Un coup de tonnerre

Il y a un peu plus d’un mois, lorsque le Cardinal Tauran prononça habemus Papam, l‘Archevêque de Buenos Aires devenu l’Evêque de Rome toucha immédiatement les cœurs, créant la surprise en retenant le nom de François, en mémoire du Poverello, prophète et poète.

« Le pape s’est fait homme » dit spontanément un prieur italien.

Cette terre de l’Amérique latine est celle de martyrs. Comment ne pas faire mémoire de Dom Oscar Romero et de nombreux religieuses et religieux assassinés comme récemment Sœurs Alice et Léonie qui, après avoir été torturées, furent jetées à la mer.

Notre vieux continent bénéficie de la jeunesse et de l’enthousiasme du nouveau monde. Est-ce un hasard ?

Ancienne ou nouvelle, notre terre est ensanglantée, martyrisée par des conflits ouverts ou larvés. La misère résiste malgré l’augmentation considérable du produit intérieur brut et l’émergence des pays en voie de développement. La justice demeure en exil.

Nous l’observons, la force et la puissance ne résolvent rien, non plus que cette tentation de fermer des frontières. Qui, sans ajouter encore de nouveaux drames, peut reprocher aux oubliés de la croissance d’en rechercher les miettes.

D’emblée, le Pape François appela à ce n’ayez pas peur … peur de la bonté, de la générosité ; une invitation au ‘prendre soin’ marquant si fortement François d’Assise que de chevalier il devint l’homme du baiser au lépreux.

Que de lèpres naissent du péché, parfois si fortement structuré qu’il traverse les institutions sans que nous n’y prenions garde. Le don de la création se pervertit dans des îlots de possession où les avoirs brandis disent l’effacement du désir de la relation à l’autre pour rester dans celle du même.

Cette belle figure d’humanité qu’est St François parle à beaucoup, croyants ou non. Or, l’Evêque de Rome la donne dans sa perspective de revenir à l’essentiel : une Eglise pauvre pour les pauvres.

Dans le prolongement du 50ème anniversaire de Vatican II, François souligne l’urgence de ce ‘prendre soin’ pour que le monde ne touche pas les extrêmes d’une folie destructrice.

Il y eut ce baiser par lequel Jésus fut arrêté, mais François d’Assise, qui est sans doute celui qui a le mieux compris l’Evangile, offre cet incroyable baiser au lépreux. La relation n’est pas seulement restaurée, elle suscite un autre regard qui enfin ne s’arrête point sur les finitudes mais sur l’infini que chaque être porte en lui-même.

Lorsque le 13 mars, François regarda cette foule qui voulait savoir qui il était, d’aucuns saisirent très vite un fulgurant déchirement, un coup de tonnerre : la Pâque s’ouvrait.

L’inouï de ce passage a gardé sa promesse.

17 avril 2013

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