Cinq mois pour agir, la trêve courant du 1er novembre au 31 mars.
110 000 foyers font l’objet d’une procédure d’expulsion dont la majorité est liée à la grande pauvreté.
Nombre de familles ne peuvent plus supporter totalement leurs loyers et charges, ne disposant que d’un faible ‘reste pour vivre’. Cette observation souligne l’inadéquation du logement très social au regard de la montée des précarités.
Le chômage massif conduit bien des familles à ne plus pouvoir se maintenir dans leur logement.
Qui s’oppose à ce que chacun ait un toit décent ? Personne, mais personne ou si peu ne s’inquiètent de la déshumanisation que constitue un logement inabordable pour les plus vulnérables. Chaque année des voix se font entendre, largement relayées à l’approche de l’hiver dans cette peur partagée des morts annoncés, oubliant que l’été se révèle tout autant meurtrier pour les sans-abri.
Le drame que représente l’expulsion devrait nous éloigner des actes sporadiques de générosité pour privilégier la fraternité dans le continuum de la destination universelle des biens.
Le dispositif propriétaire et solidaire, déjà porté par plus d’un millier de bailleurs au sein d’Habitat et Humanisme, justifie que nous lui donnions plus d’impact. La crise du mal logement, qui n’en finit pas, n’autorise pas la vacance encore importante de logements dans les huit premières de nos agglomérations, même si la taxe l’a sensiblement réduite.
Ce dispositif qui donne des résultats intéressants repose sur un triptyque :
- des bailleurs qui consentent à réviser le prix des loyers en les situant au niveau du logement social,
- L’Etat prenant en compte l’effort des propriétaires leur offre un abattement jusqu’à 70 % des revenus fonciers,
- L’association Habitat et Humanisme accompagne les locataires et garantit les loyers, voire assure le financement des travaux de réhabilitation, notamment pour la maîtrise des charges ; plus d’un français sur cinq peine à payer la facture énergétique.
En 2014/2015 HH privilégie ce dispositif à destination des foyers qui, n’ayant plus besoin de logement très sociaux pour avoir réussi leur insertion, peuvent entrer dans un parcours résidentiel.
Cette approche heureuse sur le plan humain est aussi judicieuse sur le plan social et économique.
- ces locataires deviennent à leur tour acteurs de solidarité, une reconnaissance qui n’est pas sans créer les conditions de l’estime de soi.
- le parc social gagne en fluidité via l’implication du privé avec des loyers intermédiaires éligibles à l’APL.
L’adhésion à ce dispositif donne à cette ‘trêve hivernale’ tout son sens. Elle témoigne d’un refus de la misère et d’une détermination pour que l’issue de ces cinq mois de trêve soit un printemps pour ceux qui ne le connaissent pas.
Ensemble ouvrons portes et fenêtres, conscients que les tenir fermées c’est concourir au naufrage de l’espérance.
Bernard Devert
Novembre 2014