Quelle belle expression que celle du « logement abordable ». Ne témoigne-t-elle pas d’une vigilante attention à l’égard de ceux pour qui l’habitat est inaccessible en raison de son prix.
Alors que l’un des socles de notre Société est la fraternité, combien de personnes sont rejetées au motif de leur précarité pour s’entendre dire finalement : « ce n’est pas pour vous » ; entendez : « vous n’êtes pas à votre place ».
Cette place est introuvable pour les plus fragiles. Oubliés de la Société, ils connaissent l’exode vers ces cités mettant en lumière cette part manquante : l’égalité, synonyme de respect.
Avec tristesse, souvent avec plus de lassitude que de colère, nombre de nos frères font l’amère expérience que la considération est liée au fait d’avoir du prix, plus exactement de pouvoir en payer le prix.
L’accostage est rude ; il se révèle celui de l’accablement et du désenchantement.
Aborder, c’est entrer dans une relation inconnue. Je n’aborde pas l’autre sans précaution pour ne pas heurter, blesser. L’hospitalité est un art qui introduit la gratuité, plus encore l’humilité.
S’effacer, ce n’est point fuir mais courir vers l’essentiel.
Dans le 15ème arrondissement de Paris, rue de Vaugirard, quartier inabordable pour ceux confrontés à la vulnérabilité, une Congrégation dominicaine a suscité une opération faisant tomber les murs de l’indifférence pour être l’éloge de la mixité.
La Communauté aborda l’étude du projet pour dire non à l’indifférence.
Le montage fut difficile, ne laissant pas de place aux illusions et aux approches « bisounours ». Un équilibre fut trouvé, via une mutualisation et la décision d’enlever au marché cette part qui met à l’écart les plus fragiles.
Comme il est heureux que des Communautés religieuses relient l’économie et l’humain ; elles sont nombreuses. Je pense aux Clarisses à Caluire qui ont accueilli dans leur monastère, il y a plus de 20 ans, des familles fragilisées.
J’entends la prière du psalmiste : « Qui va plaider ma cause, prendre mon parti ? Si le Seigneur ne m’avait pas secouru, le silence serait bientôt ma demeure ». Ici, le silence est habité par une présence attentive à ce qui manque pour bâtir un monde plus cohérent, plus humain.
Bernard Devert
Mai 2018
Oui mais quand le conseil général autorise une augmentation de 43 euros en moins d’un an dans les maisons de retraite, même celles d’obédience religieuse, et quand la directrice vous dit si vous n’êtes pas contente vous pouvez aller voir ailleurs, moi aussi je dis « qui va plaider ma cause et prendre mon parti? » car je me sens bien seule!
Magnifiques messages que celui des Clarisses de Caluire et de la Communauté de Vaugirard Paris. Il est urgent en effet que le plus grand nombre accepte l’idée que le logement est un droit essentiel.
Les propriétaires du foncier à bâtir doivent se convaincre de se déposséder de cette part de valeur, liée au seul marché, qui exclue les moins fortunés et les démunis de l’accès au logement. ou au logement décent.
Il est heureux que ces congrégations, propriétaires de grands espaces construits en centres villes depuis des siècles, souvent suite à des rentes attribuées par les souverains d’époque ou à des dons des fidèles, donnent au plus démunis la possibilité d’être logés.
Que l’exemple s’élargisse grâce à l’action soutenue et efficace de Habitat et Humanisme. Merci à son président Bernard DEVERT que je salue. Michel CHATAIGNER -Rouen