Notre société a mal. Cependant cette France qui souffre et vieillit a l’audace de s’interroger sur la question du sens et de la justice.
1. Une France qui souffre
Au cours de ces 30 dernières années, l’échelle de la précarité a augmenté avec un ressenti aggravé, faute d’agir sur les causes de la fracture sociale. Ne marchons-nous pas sur la tête pour observer que les prix de l’immobilier ont augmenté de plus de 140 % sur 7 ans, alors que sur cette même période la hausse des salaires médians est restée inférieure à 25 %.
Le travail, quel scandale, n’autorise pas toujours à trouver un logement abordable, sauf au prix d’un tel effort que le « reste pour vivre » n’est pas étranger à bien des ruptures aggravant les précarités au point de leur ajouter la misère affective (familles monoparentales).
Habitat et Humanisme, confrontée à ces sombres données, se doit d’accroitre son action pour faire bouger les lignes, à commencer par cette réflexion que nous ne sommes pas dans un temps de crise, mais de mutation.
Les crises créent des passéismes avec ce secret espoir qu’on s’en sort comme on quitte un tunnel, suivant l’expression si souvent entendue. Le temps de mutation, en revanche, est un moment novateur appelant l’audace et l’enthousiasme. Des crises, on espère en sortir ; dans une mutation, on entre.
2. Une France qui vieillit
Une donnée est certaine : le vieillissement de la population, appelé encore le 5ème risque, dont le financement est en revanche incertain.
Ce risque s’est invité dans le champ politique, mais il faut bien admettre que les Pouvoirs Publics ont été contraints de reculer, conscients que le recours à l’assurance était inconcevable pour les personnes dont le « reste pour vivre » est si faible que leur avenir est occulté par un présent insécurisé et le juste sentiment de ne compter pour rien.
Le vieillissement de la population est un facteur de solitude, aggravé par les relations familiales qui se transforment d’où un isolement aux mille visages.
Comment être à distance des réponses insuffisantes quant à l’hébergement de la personne âgée et de celle malade. Cette inquiétude est portée par notre Mouvement avec l’accompagnement de La Pierre Angulaire pour la construction de maisons intergénérationnelles.
3. Une France qui pour souffrir et vieillir trouve le souffle d’habiter la question du sens et de la justice.
L’entrée dans cette mutation n’est pas indifférente à la capacité de penser et d’organiser autrement la société. A la question : « comment en est-on arrivé là » ? Il faut désormais ajouter : « où voulons-nous arriver » ? La question du sens est posée avec l’économie solidaire et le concept de l’entrepreneuriat qui fait tomber les murs entre les entreprises et les associations.
Une prise de conscience se fait jour quant au fait que trop de situations sont injustes et créatrices d’abîmes. Une nouvelle économie s’ouvre à l’épreuve de cette interrogation : qu’est-ce qu’une Société juste ? Là commence une ouverture qui devrait faire céder des crispations pour privilégier le bien commun.
Utopie ? Pourquoi pas, mais ne relève-t-elle pas de l’urgente obligation de rendre possible un avenir plutôt que de le prédire.
Bien sûr, vous avez mille fois raison. Je souhaite vivement que ce beau mouvement que vous avez initié contribue à faire évoluer les mentalités. J’adhère au Mouvement et j’ai œuvré bénévolement pendant quelques années dans le Rhône et un peu auprès de la Fédération. Je ne suis plus active aujourd’hui. Les solutions passent certes par des questions de finances et d’investissement. Mais l’accompagnement réel et effectif ? Il en est bien peu question dans les communications officielles du mouvement. HH ne remplit pleinement sa mission que s’il apporte ce supplément d’âme et de lien. Sinon, il est un bailleur social spécifique certes, inscrit dans l’humanisme, certes. Mais concrètement ? Mais quotidiennement ? Il semble nécessaire aujourd’hui de déclencher un mouvement d’ampleur, coordonné, où chacun accepte d’abandonner son pré carré et ses pouvoirs à la poursuite de l’idéal de respect et d’amour de l’autre, cet autre « moi ». Les associations et intervenants dans le mouvement social ne manquent pas. Salariés et bénévoles sont là. Mais la mise en commun ? Mais la coordination ? L’argent peut devenir « investissement solidaire », il est nécessaire. Mais il n’est qu’un moyen. S’il contribue à donner un abri à quelques uns il est un pas de plus, mais il n’apporte que ce qu’il peut apporter, un bien matériel. Pourquoi s’adresser essentiellement aux investisseurs ? Et sembler exclure -encore- ceux qui n’ont pas ces moyens-là ? Peut-être ai-je mal vu ou lu les publications. Vu avez une aura. HH est respecté. Sa voix est entendue. Pourquoi ne s’exprime-t-elle pas plus fortement s’agissant des ressources humaines à mobiliser, à organiser en une force qui pourrait aider comme vous le dites justement à accepter les mutations ? Les bonnes volontés ne manquent pas. Votre voix et l’action d’HH pourraient contribuer à les mobiliser fortement. La situation aujourd’hui exige -à mon avis- des actions innovantes, pour lesquelles l’immobilier et la finance ne viendraient qu’en appui. Si vous m’avez lue, je vous en remercie, comme je vous exprime ma gratitude pour avoir construit et conduit ce mouvement