Ce samedi, à Gonfaron, à une trentaine de km de Toulon, Habitat et Humanisme et l’Union Diaconale du Var inauguraient une pension de famille dénommée la Maison Phanuel.
Un habitat pour 25 personnes isolées ou en grande difficulté. Un lieu bâti pour que chacune se reconstruise, faisant référence au lieu biblique où Jacob vécut une nuit de combat. « Quand il prit la route le matin, il vit le soleil se lever sur Phanuel ».
Cette maison est un rayon de soleil pour des femmes qui, mal traitées par la vie, sont démunies, abandonnées au point d’être lasses de mener un combat, tant intérieurement elles sont dévastées par la désespérance née de la brutalité d’un monde.
Déjà quelques-unes d’entre elles étaient là, accueillies par une maîtresse de maison témoignant de ce soleil qui, réchauffant les cœurs, aide à se relever.
Le pays de l’ombre s’estompe.
L’inauguration se fit sans flonflons. La joie des bâtisseurs était teintée de gravité. Comment pouvait-il en être autrement dès lors que cette pension de famille est plus qu’un lien d’intégration, mais la recherche d’un espace d’inclusion pour être le lieu d’une dynamique où la différence est entendue non comme une frontière mais un passage vers des perspectives inconnues qui ne sauraient le rester.
L’autre n’est plus l’étrange, l’étranger, ou encore un risque avec les kyrielles de peurs qui lui sont attachées, mais la chance de trouver un Phanuel pour consentir à ces combats qui nous font quitter les limites intérieures afin de s’éveiller, suivant le titre du livre de Paul Ricœur, à ce soi-même comme un autre.
Qui sommes-nous pour affronter les combats qui souvent nous dépassent mais nous font passer sur l’autre versant dans une marche où, comme Jacob, nous boîtons balbutiant une avancée : confiance vers cet autrement qui confusément est recherché.
Cette quête est paradoxalement soutenue par ceux-là mêmes qui ont foi en nous jusqu’à consentir à ce que nous les accompagnions ; ils ne savaient pas que déjà ils habitaient Phanuel.
A Noël, une maman accueillie dans cette pension de famille accouchera d’un enfant. Quel magnifique rayon de ce soleil qui déjà se lève nous invitant à protéger la vie, à l’abriter.
Il s’agit d’un vrai combat. A Gonfaron, samedi, nous mesurions le bonheur de ne point le déserter.
Bernard Devert
Septembre 2014