La métropolisation synonyme de déserts

Nous assistons à une métropolisation massive en France, comme dans le monde, d’où une dévitalisation des petites villes et même des villes moyennes. Sommes-nous si sûrs que la concentration des habitants, des pôles d’activités et des espaces de culture soit une bonne réponse à la cohésion du territoire.

Un arrêt sur image s’impose.

La traversée des villages et des petites villes donne à voir une paupérisation qui n’est pas sans affecter le patrimoine affichant des panneaux à louer, à vendre. Un désert se dessine ; il est sans oasis.

A Paris, trois écoles ont fermé cette année. Que de familles n’ont plus accès à la ville en raison de loyers inabordables, concurrencés par des plateformes à vocation hôtelière (Airbnb). Certes, des régulations sont mises en œuvre, mais cet habitat temporaire pour des touristes fortunés fait florès dans les beaux quartiers.

Montluçon a perdu 20 000 habitants en 50 ans. L’activité économique dépérit, 2 000 logements vacants, plus de 2 500 à Nevers, alors que tant de familles en Ile-de-France doivent attendre 7 ans pour disposer d’un appartement dans le parc social. Le budget de la ville de Paris pour le logement social est de plus de 500 millions d’euros.

Les budgets enflent pour les métropoles et s’amenuisent pour les villes moyennes et plus encore pour les petites.

Le mal-logement s’aggrave dans les métropoles et l’habitat se détériore dans un grand nombre de départements, désarmés face à l’exode de leurs habitants. Les valeurs républicaines sont blessées, de par l’absence, depuis de longues décennies, d’une politique d’aménagement du territoire capable de réguler, de structurer et de mettre en œuvre des formations pour de nouvelles activités.

La métropolisation brise :

  • l’égalité entre les territoires, mais la République n’est-elle pas une et indivisible.
  • la liberté. Quand les usines et ateliers ferment, que reste-t-il comme choix, sinon celui de rejoindre les métropoles pour tenter de trouver un travail. Cependant, si la métropolisation était la réponse, assisterions-nous à un chômage touchant 2,5 millions de personnes.
  • La fraternité. Que d’anonymat ! Les métros et les TER sont souvent les wagons de l’indifférence ; tant de voyageurs sont fatigués par ces temps de transport amputant leur sommeil.

Qui n’est pas touché par ces femmes partant très tôt pour faire du ménage dans les entreprises, leur salaire ne leur permettant pas de se loger à proximité de leur lieu de travail ; alors, il leur faut habiter loin, trop loin.

Les métropoles laissent briller au cœur de leurs villes des lumières qui font miroiter bien des illusions. Si tout semble possible, les promesses ne sont pas au rendez-vous. Que de solitudes profondes et même désespérées ne trouvent plus à se cacher dans les grandes villes.

Le Grand Paris se prépare. N’y aurait-il pas une autre réflexion à retenir. Est-ce trop tard que d’envisager de transférer des investissements vers des villes moyennes, leur permettant d’offrir un avenir à ceux qui y vivent encore.

Jean-Louis Schilansky, Président du MEDEF à Paris, s’inquiète de l’inflation du projet des prélèvements sur les entreprises pour financer le futur métro automatique francilien, hier évalué à 20 Mds, aujourd’hui réévalué à 35 Mds.

La digitalisation entraînera une révolution du travail qui devrait donner un atout aux petites et moyennes villes, réserve faite qu’elles développent l’intercommunalité.

Mon propos n’est pas d’opposer les métropoles aux villes moyennes ou petites. L’heure est de s’inquiéter de leur synergie pour que la vitalisation des unes n’entraîne pas la dévitalisation des autres dont l’assèchement ne s’arrêtera pas par le seul ruissellement des premières.

La métropolisation est liée à des volontés de puissance, entraînant une course entre les quelques grandes villes pouvant prétendre, via des critères disqualifiant les plus petites, à disposer de lieux de pouvoir. Ne serait-ce pas la peur de la fragilité créant paradoxalement des outrances pour ne point être saisie comme un levier facilitant les métamorphoses dont nos territoires ont besoin.

Bernard Devert

Novembre 2018

Ce mal-logement qui tue

Que de patience coupable face au mal-logement !

