Les libéralités, signe de la reconnaissance de l’autre

L’absence de toit, le caractère vétuste, voire insalubre, de trop d’appartements, sont entendus sous le nom fourre-tout de ‘mal-logement’. L’expression banalisée occulte le tragique de s’habituer au fait que les plus pauvres se voient refuser le droit dhabiter.

Pourtant, 600 000 enfants en sont victimes avec un présent abîmé et un avenir compromis.

Que faire ? A cette interrogation, d’aucuns, fort heureusement, répondent par le don et l’économie du don traversée par la trace de la gratuité.

Le don, le legs, sont des libéralités à partir desquelles le donateur se dé-fait, témoignant au donataire inconnu, d’un respect et d’une marque de sympathie. Toi, frère, qui es dans l’attente du bien premier qu’est le logement, il m’est un besoin et une joie de t’aider à le trouver.

Qu’est-ce qui nous unit, s’interroge le philosophe Roger-Paul Droit ? Qu’est-ce qui fonde ce lien entre des hommes si différents jusqu’à créer un ‘nous’ suscitant un partage de fraternité ?

Je pense à cette femme disposant de plusieurs logements dans un immeuble qu’elle habite, situé dans un quartier résidentiel. Elle a toujours veillé à ce que les loyers soient accessibles à des personnes fragilisées. Aussi, à l’heure de transférer le bien, elle fait le choix d’Habitat et Humanisme, assurée qu’il n’y aura pas de vente, la propriété gardant la destination qu’elle lui a offerte.

Il me souvient de cet homme disposant d’une certaine fortune pour avoir cédé son entreprise.

Il rencontre Habitat et Humanisme pour mettre à sa disposition une libéralité. Conscient de ce qui manque à trop de personnes, mais aussi reconnaissant ce qui lui manque pour rencontrer ceux qu’il nomme simplement, sans emphase, les pauvres, il s’attache à réduire les distances entre eux et lui.

Comment ?

Ce programme que vous construirez, dit-il, pour ceux que je ne connais pas et avec qui je ne suis pas spontanément à l’aise, ne sera pas très éloigné de mon domicile.

Un engagement pour se faire proche des familles fragilisées, refusant l’étalement des grandes métropoles qui constituent non seulement des enfermements mais parfois bien des enfers.

Ce donateur fait éclater un plafond de verre. Il donne et donne à la Société une chance de bâtir des liens.

Cette rencontre ne fait-elle pas écho à la celle du ‘jeune –homme riche’ de l’Evangile. Que dois-je faire pour avoir en héritage  la vie éternelle? Jésus l’invite à donner pour que les plus pauvres soient ses héritiers dans cette perspective de la destination universelle des biens. A l’écoute de cette parole, l’homme s’éloigna, triste.

Si cet accablement lui faisait saisir ce qui lui manque : accepter que les biens soient au service des liens.

Il est de ces tristesses qui, pour être une prise de conscience, mettent sur le chemin d’une vie plus donnée, s’éloignant de ces biens possédés qui parfois nous possèdent

Que faire ? Se défaire du veau gras pour qu’il ne nous tue pas. Et si le don ou le legs signait l’héritage de ce Dieu Père pour entrer non pas dans l’attente d’une récompense mais dans le déjà-là du service du frère.

Bernard Devert
Octobre 2015

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