Lors de mes vœux, j’ai fait référence au livre du Petit Prince, mettant en exergue l’apprivoisement que Saint Exupéry définit comme une invitation à créer des liens. Apprivoiser, c’est rechercher une attitude juste, s’exprimant souvent dans une vérité poétique où l’essentiel se dit sans se perdre dans des mots inutiles.
L’indifférence sombre là où le lien se construit. L’autre, toujours un peu étrange, fait peur, d’où ce nécessaire apprivoisement pour parvenir à des échanges qui nous construisent en humanité.
Le lien ne s’inscrit pas forcément dans la durée, mais dans l’intensité de la relation, par exemple entre les soignants et leurs patients. Un oncologue s’entendait dire : votre profession doit être terrible. Il répondit : elle est difficile mais tellement riche d’humanité.
Permettez-moi d’aborder la journée du 30 janvier qui se prépare comme une protestation des salariés des maisons médicalisées, hébergeant des personnes au soir de leur vie.
Seulement, cette journée ne vise pas à défendre les intérêts catégoriels, mais ceux des résidents, sans forces, sans voix. Les soignants considèrent – non sans pertinence – que leur mission ne consiste pas seulement à effectuer des actes mais à les accompagner d’un prendre-soin. Ici, commence une attention au rythme de la personne, souvent blessée par l’angoisse, la finitude et l’isolement.
Comme gestionnaire d’établissements médicalisés, nous plaçons cette requête comme une alerte auprès de l’Etat et des Collectivités Locales afin que nos aînés dépendants, physiquement ou psychiquement soient davantage reconnus.
Quand les personnes sont si fragilisées que leur ressenti est celui d’un abandon, n’est-il pas juste de relayer leurs voix par ceux-là mêmes qui leur prêtent très souvent l’oreille de leur cœur.
Nombre des maisons de retraite sont désormais des espaces de soins. Que de malentendus à l’égard de ceux qui dans une absolue discrétion concourent à ce que la dureté de la fin de vie soit atténuée par la tendresse.
Que de fois, lors d’un décès, nous avons vu des larmes sur le visage d’un aide-soignant, d’une auxiliaire de vie ou d’un agent de service. Dans ces pleurs, se mêle le regret amer- si ce n’est la colère – de ne pas avoir eu suffisamment de temps pour accompagner celui, celle qui lui a partagé sa confiance, son histoire.
Le lien désarme, fragilise mais quelle humanité possible sans cette fragilisation appelant un supplément de vigilance.
Qui ne comprend pas la disponibilité que ce soignant aurait aimé avoir pour que ce prendre-soin ne soit pas contrarié par la ‘dictature’ de l’heure.
Les situations de fragilité doivent faire l’objet d’une meilleure prise en compte par la Nation pour que nos aînés ne disent plus qu’ils sont une charge, que leur vie n’est rien avec le sentiment, pour les plus vulnérables, d’être inutiles.
Chères auditrices, chers auditeurs, vous avez des parents dans ces maisons. N’hésitez pas à nous soumettre des propositions pour que dans le cadre des budgets alloués, des améliorations soient apportées.
Défenseurs du prendre-soin, cette journée n’exprimera pas seulement un mécontentement mais une exigence de qualité de vie pour ceux qui, en raison de l’âge, de la maladie, vivent en retrait.
L’omerta doit s’effacer.
Bernard Devert
16 janvier 2018
Ma mère est dans un EHPAD du Tarn dont je n’ai pas à me plaindre malgré quelques imperfections . Vous nous demandez de formuler quelques souhaits ou propositions, en voici quelques unes
1: L’établissement vient d’être fermé aux visites pour cause de grippe ce que je comprends tout à fait. Ma mère ne sait plus décrocher son téléphone pas plus qu’elle ne sait composer un numéro. J’aurais cependant aimé pouvoir lui dire quelques mots de temps en temps car je suis certaine que ne me voyant plus elle a dû se faire du souci. Or cela n’a pas été possible, je n’appelais jamais au bon moment semble-t-il. Dans ce genre de situation ne pourrait-il y avoir la mise en place d’un genre de pont téléphonique, la personne qui reconduit le résident dans sa chambre appelant sa famille à ce moment là. Cela ne prend que quelques secondes et le lien est établi. Il y a eu 3 décès pendant cette période et tous les jours je me disais: « si maman meurt, je n’aurais même pas pu lui dire un mot »
2: Une autre interrogation au sujet du conseil de vie sociale qui présente dans cet établissement de grandes zones d’ombre en particulier en ce qui concerne les résidents élus ou choisis (mais par qui ) et qui n’ont aucun moment institutionnel prévu pour interroger les autres résidents avant le conseil. Dans ce cas, qui ces résidents représentent-ils en dehors d’eux-mêmes? Ne pourrait-il y avoir au moins une boîte à idées pour que les résidents qui le peuvent ou les familles puissent émettre quelques idées.Il paraît qu’il y a à l’accueil des fiches permettant cela mais je ne les ai jamais vues!
3: Je ne sais pas non plus comment est élu ou choisi le représentant des familles qui jusqu’à présent était la maman d’une résidente disparue en février dernier et que l’on voyait très peu. Quand j’ai posé la question, il m’a été répondu que son mandat se terminait en décembre et que le prochain président serait élu en janvier. A ce jour, aucune nouvelle concernant cette nouvelle élection. Je trouve cela très dérangeant car ce conseil est la seule façon pour nous de nous faire entendre de façon institutionnelle avec un compte rendu qui d’autre part met près de 4 mois à être rédigé. Ce manque de transparence est ennuyeux. J’ai suivi deux formations aux aidants quand j’avais en charge la maladie de maman et à chaque fois on nous a parlé de l’importance de ce conseil dont beaucoup de familles du reste ignorent l’existence
4: Comment sont choisis les bénévoles qui peuvent intervenir dans les EHPAD? Ces personnes doivent-elles avoir suivi une formation où simplement comme cela semble être le cas ici se montrer un catholique pratiquant.