Plus de 100 millions de la population mondiale est ‘déplacée’ ; c’est dire combien nombre de réfugiés et de migrants connaissent un avenir incertain et un présent marqué par une multiplicité d’absences, non seulement du toit au travail, mais aussi du manque de relations affectives à celles sociales.
Ce déplacement ne relève pas d’un voyage ; il est la prise en compte d’une situation souvent tragique conduisant à fuir une terre devenue inhospitalière en raison du climat (cf. la Somalie plus d’un million d’exilés en mois d’un an), ou de conflits géopolitiques et de cette misère, violence larvée, si destructrice.
La date du 20 juin, journée mondiale des réfugiés, n’est-elle pas une invitation à nous interroger sur le drame de ces populations ; comment l’atténuer, à défaut de pouvoir l’éradiquer.
Que d’organisations caritatives et d’ONG se mobilisent, mais aussi de particuliers qui, habitées par la fraternité, font place à ceux qui ne l’ont plus.
Il convient de rechercher davantage de convergences entre ces deux réalités, l’exil et l’exode
L’exil est une fuite rarement préparée comme celle que connaissent les Ukrainiens. Plus de 7,5 millions ont quitté leur pays, observant l’accueil que leur a réservé la Pologne, via une hospitalité pour 3,5 millions d’entre eux.
Seulement l’hospitalité, quand elle dure, perdure, sans possibilité d’en déterminer la fin, suscite immanquablement des tensions.
Quel chemin alors possible pour se libérer des multiples esclavages qui rendent difficile l’accueil de l’autre. Il est celui de l’exode ; il nous délivre de ces idées toutes faites, résumées, martelées à corps et à cris qu’il n’est pas possible de porter toute la misère du monde. Certes, mais la question n’est pas là ; la seule qui vaille est comment prendre sa part.
L’élan que procure l’exode ouvre de nouveaux possibles qui lézardent ces crispations où, par facilité, nous nous réfugions. L’exode est un éveil de relations.
L’exil et l’exode, une convergence vers ces possibles qui sont autant d’atouts pour un monde plus humain.
Je pense à ces mineurs non accompagnés auxquels furent proposées des formations, via l’apprentissage. D’aucuns ont rejoint des maisons de soins. Entre soignés et soignants – passée, la surprise, à commencer par ces idées toutes faites qui nous vieillissent – se font jour des regards inattendus, porteurs d’avenir.
Une vie nouvelle pour tous.
Comment s’en étonner ; dans chacun, sommeille une part de réfugié. Partagée, elle donne naissance à une volonté de se comprendre, de faire un bout de chemin, ensemble pour aller plus loin, plus haut.
Rien de mieux pour y parvenir que de pousser la porte de ces refuges ; là, les différences s’estompent. Les corps et les esprits sont tendus vers ces sommets où la solidarité n’est jamais absente, comme en témoigne le livre écrit par France Vergely et Wahabou Tarama, Mot par mot, gravir le monde.
Ne nous retournons pas pour entendre les critiques, les à quoi bon, les sommets approchent ; ne nous détournons pas de la clarté de ces essentiels.
Bernard Devert
20 juin 2022