Dénoncé depuis des décennies, ce « cancer » social fait l’objet seulement de soins palliatifs. Quelle est la volonté d’en finir avec une souffrance qui ronge la Société, jusqu’à créer des fractures. D’un côté, ceux qui bénéficient d’un habitat et de l’autre, d’un abri compromettant l’avenir des occupants.

La colère gronde à Marseille avec l’effondrement de trois immeubles, rue d’Aubagne, ayant entraîné la mort de 5 résidents. 3 autres sont portés disparus ; grande est l’inquiétude. L’insalubrité pourtant était connue mais aucune précipitation pour éloigner du danger les plus vulnérables.

L’affaissement de ces bâtiments crée une légitime émotion ; elle doit être entendue comme un réveil des responsabilités. Arrêtons de jouer avec la vie de ceux qui sont les plus fragiles.

Le mal-logement est cause de morts physiques. Quelle attention portée aux morts de la rue ! Ils ne courent le risque d’aucun effondrement pour être abandonnés sur des trottoirs, par tous les temps, sans que la Nation soit effondrée par une telle injustice.

Nous tenons dans nos mains les linceuls d’une fraternité déchirée pour tolérer l’intolérable, des morts annoncés. Quand réaliserons-nous enfin des programmes en nombre suffisant mettant un terme à un sans-abrisme honteux. Il est le nôtre.

A la va-vite, à chacun des hivers, s’ouvrent des gymnases dans lesquels s’entassent les délaissés et rejetés d’une Société plus attentive au thermomètre qu’à la santé de ses ressortissants bravant les intempéries. Que fait-on de cette obligation juridique et morale d’un logement décent pour tous.

Assez facile de parler du ‘logement d’abord’, il convient d’abord de prendre acte de la nécessité de construire des logements décents, délivrés des marquages sociaux, accessibles à chacun en fonction de ses revenus.

Le mal-logement tue aussi moralement nombre de nos concitoyens oubliés dans des cités anxiogènes. Bon sang ! L’habitat est constitué de fenêtres ; comment accepter que leur ouverture ait pour conséquence d’abîmer des regards. Tristesse du mal vivre de ceux qui, séjournant dans ces lieux, ne se font aucune illusion sur l’intérêt qui leur est témoigné.

Consentir à l’indignité d’un toit, c’est dire à celui qui l’occupe par nécessité : tu ne comptes pas ou si peu.

Ce drame à Marseille intervient au cours de cette semaine de l’économie solidaire. Une forme d’économie qui connaît un certain effondrement, l’Etat lui retirant une part des dispositifs fiscaux. Comment se faire entendre sur la pertinence de leur maintien. Non, ils ne sont pas des avantages, appelés si injustement des niches, mais des soutiens nécessaires pour bâtir plus humain.

Faut-il que la vie disparaisse pour comprendre que l’habitat est un écrin qui l’accueille et la protège, mais pour qui ?

Bernard Devert

Novembre 2018

 

La finance solidaire, servante d’humanité

La finance est omniprésente et omnipuissante. Ne parle-t-on pas fort justement de la financiarisation de l’économie. Tout est financier. Dans ce contexte, quelle place a l’économie solidaire dont il faut reconnaître qu’elle reste très discrète (trop) alors qu’elle a une réelle efficience sur le plan social.

Sans l’épargne solidaire, que de familles très fragilisées n’auraient pas trouvé de toit, ou encore que de personnes en recherche d’un emploi n’auraient pu l’obtenir. Aussi, comment ne pas saluer la présente semaine de la finance solidaire, un temps précieux pour mieux la faire connaître. Il y a urgence, son développement, sans conteste, réduit de graves iniquités.

L’Economie Sociale et Solidaire n’est pas une niche, pas davantage une forme marginale de l’économie au motif qu’elle sert, par priorité, la cause de ceux qui sont aux marges.

Quel en est le carburant, la solidarité. Elle est surtout celle de salariés : plus d’un million, en concertation avec leurs entreprises, investissent au titre de l’épargne salariale solidaire ; ils sont les premiers investisseurs de cette économie.

Quelle belle raison d’espérer, ceux qui bénéficient d’une sécurité avec l’emploi se préoccupent de ceux qui sont en grande vulnérabilité pour ne pas avoir de toit.

