect de sa sensibilité.
Sensibilité. Elle est l’heureuse vulnérabilité de chaque être ; il ne s’agit pas de l’occulter mais de la laisser transparaître en veillant à la maîtrise nécessaire pour ne pas submerger l’autre des difficultés qui peuvent nous envahir.
Maîtrise. Nous touchons ici l’acte du soin et du prendre soin qui dépasse la technicité pour se présenter comme une générosité surgissant dès lors qu’elle est accompagnée de ce regard et de ces gestes qui disent à l’autre qu’il compte.
Silence. Les mots évoqués ne sont que des clés qui ouvrent sur un espace intérieur où l’écoute et le regard traduisent l’ouverture du cœur.
La Maison Commune alors n’a rien de commun pour réunir des êtres bien décidés à vivre l’aventure de ces passages où les petites morts traversées nous font comprendre que nous sommes des passeurs vers cet infini, lequel se propose souvent dans l’instant d’une rencontre.
S’éprouve alors le fait que la finitude s’efface quand nous entrons dans le service où l’autre n’est plus seulement l’autre, mais un frère.
Bernard Devert
Mars 2023
combien de clefs seront utilisées ? restons dans la Confiance et l’Espérance !
josette
Beau message d’espoir