Résister, un enjeu sociétal et spirituel

Résister donne sens à nos engagements ; il traverse fort justement de nombreux vœux partagés. D’aucuns évoquent la nécessité de résister à la mondialisation. Si elle suscite des craintes et des périls avérés, ne se présente-t-elle pas aussi comme une ouverture.

A vouloir la combattre, nous risquons de nous enfermer dans un monde clos qui n’est pas sans faire le lit des populismes.

Résister à l’égard des puissants, mais nombre d’entre eux ne sont pas ce que l’on voudrait faire croire pour tenter de présenter la société en noir et blanc. Le manichéisme a des conséquences tragiques.

Résister contre les pouvoirs, mais veillons à ne point sombrer dans l’apostrophe de Péguy : « ils ont les mains propres, mais il est vrai qu’ils n’ont pas de mains ».

En cette année d’élections dont les incertitudes disent les inquiétudes, l’heure est celle d’une vigilance pour que le pouvoir, loin d’être refusé, soit recherché dans la perspective du service. Une utopie, mais si les résistants la désertent qui la portera dans cette conviction qu’elle est la vérité de demain, suivant le mot de Victor Hugo.

Le champ économique appelle également des résistants décidés à promouvoir une nouvelle finance qui, s’inscrivant dans le solidaire, crée de l’inespéré comme la non-violence. Gandhi, qui en est le père, rappelle combien il fut influencé par Léon Tolstoï, l’auteur du « Faux Coupon ».

L’entrepreneuriat social au sein des entreprises progresse. Aussi convient-il de se mettre à distances des condamnations et anathèmes paralysant balbutiements et essais.

Résister, ce n’est point condamner mais susciter de nouveaux possibles.

Entrer en résistance, c’est passer du « moi chose », du « moi préfabriqué » à une libération à l’égard des illusions de puissance. L’homme n’est pas encore né, dit Zundel. Cette naissance est le fruit d’une résistance pour que l’esprit l’emporte sur le biologique.

Nos sociétés sont divisées ; d’aucuns plaident un retour à l’ordre moral, considérant qu’elles ont perdu leurs repères, d’autres dans un nihilisme pensent que la vie n’a pas de sens. Or résister, c’est veiller à ne point être des fossoyeurs de l’espérance. Quelle tâche ; elle est au cœur d’un enjeu sociétal et spirituel majeur.

Résister est la voie royale de l’humanisation. Impossible d’y parvenir si l’on ne risque pas la rencontre, le débat, voire l’échec, mais le « résistant » toujours monte vers les cimes. « Tout ce qui monte converge » dit si justement Teilhard de Chardin.

Bernard Devert
Janvier 2017

 

Un commentaire sur “Résister, un enjeu sociétal et spirituel

  1. « tout ce qui monte converge…. » c’est toujours d’actualité depuis Teilhard de jardin….merci pour votre blog que je lis avec plaisir .

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