L’économie solidaire est en constante progression : 10, 5 % de l’emploi en France et 14 % de l’emploi privé. L’épargne solidaire a atteint en 2017 un encours de 11,5 Milliards d’euros (+ 18,3% par rapport à 2016).

Cette nouvelle économie suscite un réel intérêt pour être porteuse de sens de par son attention à faire émerger des orientations corrigeant de graves fractures sociétales. Comment ne pas observer que, là où on injecte de la solidarité dans l’économie, on assiste à des transformations qui impactent le « vivre ensemble ».

La finance solidaire fait école. Elle interroge désormais le champ économique via l’entrepreneuriat social. Le vote de la ‘loi PACTE’ facilite la création d’entreprises dont l’objet n’est pas seulement de se réunir pour se répartir des bénéfices mais pour les affecter à des programmes de lutte contre la pauvreté et la misère.

Un autrement se fait jour qui n’échappe pas à l’attention d’étudiants qui, sortis des grandes écoles – mais pas seulement – entendent participer à des entreprises contribuant à être proches des oubliés et des rejetés de la Société.

Cette économie, créatrice d’un avenir, naît d’une sagesse mettant à distance la brutalité du ‘toujours plus’ et du ‘tout, tout de suite’. La recherche de ce qui est juste, équilibré, témoigne de la volonté de construire un monde plus attentif au bien commun.

La qualité de vie ne dépend pas seulement de la possession de biens mais d’une vigilance à des partages créatifs. Alors, les cupidités et fébrilités s’estompent pour faire place à des valeurs qui rassemblent.

Ce samedi, je rencontrais dans un jardin public une famille de 4 enfants de 12 ans à 4 ans, sans domicile. Le père dispose d’un contrat de travail à durée déterminée de 24 heures par semaine. Surgit un petit garçon de 4 ou 5 ans à la tête blonde, manifestement d’un milieu aisé, qui aura ces mots : « je veux partager à l’enfant ».

Je me retourne et m’adresse à sa mère : ne me remerciez pas, me dit-elle. Nous avons parlé de ce foyer sans domicile à notre table familiale ; notre plus jeune fils a tenu à exprimer à l’enfant de son âge un signe chaleureux.

Je ne peux m’empêcher de voir dans la spontanéité de ce geste, le signe d’une Société qui s’éveille pour refuser la misère qui détruit. La finance solidaire, prenant en compte une part de gratuité, est l’un des leviers décisifs pour la combattre.

Si parfois les marchés décrochent, la finance solidaire, avec une constante détermination, s’accroche à créer des espaces plus lumineux ; rejoignons-là.

Bernard Devert

Novembre 2018

Refuser la misère, une option ? Non, une impérative urgence

Le 17 octobre, depuis 1987, est la journée mondiale du refus de la misère, à l’invitation du Père Joseph Wrezinski, Fondateur d’ATD-Quart Monde, qui mourra un an plus tard.

L’intuition novatrice de cet homme de foi, né pauvre, demeuré jusqu’au terme de sa vie parmi les siens, fut de considérer que le devoir de la Nation n’était pas seulement de contribuer à ce que les personnes vulnérables le soient moins, mais à ce qu’elles aient leur place pour apporter à la Société cette part d’humanité qui lui manque.

La misère n’est pas une fatalité ; elle est la somme d’iniquités accumulées et de jugements à charge de ceux que la vie blesse et détruit. Une écoute et un autre regard s’imposent pour ne point pactiser avec l’inqualifiable.

Mesurons ce que veut dire il n’y a pas de place. Tel est le leitmotiv qu’entendent les plus violentés par la misère. Téléphonant au 115, ils attendent longtemps, trop longtemps, que leur interlocuteur décroche, non pas qu’il soit dans l’indifférence – bien au contraire – mais les appels sont si nombreux, et les places si limitées que ceux qui les reçoivent sont submergés.

L’impossibilité d’être accueilli, alors que la nuit est parfois bien avancée, suscite alors des heures inquiètes et dangereuses.

