Une fraternité en actes pour briser la peur des extrêmes.

La cohérence de l’équipe gouvernementale est affectée par une sévère divergence sur l’intégration de la Communauté des Roms, jugée impossible par le Ministre de l’Intérieur alors que difficile, elle s’impose pour la Ministre du Logement et de l’Egalité des Territoires.

L’opinion publique partage largement le jugement de cette impossibilité ; il n’est pas sans risque pour ces familles déplacées et très vulnérabilisées comme il n’est pas sans danger pour notre société qui se voit proposer l’alibi du refus.

Il nous faut veiller à ne point s’inscrire dans des amalgames dommageables et injustes.

Que de familles Roms ont le réel désir d’arrêter une errance. Loin d’être choisie elle leur est imposée, faute de trouver une place pour ne point la trouver sur leur propre terre. Rejetées, et avec quel mépris, elles sont victimes des systèmes maffieux qui instrumentalisent leur misère jusqu’à mettre des enfants sur les trottoirs pour mendier quand ce n’est pas pour les obliger à consentir à la prostitution.

Quelle protection leur assurons-nous, qui peut rester indifférent à cette interrogation ?

Les circonstances m’ont conduit, pour ne pas  accepter qu’une maman et ses deux enfants soient à la rue, à prêter mon logement pendant plus d’un trimestre. Aucun livre n’a disparu, ni le moindre mobilier. Jamais l’appartement ne fut aussi propre !

La présence de la communauté Rom avec ses 20 000 personnes ne doit pas être analysée comme un problème mais une question qui se propose à notre tradition humaniste pour privilégier l’hospitalité à l’hostilité.

Qui peut oublier que 200 000 personnes issues de leur culture, de leur tradition, ont porté le triangle brun ou noir que leur imposa le régime nazi.

Des ‘Justes’ se sont alors levés, comme pour nos frères juifs, pour limiter leur anéantissement. Cette inqualifiable barbarie s’est heurtée à des êtres habités par le respect de l’autre, permettant à des condamnés de l’holocauste de survivre et à chacun d’entre nous de s’inscrire dans une mémoire de l’honneur, jetant un abîme avec l’horreur.

Des propositions se mettent en place comme, à Lyon, le dispositif Andatu (« pour toi » en romani), sous l’égide de la Préfecture, permettant une intégration avec ses deux conditions indispensables : le logement et la formation.

Sur une population de plus de 65 millions d’habitants, pouvons-nous vraiment considérer que 20 000 Roms ne peuvent pas être accueillis autrement que dans des baraquements de fortune qui, souvent déplacés, ne font qu’accroître l’insécurité et l’impossibilité de l’intégration.

L’expérience réussie des dispositifs comme Andatu doit se développer.

L’intégration des Roms n’est pas un problème, elle est une question qui se propose à notre conscience. La situation est trop grave pour ne point appeler une décision politique à l’échelon européen, mais elle ne saurait occulter nos propres responsabilités.

Répondre à l’urgence de cette question, ne serait-ce pas pour notre société la possibilité de sortir des peurs qui servent la cause des extrêmes, offrant alors à notre Pays la réussite d’une fraternité, toujours à construire, pour honorer la République.

Bernard Devert

Un commentaire sur “Une fraternité en actes pour briser la peur des extrêmes.

  1. Bonjour Monsieur,
    Très bel édito. Je souhaite qu’il ait plus d’écho que les miens. La semaine passée, j’ai publié sur mon site un édito sur les Roms, cette semaine un sur Lampédusa. J’ai encouragé les gens à s’exprimer. Rien… Je souhaite que cela ne soit du qu’à mon manque de talent. J’ai bien peur que ce ne soit pas la seule cause.

    Bien respectueusement.

    Alain

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