Le petit-matin est annonciateur de la répétition infernale d’un enfermement dont les sans-domicile s’évadent souvent par des addictions. Que de regards courroucés et méprisants leur rappellent qu’ils sont d’un autre monde ; ils le savent, il n’y a pas de place pour eux.

Comment ne pas entrevoir les conséquences pour l’hygiène mental et corporel. Folie meurtrière à laquelle s’ajoutent les abus et sévices de toute sorte que subissent des êtres sans forces, oubliés sur les trottoirs. Une deshumanisation absolue qui se vit dans une grande insensibilité ! Ils n’ont pas de place, ou si peu.

Pas davantage de place pour ces familles – souvent des femmes seules avec enfants – qui, après le drame des séparations, se voient contraintes de rechercher un logement adapté à leurs ressources pour que le ‘reste à vivre’, après le paiement des loyers et des charges, permette de vivre.

Que de rejets au motif de la rupture avérée entre les revenus et le prix de la location. Il s’en suit l’errance, la perte des repères, le début d’un enfer parce qu’à un moment difficile de leur histoire, sombrent des personnes fragilisées, rassasiées de ce cri provocateur entendu pour la énième fois : il n’y a pas de place. A trop le savoir, on perd même le pouvoir de réagir.

Victor Hugo, dans une lettre publique aux élus, proclamait : « Ayez pitié du peuple à qui le bagne prend ses fils et le lupanar ses filles. Que prouvent ces deux ulcères ? Que le corps social a un vice dans le sang. Nous voilà réunis en consultation au chevet du malade ».

Ce soin exige un diagnostic du corps social dont nous sommes tous membres. Que faire pour trouver l’énergie nécessaire à une intervention qui sauve ? Il s’agit de réanimer les forces vives d’une société qui, voyant la lèpre qu’est la misère, se déciderait enfin à prendre les moyens de la guérir et non de se séparer des lépreux en les mettant à distance.

Le premier prendre-soin est de trouver des abris décents.

Il y a des logements vides, des bâtiments inoccupés comme des immeubles de bureaux désertés pour ne plus répondre à leur destination. L’heure est celle d’un recensement pour mobiliser les possibilités d’agir.

Là, où vous êtes, n’hésitez pas à faire connaître ces ouvertures. Elles seront autant de fenêtres s’ouvrant sur une espérance née, il y a 31 ans, de l’appel d’un prophète qui, dans le regard de l’homme abandonné, découvrait des raisons de croire et d’offrir à la société plus d’humanité.

Bernard Devert

17 octobre 2018

25ème anniversaire de Péniche Accueil en la fête de François d’Assise

Est-ce le hasard que cet anniversaire soit célébré le jour de la fête de François d’Assise ? Nul doute que cette péniche accueillant les plus vulnérables aurait été chère à son cœur ; souvenons-nous de son poème de la création : Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Eau, laquelle est très utile et humble.

25 ans, c’est dire que la péniche a tenu le cap d’une hospitalité qui ne se dément pas.

Le temps passant, j’ai oublié quelques noms mais je garde en mémoire les deux premiers fondateurs qui réunirent les Amis de la Rue, les Petits Frères des Pauvres et Habitat et Humanisme, les invitant à monter sur une péniche pour en jeter l’ancre, ce qui ne manqua pas d’en faire couler beaucoup pour que le projet ne sombre pas.

Le ‘Balajo’, tel est son nom, fait mémoire d’un de ses capitaines aimant fréquenter un café dansant portant cette enseigne. L’appellation n’est pas usurpée : sur le pont de la péniche, on continue à faire danser… la fraternité. L’accueil n’est pas triste ; les passagers, jamais guindés, plutôt joyeux, parfois ayant levé le coude, sans trop, afin de ne point risquer de plonger dans le Rhône.

Oui vraiment ; la péniche est un espace de fraternité. Personne n’y ‘fait tapisserie’. Il y a bien longtemps que le Balajo n’a plus de moteur mais les passagers ont une telle énergie qu’ils vivent des traversées avec un enthousiasme jamais à quai.

De combien d’aventures la péniche est-elle témoin ! Elle ne parle pas pour avoir le goût du secret qui est aussi celui de notre ville où elle décida de poser l’ancre pour le bonheur de ceux qui n’en avaient pas ou plus, mais qui mettant le pied sur le Balajo trouvent du réconfort.

Le Balajo est passé sous bien des passerelles et continue, dans cette mémoire qui n’a rien du cabotinage, à jeter des ponts, bâtir des liens qui sont à l’entraide ce que la confluence est à la ville un haut lieu de puissance pour être celui de la convergence. La rive gauche et la rive droite ne mettent pas à quai les courants de pensée, elles les enrichissent. Inouï, le Balajo en porte la trace !

Il y a un peu plus d’un an, les fondateurs ont été appelés après les pompiers pour aider à remettre sur cale le Balajo, victime d’un feu accidentel.

Les subsides recueillis ont été moins puissants que la lance à incendie mais les fondateurs sont restés des lanceurs d’alerte si bien que le Balajo a conservé toute sa vivacité d’accueil ; mieux encore, il bénéficie d’un nouvel espace chaleureux, celui qui vous conduit ce soir à nous réunir.

Alors retenez de mon bavardage un seul mot qui a du sens : ma reconnaissance à l’égard de ceux qui depuis 25 ans, bénévoles, salariés, mais aussi passagers font du Balajo une péniche ancrée dans la tradition lyonnaise d’une solidarité active ; elle fait école.

Bernard Devert

Octobre 2018

Rendre compte de cette ouverture permettant de régler un peu le compte de l’indifférence

L’hospitalité offerte à des familles Roms par Habitat et Humanisme se termine, suivant les conditions fixées dans la convention régularisée avec l’Etat, le Conseil de l’Europe et deux communes : Saint-Genis les Ollières et Saint-Priest.

Les frontières sont tombées. A l’écoute d’un des Maires, elles sont plutôt lézardées, observant que le climat haineux qui a accompagné l’hébergement de ces familles s’est, au fil des mois, estompé même si, ici et là, quelques relents nauséabonds demeurent.

Devrais-je parler de réussite ‑ je ne sais ‑ mais incontestablement des familles ont trouvé un tremplin pour sortir non seulement physiquement des bidonvilles mais aussi psychologiquement de ce mépris dans lequel elles étaient enfermées.

Il convient de se rappeler que nombre d’entre elles ont vécu parfois 5 ans, voire 7 ans, dans des espaces dont la tolérance est une honte.

Comment peut-on rester indifférents à l’égard d’enfants qui survivent dans un cloaque annihilant tout avenir.

A un horizon plus lumineux nous avons travaillé avec les représentants de l’Etat, d’ATD Quart-Monde et le soutien des Fondations Société Générale, Bettencourt-Schueller, Decitre. De très nombreux sympathisants d’Habitat et Humanisme ont soutenu la cause.

Des salariés et bénévoles impliqués méritent de notre part un grand respect pour la qualité de leur engagement.

L’heure n’est sûrement pas de bouder notre joie de voir que ces enfants, tous scolarisés, s’éveillent à un ‘autrement’ de leur histoire.

Je ne suis pas prêt d’oublier le 23 décembre 2015, date à laquelle des familles Roms entraient dans ces deux villages d’insertion ; nombre d’entre elles n’en revenaient pas d’avoir de l’eau chaude et une douche privative. Ce qui est banal pour nous revêtait un caractère merveilleux.

Un des enfants, d’environ 6 ans, me dit alors : c’est mon plus beau Noël ; quel cadeau !

Trois années, ou presque, pour vivre ensemble un changement de regard, via un programme novateur visant la formation, l’insertion professionnelle et l’éducation des enfants.

Le défi était de taille ; je crois pouvoir dire qu’il a été conjointement relevé.

Il nous faut poursuivre l’accompagnement pour ne point laisser s’installer des échecs ; ils ne manqueront pas d’arriver comme dans toute vie. Cependant, bien de ces familles fragilisées – et comment pourrait-il en être autrement ‑ peuvent être découragées par ces quolibets dont elles sont trop souvent victimes, quand ce ne sont pas des mots blessants, assassinant l’estime de soi si nécessaire pour se construire et se reconstruire.

Au seuil de cette rentrée ces familles entrent dans des perspectives humanisantes ; leur joie est notre joie.

Je tenais à vous la partager ; de tout cœur merci.

Bernard Devert